
( AFP / DOMINIQUE FAGET )
Le groupe de médias espagnol Prisa a annoncé mardi une augmentation de son capital, avec l'émission de plus de 108 millions de nouvelles actions, sur fond de rumeurs sur une bataille pour le contrôle du géant, propriétaire notamment du quotidien El Pais.
Dans un communiqué, le groupe, qui possède également le quotidien sportif AS, les radios Cadena Ser (Espagne) et Radio Caracol (Colombie), et la société d'édition de livres scolaires Santillana, présente cette augmentation de capital comme un moyen de réduire sa dette.
En 2024, le groupe avait réduit cette dernière grâce à de bons résultats opérationnels, à 750 millions d'euros (-10%).
Cette annonce survient dans un contexte marqué par le combat que se mèneraient selon plusieurs médias, notamment français, deux groupes d'actionnaires pour le contrôle du groupe.
Selon Le Point, le ministre espagnol de la Transformation numérique Oscar Lopez et le patron du groupe Telefonica, tous deux proches du Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez, ont récemment rencontré à Paris Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi, actionnaire à hauteur de plus de 11% de Prisa.
L'objectif, selon l'hebdomadaire, aurait été de pousser Vivendi — faute de voir Havas, filiale du groupe, perdre le budget publicitaire de Telefonica — à vendre ses parts pour provoquer un changement à la tête de Prisa, aujourd'hui dirigé par le financier français Joseph Oughourlian, premier actionnaire via son fonds d'investissement Amber Capital.
M. Lopez a nié avoir voulu influer sur l'actionnariat du groupe, mais Joseph Oughourlian s'est fendu, deux jours après la publication de l'article du Point à la mi-mars, d'une virulente tribune dans El Pais.
"Il serait inacceptable que, alors que nous nous souvenons de la mort il y a déjà 50 ans du dictateur Francisco Franco, quelqu'un succombe à la tentation de tenter de s'approprier un média indépendant depuis un poste de pouvoir, soit directement, soit en utilisant une entreprise publique comme instrument", a lancé M. Oughourlian, visant sans le nommer M. Sánchez.
Interpellé par l'opposition devant les députés sur ce sujet, ce dernier n'avait pas répondu.
Selon plusieurs médias, les actionnaires proches du gouvernement de M. Sánchez souhaiteraient s'assurer du maintien d'El Pais sur une ligne proche du Parti socialiste et auraient aussi déploré l'échec d'un projet de chaîne de télévision, qui aurait eu pour objectif de contrebalancer l'influence des chaînes privées existantes réputées proches de la droite.
Ce projet avait été rejeté par le conseil d'administration de Prisa en février dernier, entraînant la démission du directeur général du groupe Carlos Nuñez.
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