
"Nous ne nous attendons pas, à l'heure actuelle, à ce que l'élection présidentielle produise des résultats susceptibles de marquer durablement les marchés." (Crédits photo : Flickr - Frédéric Bisson )
Par Stefan Kreuzkamp, Chef des Investissements chez DWS
Depuis environ un mois, les sondages d'Emmanuel Macron pour l'élection présidentielle de ce dimanche sont en baisse (à ~27% au premier tour), tandis que ceux de Marine Le Pen (extrême droite, ~22% maintenant) et de Jean-Luc Mélenchon (extrême gauche, ~16% maintenant) sont en hausse. Cette évolution n'a pas été bien accueillie par les marchés, et les investisseurs sont soudainement redevenus très préoccupés par la politique française, en particulier par Madame Le Pen.
Voici quelques points qui, à notre avis, justifient d'aborder l'élection avec une certaine sérénité, du moins pour l'instant :
1. Les sondages montrent simplement qu'Emmanuel Macron est revenu à peu près au niveau où se situaient ses scores pendant la majeure partie des deux dernières années. Il a désormais partiellement perdu l'avantage qu'il a pu acquérir au cours des dernières semaines en raison des périodes de guerre et de crise. Ses résultats sont donc revenus au niveau de début février, même s'il ne faut pas trop se fier à des écarts de quelques pourcentages en plus ou en moins.
2. Les élections présidentielles françaises ne sont pas très faciles à appréhender en termes de sondages en raison de leur déroulement (deux tours de scrutin), surtout lorsqu'il s'agit de combinaisons de second tour considérées comme improbables avant le premier tour. De plus, les résultats des sondages des différents instituts sont de qualité variable ; même les meilleurs sont sujets à des fluctuations (ce qui peut, en principe, être un argument en faveur d'une meilleure méthode).
3. Néanmoins, nous considérons comme une constante que Marine Le Pen n'a jamais obtenu la majorité dans les sondages pour le second tour, ce qui est conforme à l'expérience des autres tours, tant au niveau national que régional. Les candidats du Rassemblement national (RN) ont traditionnellement beaucoup de mal à remporter des seconds tours directs contre des candidats de centre-droit ou de centre-gauche, même sur un terrain d'entente.
4. En termes d'impact sur la politique économique, le RN d'aujourd'hui est susceptible d'avoir perdu une grande partie du potentiel de choc qui provenait du Front national (qui, par exemple, a fait campagne pour quitter l'euro).
5. Même si Madame Le Pen devait remporter la course, son pouvoir de décision dépendra fortement des élections législatives qui se tiendront en juin. Nous doutons d'une forte présence du RN, ainsi que des effectifs nécessaires pour remplir rapidement les institutions les plus importantes avec ses propres membres.
6. Nous considérerions comme un risque plus élevé, surtout en termes de prévisibilité, l'entrée au second tour de Jean-Luc Mélenchon. Pour cette combinaison, les sondages pour le second tour ne semblent pas très significatifs.
En résumé, nous ne nous attendons pas, à l'heure actuelle, à ce que l'élection présidentielle produise des résultats susceptibles de marquer durablement les marchés. Toutefois, l'élection peut donner des indices sur la façon dont la guerre en Ukraine et l'inflation en particulier pourraient devenir un enjeu majeur des élections européennes cette année. Les élections législatives du 24 avril en Slovénie constitueront un test particulièrement intéressant à cet égard.
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