Le président d'UBS s'est dit "fermement opposé" à un durcissement des règles concernant les capitaux que le géant bancaire devrait mettre de côté, affirmant que la Suisse doit rester "compétitive" quand le paysage économique est "clairement" en train de changer.

( AFP / FABRICE COFFRINI )
"Géopolitiquement, il y a clairement un basculement du multilatéralisme vers une priorité (donnée) aux intérêts nationaux", a déclaré Colm Kelleher devant ses actionnaires lors de l'assemblée générale annuelle de la banque à Lucerne, au centre de la Suisse.
Dans ce contexte, la Suisse doit donc veiller à ce que sa règlementation "reste compétitive" au niveau international, les banques en Suisse étant déjà soumises à des règles plus strictes.
Ajouter des finitions supplémentaires aux règles existantes, alors même que "les autres centres financiers sont en train d'assouplir leurs réglementations, nuirait à UBS, à la place financière suisse et l'économie au sens large", a insisté M. Kelleher.
En mars 2023, les autorités suisses avaient dû trouver une solution dans l'urgence pour éviter une faillite de Credit Suisse, alors la deuxième grande banque du pays, et avaient opté pour son rachat par UBS. Si cette fusion sous la contrainte avait permis de stabiliser la situation, ce rapprochement des deux plus grandes banques de Suisse a toutefois soulevé des inquiétudes quant au poids d'UBS par rapport à la taille de l'économie helvétique.
Un vif débat s'est donc engagé pour renforcer la réglementation afin de s'assurer que ce colosse bancaire aura les moyens d'affronter une éventuelle crise à l'avenir, entre autres en augmentant ses fonds propres.
- La "mauvaise leçon" -
Dans son discours, M. Kelleher s'est dit favorable à plusieurs propositions, dont des mesures ciblées pour renforcer la Finma, l'autorité de surveillance du secteur bancaire en Suisse.
"En apprenant des erreurs passées, nous devons prendre des mesures pour prévenir des crises futures", a-t-il argumenté. Mais "se concentrer sur les exigences en capital est la mauvaise leçon" à en tirer, selon lui.
Il s'est également dit défavorable à un "plafonnement des salaires" qui serait "dommageable" pour UBS, qui est en concurrence avec d'autres banques au niveau mondial pour attirer des talents.
Les rémunérations sont un des aspects au coeur du débat. En mars, des sénateurs ont voté en faveur d'une motion proposant de fixer un plafond pour les rémunérations dans les banques entre 3 et 5 millions de francs, allant à l'encontre de l'avis du gouvernement qui avait recommandé de la rejeter.
L'an passé, le gouvernement avait publié un rapport explorant les pistes pour renforcer la législation bancaire. Il s'était notamment intéressé à la possibilité de restituer les bonus en cas de mauvaise gestion, mais avait estimé qu'il n'est pas judicieux les limiter ou les interdire pour pouvoir attirer les collaborateurs les plus compétents.
Lors de l'assemblée générale, les actionnaires ont voté à 92,68% en faveur de la rémunération fixe de l'équipe de direction et à 89,71% pour la part variable. En tenant compte de ses bonus, la rémunération du directeur général, Sergio Ermotti, s'est montée à 14,9 millions de francs suisses (15,9 millions d'euros) en 2024, avait indiqué la banque dans son rapport annuel.
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