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La guerre entre la Russie et l'Ukraine accélère la transition vers les énergies renouvelables
information fournie par TRIBUNE LIBRE 11/05/2022 à 10:47

Amanda O'Toole, gérante actions chez AXA Investment Managers. (crédit photo : Tristan Newkey-Burden)

Amanda O'Toole, gérante actions chez AXA Investment Managers. (crédit photo : Tristan Newkey-Burden)

Par Amanda O'Toole, gérante actions chez AXA Investment Managers


La crise en Ukraine entraîne une forte réévaluation de la manière dont l'Europe produit et distribue son énergie. Environ 40 % du pétrole et 30 % du gaz consommés par les européens provenaient auparavant de la Russie, rendant de fait l'Europe vulnérable lorsque les approvisionnements ont été menacés. Les gouvernements européens ont dû reconnaitre que ce système d'approvisionnement était difficile à maintenir d'un point de vue éthique, mais qu'il créait également une réelle insécurité. Cette situation aura des conséquences majeures à long terme pour le secteur des énergies renouvelables, et ce, de trois manières principales.

Une accélération des objectifs de déploiement des énergies renouvelables

La crise a incité les gouvernements européens à étendre leurs engagements en faveur du développement des énergies renouvelables. Le Royaume-Uni, par exemple, a déclaré qu'il augmenterait ses objectifs de croissance en matière de capacité éolienne offshore à 50 gigawatts d'ici 2030, contre un peu plus de 10 gigawatts aujourd'hui . Il a également l'ambition de multiplier par cinq sa capacité solaire d'ici à 2035.

L'Allemagne a également accéléré l'adoption par son Parlement de la loi sur les sources d'énergie renouvelables. Elle prévoit d'accélérer rapidement l'expansion des énergies éolienne et solaire, en avançant son objectif de produire la quasi-totalité de l'électricité du pays à partir d'énergies renouvelables d'ici 15 ans, soit en 2035.

L'UE a pris des engagements similaires. À l'heure actuelle, un peu plus de 20 % de l'énergie produite en Europe provient de sources renouvelables. Le plan REPowerEU, annoncé en mars dernier, a pour objectif de rendre l'Europe indépendante des carburants fossiles russes d'ici à 2030, en « se lançant dans les énergies renouvelables à la vitesse de l'éclair » . Le Parlement européen fait également pression pour que la directive européenne sur les énergies renouvelables soit modifiée afin de porter à 45 %  l'objectif actuel de 40 % d'énergies renouvelables d'ici à 2030.

Il s'agit d'engagements significatifs. Outre les investissements directs dans la production d'énergies renouvelables, il sera également nécessaire d'investir dans le réseau et les infrastructures de distribution d'énergie, ainsi que dans les technologies intelligentes. Toutefois, ces engagements devraient être relativement indolores pour les gouvernements, car les énergies renouvelables sont économiquement viables sans subventions et, dans de nombreux cas, les entreprises disposent du capital nécessaire pour procéder aux changements requis ainsi que du soutien de leurs investisseurs.

Enfin, l'UE s'est d'ores et déjà engagée à alléger les formalités administratives liées à la planification et au raccordement au réseau d'énergie, un processus aujourd'hui lent et manuel. L'élimination de ces problèmes ne coûte rien aux décideurs politiques et devrait faciliter considérablement la transition vers des carburants plus durables.

Une accélération de l'hydrogène vert

L'hydrogène vert suscite moins d'attention que les autres énergies renouvelables, mais de plus en plus d'engagements en faveur de ce carburant voient le jour. Au Royaume-Uni, par exemple, l'objectif de capacité de production d'hydrogène à faible teneur en carbone à horizon 2030 a récemment doublé pour atteindre 10 gigawatts. Si l'hydrogène « gris » a toujours été beaucoup moins cher, la hausse des prix du gaz naturel dont il provient a rendu l'hydrogène vert plus compétitif. Il s'agit également d'une option beaucoup plus fiable et durable pour les gouvernements.

L'hydrogène vert présente également le plus grand potentiel parmi les technologies renouvelables en matière de stockage énergétique saisonnier. Cet aspect est d'une importance cruciale lorsque les gouvernements comptent sur les énergies renouvelables pour la production d'énergie de base. L'approvisionnement en énergies renouvelables pouvant être irrégulier, car dépendant du vent et du soleil, il est donc essentiel de développer des technologies qui permettent de les stocker de manière fiable.

Les décideurs politiques reconnaissent que la transition énergétique n'est pas négociable

Les décideurs politiques réalisent désormais qu'ils ne peuvent plus faire marche arrière sur la transition énergétique. Certains craignaient que les gouvernements européens ne se remettent à produire du charbon pour consolider leur approvisionnement énergétique à court terme. Bien qu'il y ait eu une augmentation de la production d'électricité liée au charbon, il semble que l'accélération de la transition vers les énergies renouvelables soit l'option retenue par tous, plutôt que de relancer la course vers les sources d'énergies fossiles traditionnelles.  Ainsi, on peut constater qu'aucun projet de construction de nouvelle centrale à charbon n'a été lancé par une entreprise européenne.

D'autres craignaient que l'UE ne se penche sur les bénéfices considérables réalisés par les entreprises du secteur de l'énergie et des services publics à la suite de la hausse des prix des produits de base et n'impose des taxes exceptionnelles. Cela ne s'est globalement pas produit, ce qui semble être un signe de prise de conscience que ces entreprises sont essentielles à la transition énergétique et ont besoin d'espace et de stabilité financière pour investir de manière appropriée.

La crise ukrainienne semble donc avoir contribué à inciter les responsables politiques à prendre les bonnes décisions concernant la durabilité à long terme de leur approvisionnement énergétique. Le résultat devrait être, à terme, un mix énergétique européen plus fiable et durable.

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