
hermes (crédit photo : Unsplash / Chi Lok Tsang )
Le groupe familial n'a pas échappé à la vague vendeuse qui a plombé les acteurs européens du luxe en Bourse. Il a pourtant affiché l'activité la plus dynamique au premier semestre parmi les sociétés du Cac 40.
La défiance envers les valeurs du luxe a été générale ces derniers mois en Europe. A des degrés divers selon les acteurs, mais le sellier du Faubourg Saint-Honoré n'y a pas échappé. Il a perdu plus de 20%depuis son dernier record à2.436€ le 21mars.
Est-ce à dire qu' Hermès finit par se «normaliser», selon le terme consacré depuis qu'est retombée la frénésie d'achats de luxe qui a suivi la pandémie? En partie seulement. Le groupe reste le mieux valorisé parmi ses pairs en Europe, se payant 40 fois ses profits 2025ou 16 fois le chiffre d'affaires de13,4milliards d'euros réalisé en 2023, montant pourtant très inférieur aux 86milliards de LVMH et aux 41milliards de L'Oréal, numéros un mondiaux du luxe pour l'un, de la beauté pour l'autre.
Ventes en hausse de 15%
Mais Hermès est resté très véloce dans un marché qui s'est retourné au premier semestre privé du puissant moteur qu'était la Chine avant que la crise de l'immobilier, trois ans de baisse de la Bourse et le chômage des jeunes ne minent le moral des consommateurs.
Le sellier a annoncé le 25juillet, pour les six premiers mois de 2024, une augmentation de 15,1% de son chiffre d'affaires à devises constantes (à 7,5milliards d'euros), soit la plus forte croissance interne du semestre pour une entreprise du Cac40. Pour autant, l'activité du français n'a pas été totalement imperméable au ralentissement, avec une progression ramenée à 13,3% au deuxième trimestre (à change constant), après un rythme de 17% au premier et de 21% en 2023.
D'où vient ce dynamisme tout-temps de la maison fondée en 1837? «C'est comme dans la finance, a fait remarquer l'ancien banquier qu'est Axel Dumas, le gérant du groupe, lors de la publication des résultats semestriels fin juillet. Quand les temps sont plus durs, il y a une fuite vers la qualité.»
Hermès est réputé pour son luxe sobre et intemporel, apprécié d'acheteurs fortunés jusqu'en Chine. Le groupe y a séduit «une clientèle sophistiquée, qui recherche des produits de qualité, sans logo». Partout dans le monde, «nous avons une structure de clientèle très solide, très locale», s'est, une fois de plus, félicité le dirigeant, pour justifier la résistance de la marque aux crises.
Trésorerie nette de 10 milliards
Cet atout porte des métiers comme les Bijoux et surtout la Maroquinerie, qui représente 43% du chiffre d'affaires et s'est affichée en croissance de 18% aupremier semestre. Ce rythme devrait «ralentir» à 14%-15% surl'année, seul objectif chiffré donné par la direction, qui prévoit encore cette année un effet prix de8% à 9% et une augmentation des capacités de 6% à 7%.
Le groupe inaugure un atelier demaroquinerie par an en France, recrutant et formant pour chacun environ 250artisans. Le dernierouvre durant ce mois de septembre dans l'ancienne manufacture de tabac de la Seita à Riom (Puy-de-Dôme).
Plus généralement, Hermès, riche d'une trésorerie nette de 10milliards d'euros, ne mégote pas surses investissements «qui vont s'accélérer au second semestre», a promis Eric du Halgouët, le directeur général chargé des finances. Les investissements opérationnels vont atteindre le milliard d'euros cette année (contre 859millions en 2023) et «les dépenses de communication, 650millions». Sont annoncés pour le second semestre les agrandissements des magasins de Lille, Atlanta ou Shenzhen et le lancement d'un nouveau parfum féminin. Quand d'autres s'inquiètent de l'absence de reprise en Chine, «nous attaquons le second semestre avec confiance», indique Axel Dumas.
Hermès a encore confirmé sa solidité à presque toute épreuve au premier semestre et s'est montré confiant pour le second. Sa valorisation reste toutefois exigeante. Conserver en portefeuille cette belle valeur.
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