PARIS, 26 juin (Reuters) - Le dollar, reparti à la baisse depuis la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale, rebondit au lendemain des propos de responsables monétaires américains tempérant les espoirs d'un assouplissement et ignore les appels du président des Etats-Unis en faveur de son affaiblissement. L'indice mesurant l'évolution du dollar contre un panier des principales devises .DXY avait renoué avec une baisse amorcée fin mai mais interrompue le 10 juin, notamment après de premières indications sur un possible nouvel assouplissement de sa politique monétaire par la banque centrale européenne. La devise américaine n'avait toutefois que très faiblement réagi au retournement des anticipations de marché sur les taux directeurs américains dès l'automne 2018, au moins jusqu'à la réunion de politique monétaire des 18 et 19 juin. Pour les analystes de Commerzbank, l'affaiblissement tardif du dollar et sa mise en phase avec les anticipations de taux s'expliquent par un changement d'interprétation des investisseurs sur les motifs susceptibles de conduire à un assouplissement monétaire. "Pendant un long moment, l'essoufflement attendu de la croissance, les craintes de récession et la faiblesse de l'inflation ont été les raisons avancées pour justifier les anticipations de baisse de taux", relèvent-ils. Ils ajoutent que dans cette interprétation, la Fed serait sous la domination des marchés, la croissance de l'économie et la situation du marché de l'emploi restant solides même si elles donnent des signes de ralentissement. "Une autre raison doit maintenant être ajoutée à la liste: une reddition de la Fed aux exigences de la Maison blanche", poursuivent-ils, en référence aux appels répétés du président américain Donald Trump en faveur d'une baisse des taux et d'un affaiblissement du dollar qui permettraient à la fois, selon lui, de prolonger une reprise américaine menacée et de contribuer aux rééquilibrage des échanges entre les Etats-Unis et leurs principaux partenaires commerciaux. "Il importe peu de savoir combien d'intervenants de marché pensent cela, ce qui importe c'est de savoir combien sont ceux qui pensent que tous les autres pourraient le penser, et ce nombre pourrait augmenter rapidement car la Fed préfère éluder plutôt que d'aller franchement au conflit." Et d'ajouter : "Comme le président américain a souligné une fois de plus ce week-end que, selon son interprétation de la législation, il aurait la possibilité de remplacer le président de la Fed quand cela lui chanterait, cela peut être un motif pour justifier une poursuite de l'affaiblissement du dollar." La défense de l'indépendance de la Fed par son président Jerome Powell mardi, de manière beaucoup plus explicite que par le passé, peut aussi avoir contribué au regain du dollar. Donald Trump lui a répliqué mercredi en réclamant à nouveau une baisse des taux de la Fed et en accusant Jerome Powell de faire du "mauvais travail". L8N23X4CQ Les appels de Trump à la dépréciation de la devise américaine, encore relayés la veille par un haut responsable de son administration, semblent toutefois avoir une efficacité décroissante. "Au début de son mandat, cela a donné de bons résultats mais il semble que les effets vont en diminuant", notent Michelle Meyer et Ben Randol de Bank of America Merrill Lynch. Mesurant la variation quotidienne de l'"indice dollar" après les prises de positions de Donald Trump ou de membres de son administration en faveur d'une baisse du dollar, ils montrent qu'elle n'a cessé de s'étioler quand elle n'a pas produit un effet inverse. "Cela s'explique probablement par le fait que le dollar a été sur une trajectoire de hausse continue", ajoutent-ils. Cette appréciation de la devise américaine peut s'expliquer en partie par son rôle de valeur refuge alors que les décisions ou les menaces de Washington ont pu contribuer à accentuer l'incertitude des politiques économiques, à laquelle l'indice du dollar est étroitement corrélé. Si Donald Trump a clairement indiqué qu'il pourrait remplacer un président de la Fed allant à l'encontre de ses souhaits en matière de politique monétaire, les analystes de Merrill Lynch n'excluent pas que les rendements décroissants des interventions verbales sur le change ne finissent par déboucher sur des interventions plus concrètes. "Si l'intervention verbale n'est plus une option, le risque est que l'attention se porte sur des interventions formelles sur les changes sous le prétexte d'une stabilisation du dollar", écrivent-ils. "Ce n'est pas notre scénario central mais la probabilité augmente." Sources : *Why does USD weakness come so late. Daily Currency Briefing. 24 juin 2019 et USD: What does Powell want ? Daily Currency Briefing. 26 juin 2019. Commerzbank *How badly do you want a weak dollar ? Liquid Insight. Bank of America Merrill Lynch. 21 juin. <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ L'indice DXY du dollar depuis début avril https://tmsnrt.rs/2FzfMNP Indice DXY du dollar et anticipations de baisse de taux de la Fed https://tmsnrt.rs/2ZPiUx0 Indice DXY du dollar et Indice mondial d'incertitude des politiques économiques https://tmsnrt.rs/2FAcuKj Variations journalières de l'indice DXY aux interventions verbales de Trump et de son équipe https://tmsnrt.rs/2FAmvHp ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (Marc Joanny, édité par Marc Angrand)
GRAPHES-Le dollar cherche sa voie entre Powell et Trump
information fournie par Reuters 26/06/2019 à 16:17
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