(AOF) - Figurant parmi les plus fortes hausses du SBF 120, Eramet (3,08% à 91,95 euros) prolonge sa hausse de fin de semaine. Le groupe minier est soutenu par une note de Stifel qui a initié le suivi de la valeur à l'"Achat" avec un objectif de cours de 140 euros. "Mal géré pendant des années, le groupe bénéficie aujourd'hui d'une forte dynamique de croissance", estime le broker, ajoutant qu'au cours des dernières années, Eramet a doublé sa production de minerai de manganèse et a participé au développement du gisement mondial de minerai de manganèse.
Eramet prévoit de lancer l'année prochaine un important projet de production de lithium en Argentine.
Dans le manganèse (55% du chiffre d'affaires), Eramet exploite au Gabon la plus grande mine à haute teneur du monde.
Dans le nickel (35 % du chiffre d'affaires), le groupe est l'opérateur historique de l'usine de ferronickel en Nouvelle-Calédonie, territoire français d'outre-mer. Surtout, Eramet détient un intérêt économique de 38,7% dans la mine de Weda Bay en Indonésie.
Le groupe a opéré un redressement spectaculaire sous l'impulsion de son nouveau PDG arrivé en 2017. Désormais rentable (ROCE de 30% en 2022) et peu endetté (Gearing de 15%), Eramet est sur une trajectoire de très forte croissance depuis le début des années 2020.
"La croissance du groupe devrait également se poursuivre au-delà de 2025, grâce notamment au démarrage d'un projet de lithium en Argentine", ajoute Stifel.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Producteur, créé en 1880, de minerais et métaux d'alliages, puissant dans le minerai de manganèse et le ferronickel (1er mondial), dans le zircon et les matières titanifères (4ème mondial) ;
- Chiffre d’affaires de 3,7 Mds€, réparti en 2 pôles : 81 % pour les mines et métaux et 29 % pour les alliages et alliages à haute performances ;
- Ventes réalisées en Asie pour 45 %, Europe (31 %) et Amérique du nord (19 %),
- Modèle d'affaires :fondé sur la valorisation des métaux et minéraux essentiels au développement économique (manganèse, nickel, sables minéralisés) et à la transition énergétique (lithuium, sels de nickel/cobalt, recyclage des batteries) ;
- Capital contrôlé de concert à 62,51 % par l’Agence des participations de l’Etat français (25,57%), par la STCPI (4 %, Société Territoriale Calédonienne de Participation Industrielle, détenue par les provinces néo-calédoniennes) et par la famille Duval (36,94 %), Cristel Bories étant PDG du conseil d'administration de 18 membres ;
- Bilan assaini avec un effet de levier de la dette de 4 et 1,3 Md€ de capitaux propres.
Enjeux
- Stratégie de transformation managériale et numérique en 3 points :
- repositionner les actifs les moins performants,
- croître dans les métiers attractifs -minerais de manganèse et sables minéralisés,
- élargir le portefeuille dans les métaux pour la transformation énergétique -sels de nickel et de cobalt et recyclage des piles ion-lithium;
- Stratégie d'innovation portée par le centre IDEAS à Trappes, doté de 35 M€ :
- déployée en interne via la Data Factory : mines et industrie 4.0 (pilotage par data, production additive, robotisation, IoT, intelligence artificielle...) et dématérialisation des flux de ventes... ,
- renforcée par les partenariats scientifiques et les projets européens ;
- Stratégie environnementale :
- réduction de 40 % des émissions de CO2 en 2035 via le recours à la R&D, notamment dans la décarbonation de la production métallurgique,
- réhabilitation des sites miniers (dont la gestion sécuritaire des résidus),
- économie circulaire et protection des ressources en eau et de la qualité de l’air ;
- Portefeuille de ressources de classe mondiale : manganèse (Moanda au Gabon), nickel (Nouvelle-Calédonie et Weda Bay en Indonésie), sables minéralisés (Sénégal) et carbonate de lithium (Argentine) ;
- Résultat des travaux d’exploration des réserves de rutile (métal utilisé dans la production de titane) au Cameroun et recherches en cours dans le sous-sol français de métropole ;
- Projets de nickel-cobalt pour batteries, notamment à Weda Bay, et de recyclage de batteries, en France.
Défis
- Sensibilité aux risques politique en Nouvelle Calédonie et géopolitique au Gabon et au Sénégal ;
- Inflation des prix de l’énergie (consommation couverte à 80 % sur le long terme), du fret et du coke et des entrants: optimisation des usines électrointensives et hausse de la productivité ;
- Retards dans la mise en œuvre du plan de sauvetage du site néo-calédonien de nickel ;
- Fin d’année marquée par un recul de la demande pour alliages de manganèse et de leur prix de vente, par une inflexion des prix de vente du minerai de nickel et des sables minéralisés ;
- Après une hausse de 61 % des ventes à fin septembre, objectif 2022 révisé légèrement en baisse : hausse de la production, dont 7,5 Mt de manganèse au Gabon, 16 Mt de nickel en Indonésie et 3 Mt exportés de Nouvelle-Calédonie, d’où un bénéfice opérationnel autour de 1,5 Md€.
Une transition écologique qui porte les prix des métaux
La transition écologique tire la demande et suscite la hausse des prix. Ainsi les prix du lithium ont bondi de 100 % l'an dernier, soutenus par les ventes de voitures électriques. Les besoins de métaux tels que l'aluminium, le cuivre, le graphite, ou le nickel devraient s'envoler d'ici à 2050. La guerre en Ukraine a renforcé la progression des prix car la Russie est un producteur important de matières premières minérales, en particulier d'aluminium, de palladium, de nickel et de titane. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a récemment alerté sur le risque de pénurie de plusieurs métaux nécessaires à la transition énergétique. L'Europe s'est mobilisée sur les métaux stratégiques avec l'objectif de renforcer sa souveraineté.
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