Aller au contenu principal
Fermer

ENCADRÉ-Les grands enjeux d'un accord de paix en Ukraine
information fournie par Reuters 02/12/2025 à 16:13

par Guy Faulconbridge et Olena Harmash

L'envoyé spécial de la Maison blanche, Steve Witkoff, était à Moscou mardi pour s'entretenir avec le président russe Vladimir Poutine au sujet d'un éventuel accord visant à mettre fin à la guerre en Ukraine.

Un plan de paix en 28 points élaboré par les Etats-Unis a été dévoilé la semaine dernière, mais les Européens ont depuis formulé des contre-propositions et des responsables américains et ukrainiens se sont entretenus à Genève et en Floride, sans fournir de détails sur leurs discussions.

Voici un tour d'horizon des grands enjeux que devrait régler un accord de paix entre la Russie et l'Ukraine.

LA RÉPARTITION DES TERRITOIRES

La Russie, qui a déclenché la guerre en février 2022, contrôle environ 116.000 km2, soit plus de 19% du territoire ukrainien, selon l'armée russe.

Cela ne représente qu'un point de pourcentage de plus qu'il y a deux ans, mais les forces russes ont progressé cette année à un rythme sans précédent depuis 2022, selon des cartes pro-ukrainiennes. Kyiv affirme que les gains se sont accompagnés de lourdes pertes pour Moscou, qui fait au contraire état d'un coût humain élevé pour son adversaire.

La Russie affirme que la Crimée, qu'elle a annexée en 2014, de même que les régions de Donetsk et de Louhansk - qui forment ensemble le Donbass - et celles de Zaporijjia et de Kherson, font désormais légalement partie de son territoire.

Selon les Nations unies, ces annexions sont illégales au regard du droit et ne sont pas reconnues par la majeure partie de la communauté internationale.

La Russie occupe également des parties d'autres régions ukrainiennes, notamment Kharkiv, Soumy, Mykolaïv et Dnipropetrovsk, mais n'a pas atteint son objectif de contrôler l'ensemble de la région du Donbass.

Selon la proposition américaine en 28 points, l'Ukraine serait obligée de se retirer des zones fortement fortifiées du Donbass qu'elle contrôle - représentant environ 5.000 km² - et la région deviendrait une zone tampon neutre et démilitarisée, internationalement reconnue comme un territoire russe.

La Crimée, Louhansk et Donetsk seraient aussi reconnues comme russes de facto, y compris par les États-Unis, de même que les gains de Moscou dans les régions de Zaporijjia et Kherson, jusqu'à la ligne de front.

Selon la contre-proposition des puissances européennes, qui considèrent le projet initial des États-Unis comme fortement pro-russe, l'Ukraine s'engagerait à ne pas récupérer par la force les territoires contrôlés par Moscou.

Une nouvelle série de propositions a ensuite été examinée par les responsables américains et ukrainiens et Volodimir Zelensky a déclaré que les discussions en Floride avaient permis d'"affiner" l'accord-cadre élaboré à Genève.

Le président ukrainien a admis que certaines zones occupées par la Russie pourraient être reconnues de facto comme temporairement occupées, mais il a écarté toute reconnaissance de droit et exclu de céder des territoires, faisant valoir qu'il n'avait pas le mandat pour le faire et exhortant les alliés occidentaux de Kyiv à ne pas récompenser Moscou.

LA QUESTION DE L'OTAN

Pour mettre fin à la guerre, Vladimir Poutine exige que les dirigeants occidentaux s'engagent par écrit à ne plus élargir l'Otan, l'alliance militaire dirigée par les États-Unis, en direction de l'Est. Les responsables russes mettent en avant une assurance en ce sens donnée par le secrétaire d'État américain James Baker au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev en 1990.

La proposition de paix initiale des États-Unis prévoyait que l'Otan cesse de s'élargir, que l'Ukraine inscrive dans sa Constitution sa non-adhésion à l'Alliance transatlantique et que celle-ci inclue elle-même dans ses statuts une disposition écartant toute intégration future du pays.

Selon ce plan, l'Ukraine bénéficierait en revanche d'un accès préférentiel à court terme au marché européen pendant que sa demande d'adhésion à l'Union européenne (UE) serait examinée.

La contre-proposition européenne a considérablement modifié les clauses du projet américain en stipulant que l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan dépendrait d'un consensus entre les membres de l'alliance.

En 2008, les dirigeants de celle-ci ont décidé que l'Ukraine et la Géorgie deviendraient un jour membres de l'organisation et, en 2018, le Parlement ukrainien a approuvé l'inscription de l'objectif d'adhésion à l'Otan dans la constitution du pays.

Donald Trump a déclaré que le soutien antérieur des États-Unis à une candidature de l'Ukraine à l'Otan était l'une des causes de la guerre et que Kyiv n'obtiendrait pas de droit d'adhésion.

L'Otan déclare pour sa part qu'il appartient à chaque pays de décider s'il souhaite ou non adhérer à l'alliance.

LES GARANTIES DE SÉCURITÉ

Kyiv dit avoir besoin de solides garanties de sécurité pour éviter une nouvelle attaque russe, tandis que Moscou exige que la taille de l'armée ukrainienne soit limitée et que l'Ukraine elle-même soit neutre.

Les États-Unis se méfient d'une garantie de sécurité qui pourrait entraîner l'Occident dans une guerre future entre l'Otan et la Russie au sujet de l'Ukraine.

L'Ukraine et ses alliés européens avancent toutefois qu'il n'est pas possible de se fier aux garanties fournies par Moscou et qu'une neutralité de l'Ukraine exposerait l'Europe dans son ensemble.

La Russie dit au contraire que l'Ukraine et les puissances européennes ne sont pas dignes de confiance et a demandé que la protection des russophones et des croyants orthodoxes soit assurée.

Kyiv exclut de limiter ses forces armées et affirme que les russophones bénéficient déjà de toutes les protections nécessaires, faisant valoir que la langue maternelle de Volodimir Zelensky est le russe, qu'il utilise fréquemment.

LES AVOIRS RUSSES GELÉS

La proposition initiale de Washington prévoit que la Russie, qui fait l'objet de sanctions occidentales, serait réintégrée dans l'économie mondiale et invitée à faire partie du G8, alors que l'adhésion formelle de Moscou au groupe a été suspendue en 2014 après l'annexion de la Crimée.

Dans leur plan, les Etats-Unis ont prévu de conclure un accord de long terme avec la Russie pour développer "l'énergie, les ressources naturelles, les infrastructures, l'intelligence artificielle, les centres de données, les projets d'extraction de métaux rares dans l'Arctique et d'autres opportunités d'entreprise mutuellement bénéfiques".

Les dirigeants de l'UE tentent de leur côté de se mettre d'accord sur un plan visant à utiliser les actifs russes gelés détenus en Europe comme base d'un prêt de 140 milliards d'euros à l'Ukraine, démarche que Moscou juge illégale.

LE NUCLÉAIRE, LES ACCORDS ÉCONOMIQUES ET LES ÉLECTIONS

Un plan de paix pourrait impliquer que la Russie et les États-Unis acceptent de reprendre leurs pourparlers sur le contrôle des armes nucléaires stratégiques, tandis que le sort de la centrale nucléaire de Zaporijjia, située sur le territoire ukrainien contrôlé par la Russie, demeure incertain.

Des médias ont en outre spéculé sur le fait que Moscou pourrait proposer aux entreprises américaines des participations dans son vaste secteur des ressources naturelles.

Washington a émis l'hypothèse d'organiser des élections en Ukraine, Vladimir Poutine ayant déclaré que les dirigeants de Kyiv avaient perdu tout légitimité après avoir refusé d'organiser un scrutin à l'issue du mandat de Volodimir Zelensky.

Kyiv avance pour sa part qu'elle ne peut pas organiser d'élections en étant soumise à la loi martiale et en défendant son territoire contre la Russie.

(Reportage Guy Faulconbridge à Moscou et Olena Harmash à Kyiv, avec Andrew Gray à Bruxelles, version française Benjamin Mallet)

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • L'écran d'un téléphone affiche différentes applications, à Bruxelles, le 12 février 2023 ( AFP / Kenzo TRIBOUILLARD )
    information fournie par AFP 17.12.2025 05:41 

    Les Etats-Unis ont menacé mardi l'Union européenne (UE) et ses pays membres de représailles s'ils ne revenaient pas sur leur régulation "discriminatoire" du secteur numérique, qui vise selon Washington à "restreindre, limiter et décourager" l'activité des entreprises ... Lire la suite

  • Des militaires américains sur le pont du navire d'assaut amphibie USS Iwo Jima, le 16 décembre 2025 à Porto Rico ( AFP / Miguel J. Rodriguez Carrillo )
    information fournie par AFP 17.12.2025 05:34 

    Le président américain Donald Trump a annoncé mardi un "blocus total" contre les pétroliers sous sanctions se rendant ou partant du Venezuela, renforçant la pression économique sur Caracas en pleine crise entre les deux pays. "Aujourd'hui, j'ordonne un blocus total ... Lire la suite

  • Des membres du syndicat CGT manifestent devant l'entrée du Louvre, à Paris, le 15 décembre 2025 ( AFP / Blanca CRUZ )
    information fournie par AFP 17.12.2025 05:25 

    AG à enjeu au Louvre: les salariés se réunissent mercredi matin pour reconduire ou non la grève qui a empêché le musée d'ouvrir lundi, nouvelle épreuve pour un établissement en crise dont la présidente est réentendue en fin de journée au Sénat sur les failles de ... Lire la suite

  • Top 5 IA du 16/12/2025
    information fournie par Libertify 17.12.2025 05:00 

    Au programme ce matin : Air France KLM , Aperam , Tesla , TotalEnergies , Viridien . Chaque matin à 7 heures, retrouvez le top 5 vidéo des valeurs sélectionnées par Libertify grâce à l'intelligence artificielle. Un point synthétique en images sur les titres qui ... Lire la suite

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.
Chargement...