LONDRES, 3 septembre (Reuters) - Les députés britanniques hostiles à une sortie sans accord de l'Union européenne ont fait adopter mardi à la Chambre des Communes une motion pour empêcher une telle issue, ce qui pourrait amener Boris Johnson à convoquer des élections anticipées le 14 octobre. Les députés se sont prononcés par 328 voix contre 301 en faveur de ce texte présenté dès la reprise des travaux parlementaires par l'opposition et des frondeurs du Parti conservateur, en dépit des menaces d'exclusion. Il leur permettra de contrôler l'ordre du jour et de présenter mercredi une proposition de loi pour contraindre le Premier ministre à demander un report de la sortie de l'UE jusqu'au 31 janvier 2020, à moins qu'un accord soit approuvé d'ici là par le Parlement ou qu'il accepte le principe d'une sortie sans accord. "C'est la dernière chance pour le Parlement d'empêcher une sortie sans accord le 31 octobre", a souligné le député Oliver Letwin, à l'origine de ce bras de fer sans précédent avec l'exécutif. --- Les principaux développements de la journée: --- 23h20 - LA MOTION DES ADVERSAIRES DU NO DEAL ADOPÉE La motion déposée mardi au Parlement britannique par les opposants à une sortie sans accord de l'Union européenne est adoptée par 328 voix contre 301. 19h40 - John Bercow, président de la Chambre des communes, approuve l'ouverture d'un débat d'urgence sur le Brexit à la demande d'un groupe de députés hostiles à un "no deal". Les députés à l'origine de la démarche souhaitent présenter mercredi une proposition de loi pour contraindre Boris Johnson à reporter la sortie de l'UE. 18h10 - CE SERA UN VOTE DE CONFIANCE, PRÉCISE DOWNING STREET Le vote sur la motion des opposants de Boris Johnson sera un vote de confiance, précise le porte-parole du dirigeant conservateur. Si la motion est adoptée, la parole sera donnée aux électeurs britanniques par le biais d'élections anticipées et il leur appartiendra de trancher. "Le Premier ministre a été très clair: si les parlementaires votent ce soir et ruinent la position de négociation du Royaume-Uni pour donner le pouvoir à l'opposition, alors l'étape suivante pour le Premier ministre sera logiquement, même s'il n'en veut pas, d'aller à des élections", a-t-il dit. "Les électeurs britanniques décideront alors qui ira à Bruxelles pour prendre la décision", a-t-il ajouté. Le porte-parole de Johnson a réaffirmé que les députés conservateurs rebelles perdraient l'investiture du parti Tory. Prié de dire si le gouvernement avait toujours une majorité à la Chambre, il a seulement répondu que Johnson était toujours le Premier ministre. --- 16h40 - JOHNSON EXHORTE LA CHAMBRE DES COMMUNES À REJETER LA MOTION DE SES OPPOSANTS; CORBYN RÉPLIQUE Boris Johnson a exhorté la Chambre des communes à rejeter l'initiative des parlementaires hostiles à un Brexit sans accord qui tentent d'éviter un "No Deal" le 31 octobre prochain, affirmant que leur succès "ruinerait" toute chance de parvenir à un nouvel accord avec les Européens. S'exprimant à l'assemblée lors d'une séance houleuse, le Premier ministre britannique a affirmé qu'une "véritable dynamique" s'était enclenchée depuis le récent sommet du G7 dans ses discussions avec les Européens et a ajouté qu'il était confiant dans la possibilité de conclure un nouvel accord sur le Brexit lors du conseil européen des 17 et 18 octobre prochain. Il a répété que si la Chambre des communes votait la proposition de loi de ses adversaires, elle ruinerait la capacité de négociation de Londres: "Si cela se produit, tous les progrès que nous avons enregistrés n'auront servi à rien, cela détruira toute chance de négociation", a-t-il dit. Jeremy Corbyn, le dirigeant du Parti travailliste, première force de l'opposition, a répliqué que le gouvernement Johnson n'avait "ni mandat, ni morale, ni majorité". Pour le chef de file du Labour, il est de plus en plus évident que le gouvernement britannique veut quitter l'Union européenne sans accord. --- 16h40 - UN DÉPUTÉ CONSERVATEUR FAIT SÉCESSION, JOHNSON N'A PLUS DE MAJORITÉ Juste avant le discours de Johnson, le député conservateur Phillip Lee quitte les bancs du parti Tory à la Chambre des communes et va s'asseoir au milieu des élus du LibDem, le parti libéral démocrate opposé au Brexit. Son geste prive Boris Johnson de sa majorité à la Chambre. "Je suis arrivé à la conclusion qu'il n'est pas possible de servir les intérêts de mes électeurs et de mon pays en tant qu'élu conservateur du Parlement", explique-t-il dans un communiqué. "Ce gouvernement conservateur recherche de façon agressive un Brexit destructeur avec des moyens peu scrupuleux. Il met inutilement en danger des vies et des existences et menace sans raison l'intégrité du Royaume-Uni", ajoute-t-il. --- 14h10 - JEREMY CORBYN CONFIANT ET PRÊT À DES ÉLECTIONS Jeremy Corbyn, le dirigeant de l'opposition travailliste, estime qu'il dispose de suffisamment de voix pour repousser la date du Brexit et se dit prêt à l'éventualité d'élections anticipées. Le chef du Labour s'exprimait à l'issue d'une réunion avec les représentants d'autres partis hostiles à la perspective d'un divorce sans accord. Cette réunion, a-t-il dit, s'est très bien passée. "Nous espérons oeuvrer ensemble pour empêcher un 'No Deal'." Il s'est également dit prêt à retourner aux urnes. "Nous voulons des élections générales, à l'instar de tous les autres partis", a dit le dirigeant du Labour. "La priorité est d'empêcher une sortie sans accord de l'UE le 31 octobre et nous verrons ce qui se passera après." --- 12h41 - LES OPPOSANTS ONT DÉPOSÉ LEUR MOTION Les parlementaires hostiles à un Brexit sans accord, issus des rangs de partis d'opposition mais aussi du Parti conservateur de Johnson, ont soumis leur motion réclamant un débat en urgence sur le retrait de l'Union européenne. Le Speaker (président) de la Chambre des communes, John Bercow, doit se prononcer plus tard dans la journée sur l'opportunité d'y donner suite. "Si le débat se tient aujourd'hui, il pourrait durer le temps fixé par le 'Speaker' ou au plus tard jusqu'à 22h00 (GMT)", précise l'assemblée. Cette motion est la première lame de l'initiative des parlementaires. Elle doit leur permettre de prendre mercredi le contrôle de l'ordre du jour de la Chambre des communes et de tenter de faire voter par la suite une proposition de loi censée empêcher une sortie sans accord le 31 octobre prochain. ENCADRE L'initiative parlementaire contre un Brexit sans accord --- 12h15 - POUR LA COMMISSION, UN "NO DEAL" EST UNE "POSSIBILITÉ TRÈS CLAIRE" La porte-parole de la Commission européenne, Mina Andreeva, note lors de son point de presse que Bruxelles considère que la perspective d'un divorce sans accord est une "possibilité très claire". "Notre hypothèse de travail, c'est qu'il y aura un Brexit le 31 octobre", dit-elle. --- 9h45 - FARAGE N'A PAS CONFIANCE EN JOHNSON Boris Johnson n'a aucunement l'intention de faire sortir la Grande-Bretagne de l'Union européenne, a déclaré mardi Nigel Farage, le chef de file du parti anti-européen Brexit Party, si bien qu'il est difficile d'imaginer une alliance électorale avec les conservateurs, a-t-il ajouté. "Bien sûr, si Boris Johnson dit que nous allons partir, nous aurons une rupture nette (...), alors nous, le Brexit Party mettrons le pays avant le parti et dirons à monsieur Johnson que nous voulons l'aider autant que nous le pouvons. "Mais je crains que ce ne soit pas ce que souhaite le Premier ministre et il a été très clair là-dessus hier à Downing Street. Ce qu'il souhaite, c'est relancer l'accord de retrait de madame May." --- 9h10 - HAMMOND PENSE QUE JOHNSON PEUT ÊTRE DÉSAVOUÉ Philip Hammond, ancien ministre des Finances, est persuadé que l'alliance de circonstance, regroupant partis de l'opposition et députés conservateurs hostiles à la politique européenne de Johnson, peut prévaloir à la Chambre des communes. L'ancien chancelier de l'Échiquier a annoncé qu'il soutiendrait un texte susceptible de repousser la date du Brexit et de mettre en échec la volonté du Premier ministre de faire sortir le Royaume-Uni de l'Union européenne le 31 octobre. "Je pense que le compte y sera", a-t-il dit au micro de la BBC. "De nombreux collègues ont été ulcérés par certaines actions annoncées la semaine dernière", a-t-il ajouté en allusion à la décision de Boris Johnson de suspendre le Parlement à compter de la semaine prochaine et jusqu'au 14 octobre. "Je pense qu'il existe un groupe de conservateurs qui sont désormais convaincus que le moment est venu de faire passer l'intérêt de la nation avant les menaces pesant personnellement contre nous ou contre nos carrières." Boris Johnson a prévenu les élus conservateurs qui s'apprêtent à mêler leur voix à celles de ses opposants qu'ils seraient exclus des rangs du Parti Tory. (Bureau de Londres)
EN DIRECT-Bras de fer aux Communes, où Johnson a perdu sa majorité
information fournie par Reuters 03/09/2019 à 23:46
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