
( AFP / BEN STANSALL )
Le géant pharmaceutique britannique GSK, plombé l'an dernier par les coûteuses retombées juridiques d'un litige sanitaire autour d'un ancien médicament, a vu ses ventes dopées par ses traitements contre le cancer, qui donnent un coup de fouet à ses prévisions de croissance.
Son chiffre d'affaires a progressé de 3% en 2024, à 31,4 milliards de livres (38 milliards d'euros), avec une hausse particulièrement marquée en oncologie (traitements contre le cancer), dont les ventes se sont envolées de 93% sur un an, selon un communiqué.
Mais son bénéfice net a été divisé par deux, à 2,6 milliards de livres, en raison "principalement d'une charge de 1,8 milliard de livres liée au règlement" de litiges aux Etats-Unis liés au Zantac, un médicament contre les brûlures d'estomac, accusé d'avoir provoqué des cancers - ce dont se défend le groupe.
Le laboratoire s'attend à voir son chiffre d'affaires monter davantage cette année. "Nous avons encore amélioré nos perspectives à long terme, avec des ventes de plus de 40 milliards de livres" (48 milliards d'euros) attendues d'ici 2031, a fait valoir mercredi la directrice générale Emma Walmsley.
Le groupe a annoncé mercredi de généreuses redistributions à ses actionnaires, avec une hausse de son dividende pour 2024 et un programme de rachat d'actions de 2 milliards de livres (2,4 milliards d'euros). Il prévoit une nouvelle augmentation de son dividende cette année.
- La Bourse ravie -
"Il s’agit du plus gros rachat d'action effectué par GSK depuis 2013, ce qui est significatif et suggère que l’entreprise estime être en bonne santé financière", commente Russ Mould analyste chez AJ Bell.
Ces annonces font s'envoler de plus 6% le laboratoire à la Bourse de Londres mercredi -ce qui ne suffit pas à repêcher un cours en baisse de quelque 12% sur un an.
Le groupe compte augmenter ses investissements et mettre la priorité sur la recherche et le développement "de nouveaux médicaments prometteurs" dans les domaines respiratoire, de l'immunologie et de l'inflammation, mais aussi du traitement du cancer ou du VIH.
GSK a multiplié les acquisitions dans les médicaments spécialisés ces dernières années. Dernière en date, le rachat en janvier de la société biopharmaceutique américaine IDRx, spécialisée dans les cancers gastro-intestinaux, pour 1,15 milliard de dollars.
Son chiffre d'affaires a toutefois reculé de 7% sur les vaccins l'an dernier, une source de préoccupation, selon plusieurs analystes, alors que la personne désignée par Donald Trump pour diriger le ministère de la Santé, Robert F. Kennedy Jr., est pointée pour ses propos vaccinosceptiques.
Mais la division Vaccin de GSK "contribuera de manière significative à moyen et long terme" aux résultats, a tenté de rassurer Mme Walmsley mercredi lors d'une conférence de presse en ligne.
- Exit le Zantac -
Interrogée sur ses inquiétudes liées à des droits de douane américains, la dirigeante a assuré que le groupe n'a "aucune exposition ou seulement une exposition minimale" à une hausse de taxes sur les trois pays déjà officiellement concernés (Canada, Mexique et Chine, ndlr).
"Nous y prêtons évidemment attention", mais "les médicaments ont traditionnellement été exclus des droits de douane dans le monde en raison de leur importance pour les patients", a-t-elle ajouté.
GSK avait annoncé début octobre des accords à près de 2,3 milliards de dollars aux Etats-Unis pour mettre fin à la plupart des litiges devant la justice du pays dans lesquelles le Zantac est accusé d'avoir provoqué des cancers.
Le laboratoire, qui rejette ces accusations, estime cependant que ces accords lui permettent de d'"éliminer l'incertitude" et de se "concentrer sur l'avenir".
La ranitidine, mieux connue sous son nom commercial Zantac, utilisée contre les brûlures d'estomac et autrefois en vente libre aux Etats-Unis et au Canada, a été fabriquée et commercialisée par plusieurs laboratoires dont GSK et le français Sanofi avant d'être retirée en 2019.
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