COLONNE-La Bourse des métaux de Londres tente de surmonter la crise du nickel : Andy Home

information fournie par Reuters •13/10/2023 à 15:35

par Andy Home

Cette année, la semaine du LME, le rassemblement annuel de l'industrie mondiale des métaux, a ressemblé à un retour à une époque révolue, les chiffres ayant été dopés par le retour bienvenu des visiteurs chinois après trois années de restrictions de voyage.

Mais la crise du nickel de l'année dernière () continue de jeter une ombre sur cette bourse vieille de 146 ans.

Un jugement est attendu sur les procès intentés par le fonds spéculatif américain Elliott Associates et le teneur de marché Jane Street Trading au sujet de l'annulation controversée des transactions sur le nickel.

Le LME est toujours en phase de redressement. L'accent est mis sur le renforcement de ses systèmes de transactions et de compensation et sur l'amélioration de ses références en matière d'ESG afin de regagner la confiance des investisseurs et des acteurs industriels.

Hong Kong Exchanges and Clearing 0388.HK , qui a racheté le LME en 2012, considère toujours le LME comme "au centre de nos ambitions", a rassuré le directeur général Nicolas Aguzin lors de la conférence de lundi.

Mais alors que le LME se tourne vers l'intérieur pour guérir, il risque d'être dépassé par ses rivaux qui cherchent à profiter du boom des métaux de transition verts.

LES VOLUMES SE REDRESSENT, MAIS LE NICKEL RESTE À LA TRAÎNE

Le LME peut se féliciter d'avoir renoué avec la croissance des volumes cette année. L'activité commerciale a augmenté de 5,2 % en glissement annuel au cours des neuf premiers mois de 2023, après avoir chuté de 8,3 % en 2022.

Le contrat principal a été le principal moteur de cette croissance. Les volumes ont augmenté de 42% depuis le début de l'année, le métal lourd attirant beaucoup l'intérêt des investisseurs après son inclusion dans l'indice Bloomberg des matières premières à partir du début de 2023.

La ferraille reste la vedette de la gamme des métaux ferreux du LME, soutenant une augmentation de 52% des volumes sur les sept produits sidérurgiques listés par la bourse.

Le nickel, sans surprise, est à la traîne de la reprise générale. Les volumes quotidiens moyens ont augmenté au cours du trimestre juillet-septembre, mais ont diminué de 26 % en glissement annuel au cours des neuf premiers mois de 2023.

L'intérêt ouvert est passé de 140 166 contrats à la fin du mois de janvier à 184 571 à la fin du mois de septembre, mais il est encore loin des niveaux de participation d'avant le mois de mars de l'année dernière.

Les stocks du LME restent également faibles, à 42 800 tonnes métriques, ce qui explique pourquoi la bourse accélère les demandes de marques de producteurs, en particulier celles de la Chine, où les opérateurs apportent de nouvelles capacités de nickel livrables par le LME.

La reconstruction du contrat de nickel londonien est manifestement en cours.

FIXER LE NICKEL

D'autres, pendant ce temps, cherchent à s'imposer dans le domaine de la découverte du prix du nickel au LME.

Global Commodities Holdings (GCH) continue de travailler sur un indice au comptant pour le nickel raffiné de classe I qui permettrait à un partenaire boursier de générer un marché à terme.

L'Abaxx Commodities Exchange de Singapour, qui appartient à la société canadienne Abaxx Technologies Inc. ABXX.NLB , prévoit de lancer un contrat sur le sulfate de nickel , le premier au monde pour un type de nickel utilisé dans la fabrication des batteries rechargeables au lithium-ion qui alimentent les véhicules électriques.

Le Shanghai Futures Exchange (ShFE) étudie également son offre de nickel, bien que ses intérêts soient étroitement liés à ceux du LME.

Tous deux négocient du nickel raffiné de haute pureté de classe I, qui représente une part décroissante du marché mondial. Ce décalage a joué un rôle dans la débâcle du nickel de l'année dernière et a entraîné une déconnexion des prix avec d'autres formes de ce métal.

Le marché de Shanghai a également été fortement touché par les turbulences de Londres, les volumes de son contrat sur le nickel s'étant effondrés de 53 % l'année dernière par rapport à 2021.

Les deux bourses "ont ouvert un nouveau chapitre de coopération étroite et nous avons l'intention d'approfondir notre collaboration en 2024", a déclaré Matthew Chamberlain, directeur général du LME, au public du dîner du LME .

Il n'a pas donné de détails, mais il est presque certain que le nickel figure en tête de l'ordre du jour de l'assistance mutuelle.

LE CME PREND DE L'ÉLAN

Aucun séminaire sur les métaux n'est aujourd'hui complet sans une discussion sur le marché en plein essor des véhicules électriques (EV).

Le nickel est un élément essentiel de nombreuses batteries de véhicules électriques, c'est pourquoi il y a tant à jouer en termes de forum efficace de découverte des prix.

Mais lorsqu'il s'agit d'autres métaux pour batteries, tels que le cobalt et le lithium, les jeux sont déjà faits.

Le contrat de cobalt du LME n'a pas été négocié depuis mars et le contrat de lithium n'a pas été négocié du tout. Ceux qui veulent un peu d'action sur les métaux des VE se sont tournés vers le CME CME.O .

La bourse américaine a lancé son contrat sur le cobalt en 2020 et a vu son activité exploser au cours de l'année écoulée. Les volumes ont plus que doublé et l'intérêt ouvert a plus que triplé au cours des neuf premiers mois de 2023.

Le contrat de carbonate de lithium du CME a enregistré un volume mensuel record en septembre et l'intérêt ouvert est passé de 429 contrats au début du mois de janvier à 7 532.

Ce qui est peut-être plus déconcertant pour le LME, c'est que le contrat sur l'aluminium du CME se renforce lui aussi, avec une participation croissante des acteurs de l'industrie et des investisseurs. Les volumes ont atteint un nouveau record en septembre et ont augmenté de 176 % sur la période janvier-septembre.

DANSER SUR PLACE

Les volumes échangés en bourse ne sont pas un jeu à somme nulle. Un contrat d'aluminium liquide au CME ouvre de nouvelles possibilités d'arbitrage avec Londres et Shanghai, ce qui profite en théorie aux trois bourses.

Toutefois, il est clair que le LME perd son emprise sur la détermination des prix au niveau mondial.

Cette situation est en partie le reflet d'un monde qui a dépassé le pic de la mondialisation et d'une chaîne des métaux qui se régionalise rapidement.

Mais il s'agit également d'un problème que la bourse a elle-même créé. L'explosion du contrat sur le nickel et l'expérience de mort imminente qui en a résulté (), tant pour les courtiers que pour la bourse, ont sapé la confiance dans le marché historique de dernier recours.

La bourse est encore en train de guérir et pourrait encore recevoir d'autres coups en fonction de l'issue de l'action en justice intentée à Londres et des enquêtes en cours menées par les régulateurs britanniques.

Cette année, le dîner du LME a rompu avec la tradition. Il n'y avait pas d'orateur invité et, ce qui est peut-être plus important pour de nombreux invités, pas de pari traditionnel sur la durée du discours de l'invité.

Au lieu de cela, les hommes et les femmes de la métallurgie ont été régalés par la danse de l'ensemble irlandais Riverdance. La danse irlandaise est très énergique et nécessite un jeu de jambes complexe, mais le danseur reste verticalement ancré en un seul point.

C'est une bonne description du LME en ce moment.

Les opinions exprimées ici sont celles de l'auteur, chroniqueur pour Reuters.