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Bourse : de bulle en bulle...
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 07/05/2020 à 15:02

Jean-Luc Buchalet
Jean-Luc Buchalet

Jean-Luc Buchalet

Pythagore Consult

PDG

Pour beaucoup d'investisseurs, ce rebond cautionne le fait que le plus dur est derrière nous et que 2020 doit être considéré comme une année blanche. Rien n'est moins sûr. (Crédits photo : Unsplash - Diana Orey)

Pour beaucoup d'investisseurs, ce rebond cautionne le fait que le plus dur est derrière nous et que 2020 doit être considéré comme une année blanche. Rien n'est moins sûr. (Crédits photo : Unsplash - Diana Orey)

«Main street» est surprise de la résilience de Wall Street. Chaque jour, les économistes égrainent les conséquences catastrophiques de la pandémie de Covid-19 : les chiffres d'affaires de nombreuses entreprises s'effondrent, le chômage explose, le commerce mondial et l'investissement sont en panne et les tensions entre les Etats-Unis et la Chine n'ont jamais été aussi fortes.

Dans une période normale, une seule de ces mauvaises nouvelles aurait suffi pour précipiter les marchés actions dans le gouffre. Après la violente correction de mi-mars, les indices boursiers se sont redressés de manière spectaculaire, démontrant une forte résilience des bourses mondiales. Le Nasdaq a retracé quasiment la totalité du krach pour se retrouver presque à l'équilibre depuis le début de l'année.

Un sentiment d'immunité collective

La première explication qui vient à l'idée, est l'intervention massive des banques centrales et des gouvernements, donnant un sentiment d'immunité collective des investisseurs grâce à cette montagne de liquidités.

Le rebond est moins puissant en Europe car l'UE ne fait toujours pas preuve d'une véritable solidarité. Elle fait craindre une fragmentation de la zone euro entre les pays du nord et ceux du sud. Mais à y regarder de plus près, les bourses ont fait preuve d'une grande discrimination. Les secteurs les plus touchés comme les banques, le tourisme, le transport et les activités qui lui sont liées, les secteurs cycliques comme l'automobile ou le pétrole, sont à la traine. Ces perdants n'ont pas participé à la fête.

A l'opposé, les géants de la technologie (GAFAM, Netflix, Tesla…) ou ceux liés à la pharmacie, aux biotechnologies et à l'alimentation se sont bien comportés. Les écarts de performance entre les gagnants et les perdants de la crise sont tout bonnement gigantesques. Microsoft a vu sa capitalisation relative dans le Nasdaq passer de 8,9 à 10,1%, Apple de 9,7 à 9,6%, Amazon, le grand gagnant de la pandémie, de 6,8 à 8,8%, Facebook de 3,7 à 3,5% Alphabet est resté stable à 3,4%, Intel de 1,9 à 2%, Netflix de 1,1% à 1,3%...

Les dix premières capitalisations de cet indice pèsent à elles seules près de 45% du total. Le bazooka monétaire des banques centrales s'est déversé sur ces gagnants de la crise. Il en va de même pour l'indice large S&P 500. Par effet de mimétisme, ces valeurs ont entraîné la cote mondiale vers le haut mais dans une moindre mesure en Europe car nous ne disposons pas des mêmes entreprises de la quatrième révolution technologique.

La polarisation du monde du travail va s'accentuer

Dans ce monde, le gagnant emporte toute la mise. La puissance de feu de ces GAFAM et de ses affiliés n'a pas d'équivalent dans l'histoire. Amazon qui a déclaré ne pas faire de bénéfice, est désormais le deuxième employeur américain, derrière Wal-Mart. Ces champions de demain sont en train de remodeler notre modèle de société comme jamais : télétravail, livraison à domicile, divertissement des plateformes, voiture autonome, conférence à distance...

Dans cette phase intense de destruction créatrice darwinienne chère à Schumpeter, on pourrait assister à un réel déclin de la concurrence de l'économie américaine, renforçant les plus forts, tandis que les plus faibles, à commencer par les PME, les artisans, pourraient disparaitre.

De la même façon, la polarisation du monde du travail va s'accentuer. Les salariés les mieux adaptés à cet environnement seront les grands gagnants. Les autres vont se retrouver marginalisés. Conséquence : davantge d'inégalité et de concentration pour les entreprises bénéficiant d'un «pricing power».

Une régulation de ces vainqueurs reste improbable. On voit difficilement, les Etats-Unis scier la branche sur laquelle ils sont assis car elle leur permettra de dominer le monde d'après. Une bulle financière sur les vainqueurs de demain va bien évidemment se former. Mais on ne voit pas ce qui pourrait l'entraver. Les émergents dont beaucoup sont dépendants du prix des matières premières, vont connaitre une violente récession mettant en porte à faux les dirigeants de ces pays.

Un rebond qui ne doit pas masquer la gravité de la situation

Dans cet environnement, le « stock picking » et l'analyse fondamentale devraient faire un retour en force au détriment des fonds indiciels. Les meilleures performances des portefeuilles se feront sur ceux qui sauront identifier ces vainqueurs de demain.

Leur prime de risque devrait fortement se réduire du fait de l'afflux de couches successives d'investisseurs toujours plus nombreux, les taux d'intérêt n'ayant aucune chance de remonter à terme.

Mais le rebond des marchés actions ne doit pas nous masquer la gravité de la situation. Pour beaucoup d'investisseurs, ce rebond cautionne le fait que le plus dur est derrière nous et que 2020 doit être considéré comme une année blanche. Rien n'est moins sûr.

5 commentaires

  • 10 mai 01:58

    Ah ouii ? Je vais me coucher moins bête ce soir ? Tout est dans tout, mais "rien n'est moins sûr". Pythagore doit effectivement se retourner dans sa tombe...


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