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Bourse : avons-nous perdu la notion du temps ?
information fournie par Edmond de Rothschild AM 29/01/2021 à 16:40

Alors que les exemples ne manquent pas pour souligner l'omniprésence de l'incertitude et la nécessité de lui donner un prix, certains pans des marchés actions semblent avoir une vision précise et certaine de l'avenir. (crédit : Samer Daboul / Pexels)

Alors que les exemples ne manquent pas pour souligner l'omniprésence de l'incertitude et la nécessité de lui donner un prix, certains pans des marchés actions semblent avoir une vision précise et certaine de l'avenir. (crédit : Samer Daboul / Pexels)

Par Jacques-Aurélien Marcireau, Co-Directeur des Gestions Actions chez Edmond de Rothschild Asset Management


La finance moderne est construite sur la valeur temps et le postulat suivant lequel plus nous nous projetons loin dans l'avenir, plus nous devons composer avec le risque que les choses ne se déroulent pas exactement comme nous l'avions prévu. En langage courant, on dirait «un tiens vaut mieux que deux tu l'auras». En finance, on utilise un taux d'actualisation pour quantifier autant que possible cette réalité.

Cette incertitude forte se matérialise à tous les niveaux : nos chemins de vie sont rarement ceux que nous avions prévu pour nous-mêmes. Nous passons notre temps à nous adapter, à dévier ou tirer parti du mieux que nous pouvons des trajectoires proposées. Il en est de même pour les stratégies d'entreprises ou encore celles des États - pensez aux hypothèses démographiques sur lesquelles reposait initialement dans les années 1960 l'équilibre de notre système de retraite par répartition. Au quotidien, les principaux économistes et stratégistes sont également régulièrement rappelés à une modestie élémentaire. Enfin, les scenarios de réchauffement possible de notre planète viennent là encore bousculer nos comportements. Ils ne doivent cependant pas nous pousser à la résignation et encore moins à l'inaction.

Alors que les exemples ne manquent pas pour souligner l'omniprésence de l'incertitude et la nécessité de lui donner un prix, certains pans des marchés actions semblent avoir une vision précise et certaine de l'avenir. L'idée n'est pas ici de débattre du succès futur d'entreprises emblématiques dans le domaine des voitures électriques, des livraisons de repas ou encore du cloud computing. Nous les citons comme des exemples de toute une cohorte de valeurs intégrant des perspectives souriantes inébranlables, dont le poids total des capitalisations boursières se compte aujourd'hui en milliers de milliards de dollars.

Il est saisissant de constater que pour ces sociétés, le marché anticipe déjà la fin de l'histoire : le gong vient juste de sonner, qu'une victoire par K.O est déjà prononcée, alors même que la réalité économique est que les acteurs de l'ancienne génération ne se laisseront pas tous faire sans eux-mêmes infliger quelques revers aux nouveaux venus et que pendant ce temps-là, une nouvelle génération d'entrepreneurs et de modèles d'activités s'échauffent déjà dans l'ombre pour venir disputer le titre à l'éventuel vainqueur, si bien que toute victoire ne saurait être considérée comme acquise.

Pour le dire autrement, valoriser les fabricants de véhicules électriques de nouvelle génération davantage que tous les constructeurs historiques réunis, c'est considérer d'une part qu'aucun acteur existant ne sera en capacité de répliquer, et qu'aucune rupture technologique ne viendra perturber l'essor du véhicule électrique, alors que pourtant l'hydrogène pourrait bientôt constituer une alternative crédible.

Salesforce, éditeur de logiciels dans le cloud, réalise aujourd'hui plus de profits avec ses participations dans la nouvelle génération de startups qu'à travers ses propres opérations. Au cours du troisième trimestre, la société a publié un gain de 1,04 milliard de dollars sur ses investissements contre 224 millions de profits opérationnels, ce qui est paradoxal, compte tenu du fait que Salesforce sert de référence pour toute cette nouvelle génération d'entreprises, dont la majorité n'est toujours pas rentable. Avons-nous atteint un stade où comme le dit le proverbe, la destination - c'est-à-dire la capacité à générer un retour sur investissement via l'activité de l'entreprise - importe peu, seul le voyage compte ?

Ce découplage entre la valeur d'un actif et sa capacité bénéficiaire pourrait être mis en parallèle avec le bitcoin, qui est la quintessence même de cette déconnexion. Sa valeur repose uniquement sur la psychologie d'une croyance collective selon nous. Cette tendance nous semble aujourd'hui dangereuse, pour l'épargnant comme pour les entreprises.

Des colosses aux pieds d'argile

Comment peut-on avoir autant de certitudes sur l'avenir à l'heure même où les cartes semblent rebattues de plus en plus rapidement dans toutes les industries ? Comment considérer que l'histoire est écrite et que les vainqueurs d'aujourd'hui seront ceux de demain ? Que savons-nous de la capacité d'entreprises dont les modèles d'activité ont été bâtis en quelques années à endurer les intempéries sur la durée ?

Pour paraphraser un célèbre investisseur, à savoir Howard Marks, il y a de nombreuses variétés de gérants, il y a de vieux gérants et des gérants téméraires, mais il n'y a pas de vieux gérants téméraires. Si certains acteurs ont perdu la notion du temps sur les marchés financiers, ce dernier se rappellera à eux inéluctablement.

À l'opposé de la sélection de titres, l'autre attitude à proscrire consiste à ramener le risque à une variable uni factorielle ou de s'appuyer sur des corrélations en s'inspirant des 20 dernières années, alors que les cygnes noirs nous encerclent et que l'avenir ne ressemblera certainement pas au passé. Pour faire une analogie simple, même la meilleure intelligence artificielle aux échecs perd temporairement tous ses moyens si on rajoute une nouvelle pièce ou une case supplémentaire sur l'échiquier. Dans le monde réel, la structure de l'échiquier et les pions sont rebattus en permanence.

Forts de ces constats, dans nos gestions thématiques, la compréhension des risques et la discipline resteront, en 2021, le fer de lance de notre approche, comme au cours des dernières années. En matière de perspectives, au-delà des évidences martelées jour après jour, certaines tendances nous paraissent aujourd'hui sous-estimées par les investisseurs. L'émergence de l'Inde n'est pas à négliger, car les effets des réformes conduites pendant toute une décennie mettent parfois un laps de temps très important avant de se matérialiser. Par ailleurs, la géopolitique joue désormais en faveur de ce pays, tout comme son écosystème technologique très puissant dans la Silicon Valley. En outre, la thématique de l'environnement est sans doute le seul impératif catégorique pour lequel tout investisseur soucieux de l'avenir se devrait de déployer une partie de son capital. Par ailleurs, la santé, même si le rythme de l'innovation paraît plus lent que celui des nouvelles technologies -l'exemple du vaccin contre le covid-19 prouve le contraire - offre des perspectives attractives selon nous.

Enfin, l'Europe devrait montrer toute sa force. Nous sommes convaincus que certaines entreprises - y compris au sein des secteurs les plus sinistrés - nous surprendront au cours des prochaines années par leur capacité à naviguer dans un contexte international de plus en plus compliqué.


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«Edmond de Rothschild Asset Management» ou «EdRAM» est le nom commercial des entités de gestion d'actifs du Groupe Edmond de Rothschild. Ce nom fait également référence à la division Asset Management du Groupe Edmond de Rothschild.

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