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Le marché des obligations d'entreprise en proie au doute
information fournie par Reuters 03/04/2018 à 12:41

    par Abhinav Ramnarayan et Pauline Renaud
    LONDRES, 3 avril (Reuters/IFR) - Plusieurs grandes sociétés
de gestion européennes ont réduit leur exposition sur le marché
des obligations d'entreprise et certaines sont même passées à la
vente, estimant que les tensions s'accumulent sur une catégorie
d'actifs qui a affiché des performances impressionnantes au
cours des cinq dernières années à la faveur de taux d'intérêt
toujours plus bas. 
    Le malaise face aux prix élevés des obligations
d'entreprise, dont de nombreux gérants estiment qu'ils ne
reflètent pas leur vulnérabilité à des chocs de marché, a rendu
plus difficile le placement de nouvelles émissions que les
investisseurs s'arrachaient jusqu'il y a peu. 
    Au delà des niveaux de valorisation élevés et d'écarts de
rendement très faibles par rapport aux emprunts d'Etat de
référence, théoriquement sans risque, les investisseurs
s'inquiètent aussi de l'endettement de certains émetteurs. 
    De plus, la Banque centrale européenne semble en voie de
mettre un terme à son programme d'achat d'actifs dans le cadre
duquel elle a acquis l'équivalent de 143 milliards d'euros de
d'obligations d'entreprise depuis début 2016. 
    "Il y a une forte vulnérabilité dans le marché des
obligations d'entreprise en ce moment", a dit Mike Riddell,
gérant chez Allianz Global Investors, dont les actifs sous
gestion atteignent près de 500 milliards d'euros. 
    "En Europe, la BCE (Banque centrale européenne) a soutenu le
marché tandis qu'aux Etats-Unis et en Chine les taux
d'endettement sont assez élevés. Si on laisse de côté les géants
high techs comme Google, Apple et Amazon, qui ont des montagnes
de cash, les chiffres sont nettement plus mauvais."
    Les achats de la BCE ont entraîné un écrasement des spreads
des obligations d'entreprise par rapport aux taux de swap de
référence qui sont tombés de 116 points de base début 2016 à 38
points de base en février. Il se sont un peu élargis depuis. 
    
    
    Au plus fort de l'optimisme des investisseurs sur ce segment
en Europe, courant 2016, le rendement moyen de l'indice Iboxx
des entreprises non financières  .IBBEU00EE  était tombé à
0,69%. Il est remonté à 1,18% actuellement. 
    Un marché baissier sur les emprunts d'entreprise constitue
la conviction d'investissement la plus forte d'Allianz Global
Investors, a dit Mike Riddell. Pour se positionner en
conséquence, il est notamment à l'achat sur l'indice Itraxx des
swaps de défaut de crédit (CDS) sur les créances subordonnées
d'émetteurs financiers et sur l'indice CDX des obligations à
haut rendement américaines. 
    "Nous sommes aussi très sous-pondérés sur le marché au
comptant des obligations d'entreprise. Notre indice de référence
comporte environ un tiers d'obligations d'entreprise et notre
exposition est actuellement légèrement inférieure à zéro",
a-t-il précisé en référence à l'indice Bloomberg Barclays Global
Aggregate. 
    
    SIGNES DE TENSIONS 
    Le boom du marché des obligations d'entreprise a été
largement alimenté par les politiques monétaires
ultra-accommodantes mises en place par les banques centrales
après la crise financière de 2008 et, au sein de la zone euro,
après celle des dettes souveraines de 2011-2012. 
    La ruée des entreprises en vue de profiter des taux bas a
entraîné une explosion des ratio d'endettement à travers le
monde. L'endettement, toutes catégories d'émetteurs confondues,
rapporté au produit intérieur brut (PIB) a atteint un pic de
210,5% en Chine et un plus haut de sept ans de 152% aux
Etats-Unis, selon des données de la Banque des règlements
internationaux (BRI). La tendance en Europe s'améliore un peu
mais le taux d'endettement demeure à un niveau historiquement
élevé de 160%.
    
    
    Les émissions d'obligations d'entreprise ont atteint 383,5
milliards d'euros l'année dernière, soit 45% de plus qu'en 2013,
selon des données de Thomson Reuters. 
    BNP Paribas Asset Management, dont les actifs sous gestion
atteignent près de 570 milliards d'euros, est à la vente sur les
obligations d'entreprises européennes, craignant un effet de
contagion du marché américain. 
    "Les entreprises américaines ont augmenté leur taux
d'endettement mais beaucoup d'entre elles l'ont fait pour
racheter leurs actions et cela pourrait être soumis à de fortes
pressions", a dit Patrick Barbe, responsable des investissements
obligataires en Europe de BNPP AM. "Les pressions sur le marché
du crédit sont plutôt du côté américain, mais cela pourrait un
jour ou l'autre affecter aussi l'Europe."
    Selon des données du Fonds monétaire international (FMI), le
taux d'endettement net, qui rapporte la dette nette à l'Ebitda,
des entreprises du S&P 500 avait atteint fin 2016 un niveau
supérieur à celui qui prévalait avant la crise financière de
2008. 
    Amundi, l'une des premières sociétés de gestion mondiales et
la première en Europe avec 1.400 milliards d'euros d'actifs sous
gestion, n'est pas à la vente sur les obligations d'entreprise
mais elle a beaucoup réduit son exposition. 
    "Nous avons été fortement à l'achat sur le crédit au cours
des cinq à six dernières années. Nous avons toujours des
positions à l'achat sur certains segments du marché, mais
sensiblement moins que ce que nous avions par le passé", a dit
Grégoire Pesques, responsable mondial de l'investissement sur
les marchés du crédit d'Amundi. 
    Pour la première fois depuis des années, les émetteurs font
face à des réticences des investisseurs sur le marché des
obligations d'entreprise syndiquées de 380 milliards d'euros par
an, le principal canal de financement obligataire pour les
entreprises. 
    Ainsi, la firme britannique de services d'information Relx
 REL.L  qui avait prévu une émission de 600 millions d'euros le
15 mars a dû revoir ses ambitions à la baisse à 500 millions
d'euros. Dans un marché où les émetteurs avaient pris l'habitude
de voir leurs opérations sur-souscrites deux voire trois fois,
cela a fait l'effet d'un choc. 
    Des banquiers ont dit à Reuters que des investisseurs
allemands avaient récemment refusé de souscrire à de nouvelles
émissions, arguant de la nécessité d'y voir un peu plus clair
sur les perspectives du marché du crédit. 
    "Les marchés ont été excellents pendant si longtemps", a dit
un banquier chargé du placement sur le marché européen des
obligations d'entreprise. "Les émetteurs doivent se préparer à
des spreads plus élevés (par rapport aux taux de référence) à
l'avenir et à des investisseurs encore plus sélectifs. Il va
falloir revoir sa façon de penser."
   

    <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
Corporate bond spreads show signs of stress    https://reut.rs/2IWVLAV
Credit-to-GDP global    https://reut.rs/2GiYQd4
    ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^>
 (Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid
Exbrayat)
 

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