
( AFP / LOIC VENANCE )
L'action du groupe suisse Adecco grimpe mardi en Bourse malgré une chute des recrutements permanents qui a pesé sur ses ventes trimestrielles, les investisseurs saluant les gains de parts de marchés qui lui permettent d'affronter le ralentissement de la demande de main d'oeuvre.
Pour le deuxième trimestre, le groupe spécialisé dans le placement de personnel a fait état d'un recul de 6% de son bénéfice net, à 58 millions d'euros, et d'un chiffre d'affaires légèrement inférieur aux attentes, en baisse de 3%, à 5,8 milliards d'euros, indique-t-il dans un communiqué.
Sa croissance organique ajustée du nombre de jours ouvrables - qui permet d'évaluer le rythme des embauches - s'est également inscrite en-deçà des prévisions, en baisse de 2% par rapport à la même période un an plus tôt.
Les analystes interrogés par l'agence suisse AWP tablaient en moyenne sur un chiffre d'affaire de 5,9 milliards d'euros et sur un repli moins marqué de sa croissance organique aux alentours de 1,3%.
Durant le trimestre, les revenus générés par le placement permanent ont reculé de 14% hors effets de changes. Par comparaison, le repli dans le placement de temporaire s'est limité à 3%.
"Le recrutement permanent se trouve dans une tendance négative", a déclaré son directeur général, Denis Machuel, à l'AFP, "même si nous voyons des signes de stabilisation", a-t-il insisté.
Les entreprises "sont plus prudentes" dans les recrutements, les candidats hésitant eux aussi à changer de poste "dans une période d'incertitude macro-économique", a-t-il ajouté.
Mais ce ralentissement intervient après "la phase post-Covid durant laquelle les entreprises ont fortement recruté, en 2022", a-t-il rappelé.
-Un recul "modéré" -
Le groupe suisse, dont le siège se trouve a Zurich, est loin d'être le seul à avoir vu ses revenus fléchir dans le recrutement permanent.
Début juillet, le groupe britannique PageGroup avait été secoué en Bourse après un avertissement sur ses résultats. Il avait réduit de moitié son objectif de bénéfice opérationnel pour 2024 compte tenu d'un ralentissement des embauches durant le deuxième trimestre, en particulier en juin.
Le groupe britannique, propriétaire de l'enseigne de recrutement Michael Page, avait dit avoir constaté un ralentissement des annonces de postes mais aussi des entretiens menés, les entreprises ayant tendance à différer les décisions d'embauches sur certains marchés, comme par exemple au Royaume-Uni, au détriment en particulier du recrutement permanent.
Vers 13H50 GMT, l'action Adecco s'adjugeait 1,65% à 28,28 francs suisses, alors que le SPI, l'indice élargi de la Bourse suisse, perdait 0,47%. Vendredi et lundi, les marchés boursiers ont déjà fortement chuté face au tassement du marché de l'emploi plus marqué que prévu aux Etats-Unis et aux craintes de récession.
Le groupe suisse résiste mieux au ralentissement de la demande de main d'oeuvre que ses concurrents, souligne Michael Foeth, analyste chez Vontobel, dans un commentaire boursier. Si les ventes d'Adecco ont reculé de 2%, son concurrent néerlandais Randstad a lui vu ses ventes chuter de 7,5% sur une base comparable, le repli se chiffrant à 3% pour son concurrent américain Manpower, quantifie l'analyste.
Le groupe est porté par "des gains de parts de marchés continus et solides", juge l'analyste, et ce "même dans un marché déclinant", relève-t-il.
Gian Marco Werro, analyste à la Banque cantonale de Zurich, considère pour sa part le déclin des revenus d'Adecco comme plutôt "modéré" compte tenu "de l'environnement macroéconomique actuel".
Pour le troisième trimestre, Adecco s'attend à ce que la tendance pour l'évolution de ses revenus reste "similaire" à celle enregistrée au deuxième trimestre.
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