
( AFP / LOIC VENANCE )
Le groupe suisse Adecco, un des grands spécialistes du placement de personnel temporaire, a vu ses résultats minés par une baisse des embauches dans l'automobile et la logistique au troisième trimestre, faisant plonger le cours de son action.
Pour la période allant de début juillet à fin septembre, le groupe a dévoilé des chiffres en partie inférieurs aux attentes à cause de difficultés sur plusieurs marchés clés, même s'il entrevoit des signes de stabilisation.
Son bénéfice net a fléchi de 4% par rapport à la même période un an plus tôt, à 99 millions d'euros tandis que son chiffre d'affaires, déjà en retrait au deuxième trimestre, a également reculé de 4%, à 5,7 milliards d'euros, a-t-il indiqué dans un communiqué.
Sa croissance organique ajustée du nombre de jours ouvrables - l'indicateur le plus suivi par les analystes dans la mesure où il permet de jauger le rythme des embauches - a chuté de 5%, bien en deçà des prévisions.
Les analystes interrogés par l'agence suisse AWP l'attendaient en moyenne à 2,6%. Son chiffre d'affaires était de son côté attendu à 5,8 milliards d'euros. Sa marge d'exploitation est en revanche conforme aux attentes, à 3,3%.
A 15H41 GMT, le titre chutait de 6,07% à 25,36 francs suisses, alors que le SPI, l'indice élargi de la Bourse suisse, perdait 0,27%.
- Repli en France -
"Le marché reste difficile mais nous avons au moins vu les volumes se stabiliser", a déclaré son directeur général, le Français Denis Machuel, lors d'un entretien avec l'AFP.
Les embauches dans l'automobile ont été affectées par le ralentissement du secteur, "en particulier en Europe", a reconnu le patron du groupe suisse, ce qui s'est aussi répercuté sur la demande "dans la logistique", a-t-il expliqué.
"L'aérospatial ralentit aussi un peu", constate le patron d'Adecco, qui observe aussi une baisse de la demande de main d'oeuvre dans l'industrie.
D'autres secteurs restent solides, à l'instar du commerce de détail ou du bâtiment, notamment en France où le groupe continue de gagner des parts de marché, a-t-il détaillé.
En France, le plus gros marché d'Adecco, les revenus hors effets de changes ont chuté de 9%, reculant pour le cinquième trimestre d'affilée.
- Après les élections américaines -
Ses ventes hors effets de changes ont également reculé de 15% au Royaume-Uni et Irlande, de 8% en Allemagne ainsi que de 15% en Amérique du Nord.
Le niveau élevé d'incertitudes "n'a pas vraiment aidé le marché aux Etats-Unis", a reconnu le patron d'Adecco, qui espère une reprise des embauches une fois l'échéance électorale passée.
Les électeurs américains votent mardi pour décider qui de Kamala Harris ou de Donald Trump entrera à la Maison Blanche, au terme d'une campagne d'une tension inouïe, indécise jusqu'à la dernière minute.
"Les entreprises n'aiment pas l'incertitude, elles aiment savoir ce qui va se passer", rappelle M. Machuel.
Mais "une fois que l'on saura qui va l'emporter, même si cela prendra peut-être un peu de temps, les choses vont commencer à s'améliorer", estime-t-il.
Ses concurrents ont eux aussi fait état de conditions de marché difficiles durant le troisième trimestre, le patron du groupe américain Manpower, Jonas Prising, expliquant que les employeurs en Amérique du Nord et en Europe sont restés prudents.
Dans un commentaire boursier, Michael Foeth, analyste chez Vontobel, a estimé que ces résultats trimestriels reflètent les difficultés "persistantes" auxquelles sont confrontées les entreprises de placement de personnel. Il note cependant qu'Adecco continue de gagner des parts de marché et parvient à protéger ses marges malgré ces conditions difficiles.
Les résultats des sociétés de placement de personnel sont examinés de près par les économistes pour évaluer les attentes des entreprises en matière d'emploi.
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