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Dirigeants politiques et géants de la tech au Grand Palais
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Etats-Unis et Chine à la pointe, l'Europe veut sa part
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La stratégie européenne présentée mardi-Macron
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Macron annonce 109 milliards d'investissements en France
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Régulation, innovation et ressources énergétiques au coeur des débats
(Actualisé avec discours de Macron, commissaire européenne et EDF)
par Jeffrey Dastin et Elizabeth Howcroft
L'Union européenne (UE) annoncera mardi sa stratégie en matière d'intelligence artificielle (IA) qui inclura des efforts de simplification pour favoriser les investissements et l'innovation, a déclaré lundi Emmanuel Macron à l'occasion d'un Sommet pour l'action sur l'IA.
Dirigeants politiques et entrepreneurs du monde entier se réunissent lundi et mardi à Paris dans le cadre de ce sommet, qui est l'occasion de dévoiler de nouveaux investissements et de discuter d'une régulation a minima d'une révolution technologique qui suscite convoitise et méfiance.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, présentera mardi une stratégie de l'UE qui "sera une occasion formidable pour l'Europe d'accélérer, de simplifier notre réglementation, de renforcer et approfondir le marché unique et d'investir également dans nos capacités de calcul", a dit Emmanuel Macron lors d'un discours prononcé à la fin de la première journée.
"Nous devons fournir ou offrir un plus grand marché domestique à toutes les start-up qui se lancent en Europe (...). Nous avons déjà des avantages compétitifs par rapport aux Etats-Unis et nous en profiterons", a-t-il ajouté.
Henna Virkkunen, la commissaire européenne chargée de la "souveraineté technologique, la sécurité et la démocratie", s'est pour sa part engagée à "mettre en oeuvre une régulation qui soit favorable" à l'investissement et aux innovations.
Après avoir annoncé dimanche que la France bénéficierait de 109 milliards d'euros d'investissements dans l'IA au cours des prochaines années, Emmanuel Macron a estimé lundi que le pays était "définitivement dans la course".
"Ici, c'est plug ('branche') baby plug", a-t-il dit en référence à l'expression "drill baby drill" utilisée par le président américain Donald Trump pour intensifier les forages.
Le Britannique Fluidstack, les Américains Amazon et Appolo et le Suédois Evroc
, figurent parmi les groupes inclus dans l'enveloppe de 109 milliards, qui comprend un accord cadre avec les Émirats arabes unis représentant jusqu'à 50 milliards, ainsi que 20 milliards du canadien Brookfield.
"IL NE FAUT PAS AVOIR PEUR DE L'INNOVATION"
Organisé au Grand Palais et à l'Elysée, le sommet sur l'IA s'inscrit dans le sillage des réunions de Bletchley Park et Séoul qui ont commencé à prendre la mesure des défis, à la fois technologiques et humains, posés par l'irruption d'outils comme ChatGPT (lancé par les Etats-Unis en 2022).
L'empressement des pays à freiner l'IA a toutefois depuis été tempéré.
Donald Trump a annulé les restrictions imposées à l'IA par son prédécesseur Joe Biden, et son administration n'envoie à Paris aucun représentant de l'Institut américain de sécurité.
Il a en outre lancé le projet "Stargate", auquel participera OpenAI, destiné à développer l'IA d'ici 2029 avec des investissements à hauteur de 500 milliards de dollars.
Emmanuel Macron a pour sa part vanté lundi l'avantage compétitif que représente le nucléaire pour la France, tandis qu'EDF annonçait le lancement d'un appel à manifestations d'intérêt auprès des entreprises du numérique afin de leur proposer des sites adaptés à leurs projets de développement de centre de données dans le pays.
Autre annonce lors du sommet, le lancement de Current AI, regroupant des pays tels que la France et l'Allemagne et des acteurs du secteur comme Google et Salesforce.
Doté d'un investissement initial de 400 millions de dollars, le partenariat mènera des projets d'intérêt public tels que la mise à disposition de données de haute qualité pour l'IA et l'investissement dans des outils "open source". Il ambitionne de lever jusqu'à 2,5 milliards de dollars dans les cinq ans.
Alors que l'Europe cherche à tirer son épingle du jeu, la France plaide pour une application de la réglementation européenne suffisamment souple pour ne pas freiner les ambitions de ses champions technologiques nationaux.
"Il y a un risque que certains décident de ne pas avoir de règles et c'est dangereux. Mais il y a aussi le risque inverse, si l'Europe se donne trop de règles", a fait valoir Emmanuel Macron lors d'un entretien à la presse quotidienne régionale la semaine dernière. "Il ne faut pas avoir peur de l'innovation."
"UNE VOIE SUPPLÉMENTAIRE"
Fin janvier, le groupe chinois DeepSeek a suscité un émoi mondial en présentant une IA générative d'une puissance équivalente à celle de ChatGPT mais moins chère et beaucoup moins gourmande en énergie, mettant au défi ses concurrents d'accélérer le rythme en termes d'innovation.
Le sommet de Paris est "l'occasion pour l'intelligence artificielle en Europe et puis pour l'industrie en Europe de montrer ce qu'elle sait faire", a déclaré lundi Arthur Mensch, président et cofondateur de Mistral AI, sur France Inter.
"C'est aussi l'occasion de montrer qu'il n'y a pas que les Etats-Unis, que la Chine, qu'il y a une voie supplémentaire", a plaidé le dirigeant du champion français de l'IA.
Les discussions lors du sommet devraient aussi porter sur les énormes besoins énergétiques engendrés par l'IA, à l'heure de la lutte contre le changement climatique.
Un communiqué non contraignant est en cours d'élaboration mais son contenu et les pays signataires restent à ce stade incertains.
D'après une version en date du 30 janvier et que Reuters a pu consulter, le communiqué appelle à une "approche inclusive" de l'IA, qui soit multipartite, fondée sur les droits de l’homme et en soutien aux pays en développement.
Le projet de déclaration énumère des priorités, notamment "éviter la concentration du marché" et "rendre l'IA durable pour les personnes et la planète".
RISQUE SUR L'EMPLOI ?
Une régulation a minima de cette nouvelle technologie ne fait toutefois pas l'unanimité, d'autant que les implications sociales de l'IA restent incertaines.
L'IA peut créer de nouveaux emplois mais pousser d'autres personnes vers de nouvelles professions, a estimé Gilbert F. Houngbo, directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT).
"Est-ce que je vais perdre mon job à cause de l'IA ? La réponse est 'non' mais par contre je risque d'être remplacé par quelqu'un qui sait utiliser l'IA", a estimé lundi pour sa part Xavier Niel, fondateur du groupe Iliad et investisseur dans Mistral AI, sur France Inter.
Parmi les dirigeants très attendus à Paris, se trouvent le vice-président américain JD Vance qui prononcera mardi un discours, ainsi que le vice-Premier ministre chinois Zhang Guoqing.
Côté entreprises, le PDG d'Alphabet GOOGL.O , Sundar Pichai, et le directeur général d'OpenAI, Sam Altman, sont aussi présents à Paris.
Emmanuel Macron co-présidera mardi avec le Premier ministre indien Narendra Modi une session plénière organisée au Grand Palais. Pour les entreprises, un Business Day est organisé mardi à Station F.
(Reportage Jeffrey Dastin, Elizabeth Pineau, Florence Loève et Elizabeth Howcroft; rédigé par Blandine Hénault et Benjamin Mallet, édité par Zhifan Liu)
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