EN IMAGES - Un groupe de construction turc a demandé à être placé sous le régime des faillites après que des clients, qui avaient payé pour les maisons qu’ils avaient achetées, n’ont pu honorer leur paiement. Les villas se retrouvent sans propriétaire.
Des centaines de maisons en rangées impeccables, d’un style évoquant tant les châteaux français que ceux de Disney, se dressent dans cette province du nord-ouest de la Turquie. Mais ces bâtisses destinées à de riches acheteurs étrangers sont vides et n’ont plus rien du conte de fées pour les investisseurs. Aux abords de Mudurnu, dans la province montagneuse de Bolu, ces maisons font partie d’un ambitieux projet lancé en 2014 par Sarot, un groupe de construction turc engagé dans plusieurs programmes immobiliers importants dans la région. À terme, le chantier «Burj al-Babas» est censé compter jusqu’à 732 villas et un centre commercial.
Mais il a essuyé des revers financiers au point que Sarot a, comme des centaines d’autres entreprises turques, demandé à être placé sous le régime des faillites. La justice l’a autorisé en novembre à suspendre les paiements à ses créanciers pour restructurer sa dette, tout en continuant à fonctionner sous la protection de l’État. Le groupe Sarot a été acculé après que des clients se sont retrouvés incapables de payer pour les maisons qu’ils avaient achetées, a déclaré le vice-président du groupe, Mezher Yerdelen.
Sarot avait déjà vendu 351 maisons, d’une valeur variant entre 400.000 et 500.000 dollars chacune, principalement à des investisseurs des pays du Golfe - ce qui laissait espérer des recettes d’au moins 140 millions de dollars. Mais certaines ventes ont été annulées, alors que 100 millions de dollars avaient déjà été engagés dans ce projet évalué à 200 millions au total, et que 80% des 351 villas vendues étaient déjà sorties de terre. À l’origine du problème, selon Mezher Yerdelen: les difficultés rencontrées par les investisseurs du Golfe, liées notamment à la chute du prix du pétrole, ainsi que «l’impact négatif des fluctuations économiques sur les prix» du BTP en Turquie. Alors que la bataille pour l’avenir de Sarot est en cours devant les tribunaux turcs, le vice-président du groupe de construction reste optimiste et veut croire que le projet sera achevé en octobre.
Sarot est loin d’être un cas isolé en Turquie. La construction a été l’un des moteurs assurant à l’économie une solide croissance depuis l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan en 2003, mais le secteur s’est replié de 5,3% sur un an au troisième trimestre 2018, et les difficultés s’accumulent. «Sur quatre entreprises demandant à être placées sous le régime des faillites ou se déclarant en faillite, trois relèvent du secteur de la construction», explique Alper Duman, professeur associé à l’Université d’économie d’Izmir. Qu’on l’appelle une bulle de la construction ou une bulle immobilière, il y a une bulle en Turquie», ajoute-t-il. La preuve en est selon lui la quantité de logements invendus: en 16 ans, 10,5 millions d’appartements ont été construits mais seulement 8 millions sont utilisés. «Il y a de grandes chances que cette bulle explose», estime-t-il.
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