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Toulouse, champion de France de l’habitat participatif
information fournie par Le Figaro 24/02/2018 à 07:00

VIDÉO - La ville rose voit les choses en grand pour l’habitat participatif, cette formule où les habitants se regroupent pour créer leur habitation idéale à moindre coût. Dans le quartier de la Cartoucherie, ce projet de 89 logements est le plus grand de France et fait office de référence.

«Une aventure s’achève, une autre commence» pour Véronique Coutagny qui va emménager dans un T2 près du centre de Toulouse, dans la plus grande opération d’habitat participatif de France. Depuis quatre ans, elle a discuté, choisi, conçu avec ses voisins et les architectes, ce projet de 89 logements dans l’écoquartier de la Cartoucherie, situé sur une vaste friche industrielle à l’ouest du cœur historique de la ville rose.

Les habitants vont enfin pouvoir prendre possession de leurs appartements aux «Quatre vents». Le complexe est divisé en quatre immeubles de 4 à 9 étages, construits avec des matériaux simples: de la brique, du bois, et avec une architecture contemporaine sobre et discrète qui cache pourtant une opération ambitieuse. En plus de leurs appartements avec vue sur les Pyrénées, les habitants vont également bénéficier de plusieurs espaces partagés: une salle polyvalente de 125 m², une salle de bricolage, une salle de musique, plusieurs buanderies, une grande cuisine, un jardin en cœur d’îlot, des chambres d’amis...

«On paye une trentaine d’euros par mois pour tous ces espaces collectifs. Et dans 20 ans c’est à nous», s’enthousiasme Véronique Coutagny. Cette quinquagénaire pétillante et survitaminée est pourtant arrivée «par hasard» dans l’aventure participative: «C’est un ami qui m’a emmenée à la première réunion sur le projet en 2013. Je ne savais pas ce que c’était», dit-elle.

Il faut savoir que pendant longtemps, l’habitat participatif a été réservé à des gens très motivés, militants alternatifs ou adeptes de la vie en communauté, explique Stéphane Gruet, architecte et philosophe. Il dirige l’AREA (Actions études et recherches sur l’Architecture et la Ville) qui a orchestré «la participation», un véritable travail de fourmi entre les habitants et les autres acteurs. Que ce soit les bailleurs, les architectes ou la Métropole, il faut mettre d’accord tout le monde.

Car depuis quelques années, ce type de projet s’est institutionnalisé notamment avec la loi ALUR de 2014, qui a donné une définition juridique à l’habitat participatif. Parallèlement, de nouveaux modes d’accession au logement social ouvrent ces opérations au plus grand nombre.

Vers une institutionnalisation

Ainsi, l’office HLM toulousain, groupes des Chalets, opérateur de cette nouvelle résidence, en est à sa troisième opération participative. «Notre objectif, c’est de faire que les gens soient acteurs de leur cadre de vie», explique son directeur Jean-Paul Coltat. En l’occurrence l’originalité, c’est que l’office HLM a proposé cette aventure à des gens qui ne savaient rien, a priori, de l’habitat participatif.

Pour Rosine Lang, qui est venue dès la première réunion des Chalets, c’est avant tout l’attractivité financière qui l’a convaincue. Entre sa petite retraite et les revenus de son activité d’écrivain public, elle n’imaginait pas à 64 ans être en mesure de s’offrir un appartement. Grâce à un prêt conventionné, elle a pu acquérir le T2 de ces rêves pour le prix d’un loyer.

Comme Véronique, elle a découvert «sur le tas» la dimension de groupe du projet. Elle a fait partie des habitants qui souhaitaient, par exemple, avoir une cuisine communautaire au rez-de-chaussée d’un des bâtiments: «Moi je vis seule mais je n’aime pas cuisiner et manger seule», confie-t-elle. Elle raconte qu’au fil des réunions hebdomadaires, durant quatre ans, elle a noué des liens très forts avec ses futurs voisins.

«Réfléchir ensemble pour se connaître»

Francis Blot, un ancien ingénieur aéronautique «reconverti dans l’action culturelle», explique qu’une «collectivité» s’est ainsi peu à peu formée: «on a appris à se connaître, à définir comment on allait vivre ensemble», dit-il. Lui était tenté par l’habitat participatif qu’il avait vu fonctionner en Californie ou en Allemagne. «Le collectif c’est parfois lourd, mais c’est intéressant d’arriver à se mettre d’accord», lance-t-il, très fier de faire visiter la salle de musique insonorisée, ou l’atelier créatif qui pourra servir «le mercredi aux enfants».

Pour l’architecte Stéphane Gruet, éminence grise du projet, la participation réclame une méthodologie très rigoureuse: élaboration d’une charte, procédure de cooptation des habitants, procédure de programmation participative, suivi individualisé des familles. Selon cet architecte, l’intérêt majeur de l’implication des habitants dès le début du programme réside dans la définition «d’une sorte de pacte social local»: «en construisant son projet d’habitation le groupe se construit et des solidarités se créaient», conclut-il.

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