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Les questions qui se posent après le scandale de la viande polonaise frauduleuse
information fournie par Le Figaro 02/02/2019 à 16:47

Quelque 150 kilos de viande issus d'animaux abattus frauduleusement en Pologne ont été vendus au consommateur français, notamment en boucherie, selon les autorités sanitaires qui cherchaient encore samedi une quantité équivalente vraisemblement introduite dans le circuit.

C'est un nouveau scandale qui touche l'alimentation dans l'Hexagone et plus largement l'Europe. Plusieurs pays de l'Union européenne, dont la France, cherchent depuis vendredi à localiser, pour en empêcher la consommation et la détruire, de la viande de bœuf frauduleuse en provenance de Pologne, issue d'un abattage illégal et dont près de trois tonnes ont été exportées dans l'UE. En France, les services sanitaires du ministère de l'Agriculture déclarent avoir découvert l'existence de 795 kg de viande polonaise. Sur ces 795 kg, 500 kg ont été détruits, 150 kg ont été vendus à des consommateurs, en boucherie notamment, et le reste est toujours recherché par les autorités.

● D'où vient ce nouveau scandale alimentaire et sanitaire?

L'affaire a été révélée par un journaliste polonais qui s'est fait embaucher dans un abattoir de la région d'Ostrow Mazowiecka, dans le nord-est du pays. Son enquête a révélé que des marchands proposaient par petites annonces d'acheter des vaches malades, pour un prix très inférieur à celui des animaux sains, ce qui soulève des questions sur l'usage qui en est fait. Des images filmées ont révélé que des vaches paraissant très affaiblies, et potentiellement malades, étaient abattues de nuit dans l'abattoir en question par quelques employés de confiance, échappant ainsi aux contrôles vétérinaires officiels effectués de jour.

Habituellement, d'après les règles établies par l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), il est obligatoire d'exclure de la chaîne alimentaire tous les animaux malades. Différents contrôles sont normalement effectués et ce à plusieurs échelons. Tout d'abord, en France, l'éleveur doit repérer une éventuelle pathologie et la traiter en administrant des médicaments sous contrôle vétérinaire. Puis d'autres vérifications doivent être effectuées par l'inspection vétérinaire lors de l'abattage, et ce, même en l'absence de signes cliniques visibles. «J'espère que cette affaire va réveiller les Européens avec des contrôles vétérinaires aux frontières, afin que les mêmes garanties soient offertes sur la viande importée que sur la viande made in France», a estimé un responsable de l'interprofession française de la viande Interbev Bovins, Guy Hermouet.

● Comment cette viande s'est retrouvée en France?

La France étant un partenaire commercial majeur de la Pologne, plusieurs lots de cette viande frauduleuse ont ainsi été importés. Le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, a indiqué vendredi matin que 795 kg de viande bovine avaient été achetés par «neuf entreprises» du secteur agroalimentaire en France, estimant qu'elles avaient été «dupées». Les directions départementales en charge de la protection des populations (DDPP) ont mené l'enquête dans les neuf établissements ciblés, qui «pour la plupart n'exercent qu'une activité de négoce sans manipulation des viandes» selon le ministère. Par contre, les boucheries concernées, qui ont débité la viande en question, ont mis en place des affichettes pour prévenir leurs clients, a indiqué vendredi soir le ministère de l'Agriculture, qui note que la grande distribution n'est «à ce stade» pas concernée.

● La France, seul pays concerné par ce nouveau scandale?

Non, d'autres pays sont concernés. Selon l'Inspection vétérinaire polonaise, 2,7 tonnes de cette viande ont été vendues dans treize pays membres de l'Union européenne - Allemagne, Espagne, Estonie, Finlande, France, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Portugal, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Suède -, tandis que 7 tonnes ont été distribuées dans une vingtaine de points de vente en Pologne. Et ce n'est malheureusement pas une surprise: la Pologne est un grand exportateur de viande sur le continent. Sur près de 560.000 tonnes de viande de bœuf produites chaque année, près de 85% sont exportées. En 2013, d'après les chiffres de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, la Pologne était le 11e pays qui exporte le plus de viande bovine au monde en valeur, juste derrière les Pays-Bas (5e), l'Irlande (6e), l'Allemagne (7e) et la France (9e), à l'échelle européenne.

● Existe-t-il un risque en cas de consommation de cette viande?

Pour l'instant, les informations manquent et ne permettent pas d'être affirmatif. Selon le chef des services vétérinaires polonais, Pawel Niemczuk, l'expertise de la viande saisie a démontré qu'elle ne présentait aucun danger pour la santé des consommateurs. De son côté, la Commission européenne n'a pas exprimé de jugement sur la qualité de la viande suspecte. Elle a toutefois rappelé que «la pratique de traîner les animaux incapables de marcher, comme cela est décrit, est interdite par la législation de l'Union européenne sur la protection des animaux dans les abattoirs». Pour Alain Ducardonnet, médecin et spécialiste santé pour BFMTV, le degré de dangerosité d'absorption de cette viande reste relatif. «Sur de la viande avariée comme ça, à mon avis, à 95% ça se termine par une gastro-entérite banale avec trois jours d'inconfort et tout va bien. Il ne faut pas dramatiser, et encore faut-il qu'elle soit passée dans le commerce, il faut rester nuancé».

● Comment est organisée la traçabilité de la viande française en France?

Dans l'Hexagone, il est impossible de vendre de la viande française sans tampon vétérinaire, affirme Guy Hermouet, responsable de l'interprofession de la viande Interbev Bovins. La France compte 2200 agents vétérinaires dans les abattoirs, qui font un contrôle de la bête sur pied, suivi d'un contrôle de carcasse, et qui accordent une note sanitaire aux abattoirs. La France compte quelque 200 abattoirs bovins et ovins, dont deux viennent d'être certifiés par la Chine, pays parmi les plus exigeants en matière sanitaire. Cinq sont en attente de certification chinoise.

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