Un an après sa mise en place, le dispositif Bloctel – censé freiner les démarchages téléphoniques – s'avère bien peu efficace. Une étude menée par 60 millions de consommateurs révèle en effet que près de la moitié de ses utilisateurs recoivent toujours autant d'appels indésirables. L'UFC-Que Choisir appelle à un durcissement des sanctions envers les entreprises récalcitrantes.
Démarchage téléphonique : difficile de s'enprémunir
Un dispositif particulièrement inefficace sur les fixes
Le service Bloctel – créé par la loi de Consommation de juin 2016 – permet aux consommateurs d'inscrire leur(s) numéro(s) de téléphone fixe et/ou mobile sur un site dédié, afin de ne plus recevoir d'appels non sollicités. Près de 4 millions d’individus s'y sont inscrits et 7,4 millions de numéros de téléphone auraient ainsi été "retirés des fichiers de prospection commerciale des professionnels" explique Loic Tanguy, directeur adjoint de la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF). Or, selon un récent sondage du magazine 60 millions de consommateurs, 47% des inscrits au service Bloctel affirment recevoir toujours autant d'appels. Ils sont 38% à reconnaitre une légère baisse des sollicitations et seulement 15% à avoir véritablement vu la différence. Un dispositif particulièrement inefficace sur les lignes fixes . En effet "qu'ils soient inscrits ou non à Bloctel, presque 4 répondants sur 10 déclarent recevoir au moins un appel de démarchage par jour sur leur ligne fixe" détaille le magazine, alors que la moyenne est de "4 appels par mois" sur les lignes mobiles. Pire, les appels sont même globalement plus nombreux en 2017 qu'en 2015, avant la mise en place de Bloctel.Malgré la complexité de la procédure de signalement (il faut renseigner le numéro, le nom de l'entreprise, l'objet de l'appel, le secteur d'activité, etc.), 400 000 réclamations ont été déposées auprès de la DGCCRF afin de faire cesser les appels importuns.
Une pétition de consommateurs pour un indicatif spécifique
Bien que, pour pouvoir prospecter par téléphone en toute légalité, une entreprise doit soumettre son fichier clients à Bloctel afin de l'expurger des numéros inscrits, seulement 700 d'entre elles ont adhéré au dispositif. "Toutes les entreprises ne jouent pas le jeu : seules 1% sont adhérentes" reconnait Eric Huignard, président de la société qui gère Bloctel. Et même pour celles qui adhèrent, elles sont nombreuses à ne pas retirer la totalité des fichiers et continuent à démarcher des consommateurs qui ne le souhaitent pas.Des sanctions, allant jusqu'à 75 000€ d'amende, sont prévues par la DGCCRF contre les entreprises récalcitrantes. Pourtant, à ce jour, seules 250 entreprises ont été contrôlées, 50 ont été poursuivies et uniquement la moitié "s'est vue infliger une amende atteignant, pour les manquements les plus importants, le plafond de 75 000€" a indiqué le gouvernement. Bien trop peu pour l'association UFC-Que Choisir, qui a lancé une pétition en appellant à "passer à la vitesse supérieure contre la pression commerciale subie par des millions de consommateurs". Elle propose notamment un durcissement des sanctions ainsi que la mise en place d'un indicatif spécifique "permettant aux consommateurs de reconnaître a priori les sollicitations commerciales". De leur côté la DGCCRF et l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) promettent de "proposer des actions complémentaires pour assainir le secteur". Loïc Tanguy affirme quant à lui, qu'"il est trop tôt pour faire un bilan complet et conclure qu'il faut faire évoluer le dispositif Bloctel".
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