À des niveaux historiquement bas, et stables depuis plus d'un an, les taux de crédit immobilier devaient repartir à la hausse début 2019. Les courtiers du secteur s'accordent pourtant à dire que le phénomène n'a pas eu lieu et que les taux devraient rester très intéressants au moins jusqu'à l'été. Et peut-être même bien au-delà. Des décotes sont même régulièrement accordées par les banques pour certains clients préférentiels. A fortiori si la BCE conserve son taux directeur à zéro.

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Des taux historiquement bas depuis plusieurs années
Avec un taux moyen brut de 1,60 % sur 20 ans en décembre dernier, selon les derniers chiffres donnés par Empruntis, le crédit immobilier reste stable depuis deux ans. Toutes durées de crédit confondues, les taux sont également bas avec une moyenne de 1,44 % brut (hors assurances) en novembre 2018, proches du plancher record établi deux ans plus tôt à 1,28 % brut. Rappelons qu'il y a 10 ans (automne 2008), le taux s'établissait à 5,15 % brut. Même constat pour le courtier Emprunt Direct qui rappelle qu'un emprunteur sur 10 ans en janvier 2018 pouvait espérer un taux entre 0,80 % et 1,15 % contre 0,75 % à 1,15 % en janvier 2019. L'on constate donc même une légère baisse sur les emprunts à court terme. Certains établissements bancaires n'hésitent en effet pas « à proposer des taux de 20 centimes inférieurs à leur barème lorsque le profil de client les intéresse » explique Cécile Roquelaure, directrice de la communication et des études d'Empruntis au site Argent-boursier.com. Ces clients « haut de gamme » ou jeunes à revenus évolutifs font bouger les barèmes et les décotes ont même atteint des pics en 2018.
Une tendance à la stabilité
Si quelques rares courtiers comme Philippe Taboret, DG adjoint de Cafpi estime dans un entretien à PAP.fr que « la fin du programme de rachat de dettes par la Banque centrale européenne au premier trimestre 2019 et l'annonce d'une possible remontée des taux directeurs au deuxième semestre pourraient bien avoir un impact sur les taux de crédit », ceux-ci ne « pourraient remonter [que] de 0,50 % » en 2019. Mais selon le président d'Emprunt Direct Alban Lacondemine, ce scénario d'une hausse des taux directeurs pourrait bien ne pas se réaliser en raison d'une croissance de la zone euro ralentie et des risques d'inflation. Les pays européens restent donc très endettés et ont besoin d'emprunt pour financer cette dette. Une hausse des taux ne ferait donc que les affaiblir encore un peu plus, ce qui devrait conduire la BCE à garder son taux directeur à zéro au moins jusqu'en 2020. Par ailleurs, les banques continuent de bénéficier en ce début d'année de bonnes conditions de refinancement grâce aux OAT (Obligations assimilables du Trésor), les emprunts d'État, qui connaissent une légère baisse, aux environs de 0,7 %.
Conséquence possible sur le marché
Si les taux d'intérêt n'inquiètent donc pas les courtiers, c'est plutôt une baisse du marché de l'immobilier neuf que craint M. Taboret de Cafpi. Selon lui, la suppression des APL Accession et la baisse de la quotité de PTZ en zone B2 et C pourraient bien faire fuir les primo-accédants et plomber le marché.
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