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La réforme des retraites ne touchera pas à l'âge de départ, mais ..
information fournie par Reuters 21/03/2019 à 15:55

LA RÉFORME DES RETRAITES NE TOUCHERA PAS À L'ÂGE DE DÉPART, MAIS ..

LA RÉFORME DES RETRAITES NE TOUCHERA PAS À L'ÂGE DE DÉPART, MAIS ..

par Caroline Pailliez

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre Edouard Philippe a exclu mercredi de modifier l'âge légal de départ à la retraite dans le cadre de la réforme qui sera dévoilée cette année, tout en jugeant normal de se poser la question d'un allongement de la durée du travail.

Mais cette mise au point teintée d'ambiguïté ne dispensera par le Haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, de devoir déminer le terrain sur cette question placée sur le devant de la scène à de multiples reprises par l'exécutif ces derniers jours, soulevant l'ire des syndicats.

"Dans le cadre de cette réforme, il n'est pas question de modifier l'âge de départ à la retraite", a déclaré Edouard Philippe lors des questions au gouvernement à l'Assemblée.

Pour autant, dans le contexte de vieillissement de la population française et "d'un besoin de financement considérable, se poser la question de savoir s'il faut travailler plus longtemps pour que le fruit de ce travail plus long finance ces besoins considérables d'investissement et de prise en charge de la limitation du reste à charge est une question parfaitement valide", a-t-il ajouté. "Ce qui m'inquiéterait, ça serait qu'on ne se la pose pas".

"Je vous propose que nous y répondions, que nous y travaillions, et que nous puissions trouver les voies et moyens de garantir notre système de retraite et de financer dans la durée, sérieusement, et au-delà des mots et des incantations, les besoins considérables de transformation de notre société pour faire face au vieillissement", a-t-il poursuivi.

La ministre de la Santé Agnès Buzyn, dimanche, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, mercredi, avaient tous deux soulevé la question d'un report de l'âge à la retraite pour assurer la pérennité financière du régime et financer la dépendance, alors qu'Emmanuel Macron avait promis lors de sa campagne présidentielle de ne pas toucher à la borne de 62 ans.

INCITATIONS POUR RETARDER LE DÉPART

La sortie de l'exécutif sur la question n'est pas anodine. L'ancien directeur de la sécurité sociale, Dominique Libault, doit remettre au gouvernement le 28 mars son rapport sur le financement de la dépendance.

Face à la levée de bouclier des syndicats, Jean-Paul Delevoye a rappelé dans un tweet que, "lors de la séance multilatérale de concertation avec les partenaires sociaux le 10 octobre dernier", il s'était engagé à ce que l'âge minimum de départ à la retraite soit maintenu à 62 ans.

Il doit encore intervenir jeudi sur France Inter et lors d'un colloque au Sénat pour rappeler les principes du régime universel, qui doit offrir plus de liberté dans les conditions de départ, explique son entourage.

Le Haut-commissaire souhaite conserver un âge légal de départ pour éviter que des assurés ne partent trop tôt avec une pension trop faible, ce qui amènerait la collectivité à devoir compléter leurs revenus. Il ne souhaite pas non que des départs précoces massifs viennent déséquilibrer le régime.

Il compte en revanche mettre en place des incitations pour rester plus longtemps au travail.

Deux options sont sur la table: un bonus (coefficient majorant) qui augmenterait les pensions ou la valeur des points pour chaque année supplémentaire en activité, au-delà des 62 ans; une décote/surcote entre deux âges de référence, à l'image de ce que proposent les régimes complémentaires Agirc-Arrco.

Selon le député La République en marche (LaRem) Laurent Pietraszewski, proche du Haut-commissaire et prochain rapporteur du projet de loi, les propos de l'exécutif ne remettent pas en cause les bases du travail de Jean-Paul Delevoye.

LES SYNDICATS VENT DEBOUT

"Le principe qui est de dire: 'on peut faire valoir ses droits à partir de 62 ans', il a été posé", a-t-il dit à Reuters. "Je crois que ce qu'ont voulu faire les membres du gouvernement, c'est simplement d'ouvrir la réflexion (...) de cette dépendance."

Il ne pense pas pour autant qu'il faille "lier" les deux réformes. "Il faut les regarder comme deux réformes", a-t-il dit en appelant à "ne pas créer de confusion".

Plusieurs pistes ont été évoquées pour financer la dépendance. La République en marche (LaRem) a proposé il y a deux semaines d'instaurer une deuxième journée de solidarité. Il s'agirait, selon une source syndicale, de l'une des pistes proposées par Dominique Libault.

"Ça ne suffira pas", a dit mercredi Benjamin Griveaux en conférence de presse à l'issue du conseil des ministres.

Pour Philippe Pihet, secrétaire confédéral de Force ouvrière, il serait injuste de financer la dépendance par un report de l'âge de départ à la retraite car cela ferait peser le coût sur les retraités.

"C'est un non-sens absolu et c'est la négation totale de ce qu'est une société solidaire", a-t-il dit-il. Il n'approuve pas non plus l'idée de financer ce risque par une journée de solidarité. "Il faut un prélèvement sur l'ensemble des revenus."

En France, la prise en charge de la perte d'autonomie représente 30 milliards d'euros, selon l'Observatoire 2018 de la Mutualité Française, et ces coûts sont amenés à augmenter. Il y a 1,5 million de personnes de plus de 85 ans aujourd'hui, dit Benjamin Griveaux. Ils seront 5 millions en 2050.

Les pouvoirs publics et la solidarité (collectivités locales, Etat, Sécurité sociale) financent actuellement 79% de la dépense (23,7 milliards d'euros), les ménages 21%, selon l'Observatoire 2018 de la Mutualité Française.

(Avec Marine Pennetier et Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)

27 commentaires

  • 22 mars 14:06

    A quand des fonds de pension comme les anglo-saxons en France ?


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