Des chercheurs de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM) planchent sur un outil de médecine prédictive de précision. Le projet, baptisé Dynamo, permettrait à terme de guérir ou au moins d'enrayer l'avancée de la maladie d'Alzheimer. Cette maladie neurodégénérative touche 35 millions de personnes dans le monde.
Uncerveau numérique pour prédire Alzheimer
900 000 malades en France
Selon le ministère de la Santé, 225 000 nouveaux cas de maladie d'Alzheimer sont découverts chaque année en France. Ce sont ainsi 900 000 personnes qui sont en atteintes aujourd'hui dans notre pays, dont 33 000 ont moins de 60 ans.Cette maladie est causée par l'agrégation progressive de deux protéines anormales dans le cerveau (Amyloïde-A-béta et P-Tau). Elle présente une phase silencieuse (sans symptômes) qui dure de 10 à 15 ans jusqu'à l'arrivée des premiers signes cliniques (perte de mémoire, de repères, troubles cognitifs). C'est seulement à ce moment là qu'Alzheimer, ainsi que d'autres maladies neurodégénératives, est diagnostiquée. Et c'est souvent trop tard. Comme l'explique Stanley Durrleman, chercheur à l'ICM et à l'origine du projet Dynamo : "des altérations seraient décelables dans le cerveau des patients 10 à 20 ans avant que la maladie ne se déclare. " Pour les déceler, M. Durrleman, le Professeur Harald Hampel et leurs équipes veulent créer un modèle numérique de l'évolution du cerveau au cours de la maladie. Ainsi, "la comparaison des données d'un patient au modèle permettra de personnaliser son diagnostic et de prédire l'évolution de la maladie afin de la prendre en charge au plus vite et proposer un traitement adapté à chacun" reprend M. Durrleman.
Un projet en 3 phases
Pour pouvoir traiter les patients efficacement, il faut donc les prendre en charge le plus tôt possible. Pour cela le projet Dynamo s'organise en 3 phases. La première consiste en la collecte de données. La phase 2 sera celle de la construction des modèles prédictifs. Enfin, la phase 3 permettra le déploiement auprès des professionnels de santé.Les chercheurs de l'ICM vont s'appuyer sur les données médicales de 2 400 patients (imagerie, données cliniques) observés dans le cadre d'études menées en France et en Amérique du Nord depuis 2004. Ces big data sont "le matériau brut" explique M. Durrleman, "chaque patient raconte un morceau de l'histoire de la maladie. A nous de recoller les morceaux en développant des algorithmes pour créer un continuum". Ce "timelapse" cérébral une fois construit, "il faudra personnaliser ce modèle afin qu'il puisse s'adapter à chaque patient en développant de nouveaux modèles mathématiques" poursuit le chercheur. Il faudra ensuite "adapter l'outil à la pratique clinique routinière, notamment en répondant à des questions éthiques : Que dit-on au patient ? Comment informe t-on sa famille ?"
Ce projet suscite beaucoup d'espoirs mais aussi beaucoup de questions, car il n'existe pas actuellement de traitement contre la maladie d'Alzheimer, même diagnostiquée très tôt.
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