La concurrence entre étudiants néerlandais et non néerlandais fait rage aux Pays-Bas pour trouver un logement. L’heure n’est plus à l’ouverture à l’international.
Les étudiants étrangers sont devenus des personae non gratae aux Pays-Bas. Sur Facebook, où circulent de nombreuses annonces immobilières, deux tiers des offres excluent les étudiants internationaux, estime Dave Bekkering, de la plateforme antidiscriminatoire Discriminatie.nl. Il est carrément stipulé « Néerlandais uniquement », sur certaines annonces. « On se sent refusés dès la porte d’entrée », regrette Lara, une étudiante germano-philippine aux Pays-Bas. « Beaucoup d’étudiants étrangers font des efforts pour apprendre à connaître les Néerlandais et leur culture mais sont mal accueillis », assure-t-elle.
Comment expliquer ce rejet des étudiants internationaux alors que le programme d’échange Erasmus connaît ses heures de gloire? La crise du logement est l’un des facteurs invoqués. Il manquait environ 23.000 chambres étudiantes lors de la dernière année universitaire, rapporte Courrier International . Ainsi, la concurrence entre étudiants Néerlandais et non-Néerlandais fait rage. À titre d’exemple, lors de l’année scolaire 2023-2024, 31% des étudiants de première année étaient originaires de l’étranger. Le pays comptabilise 135.535 étudiants en mobilité internationale (dont les trois quarts proviennent d’un pays d’Europe), et leur nombre devrait augmenter chaque année de 3,2%. Ils ont déjà augmenté de 51% entre 2016 et 2021 selon Campus France, et de 9% entre 2020 et 2021. Les Pays-Bas arrivent 9e dans les 25 principaux pays de destination des étudiants français mobiles en 2021, selon Campus France.
Un manque de cours en néerlandais
Autre ombre au tableau, le manque de masters en néerlandais. Avec l’internationalisation des universités, les cours en anglais se sont multipliés au détriment de ceux en néerlandais. Les étudiants néerlandais rencontrent des difficultés à trouver des masters dans leur langue. Un projet de loi envisage l’introduction d’un numerus fixus (nombre fixe de places disponibles) pour les programmes de licence enseignés en anglais, selon Campus France, et prévoit que ces programmes soient également offerts en néerlandais. Le pays cesserait également de participer à des salons internationaux de promotion des études. Pas moins de 14 universités néerlandaises ont annoncé en février qu’elles ne créeraient plus de nouveaux programmes de bachelor en anglais et que pour les cursus très demandés que sont la psychologie et l’économie, il sera obligatoire de proposer des cours en néerlandais.
L’extrême droite de Geert Wilders qui a remporté les élections législatives il y a 6 mois , se montre plus ferme envers les étrangers. Le mois dernier, le nouveau gouvernement a annoncé vouloir faire des économies en réduisant le nombre d’étudiants étrangers. Toutefois, il risque de se heurter à la justice. Discriminer quelqu’un sur sa nationalité est interdit. Toutefois, comme ce ne sont pas toujours les propriétaires qui choisissent les locataires mais des étudiants qui élisent eux-mêmes leurs colocataires, il est compliqué de savoir s’ils se sont montrés discriminants.
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