Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

Les ventes de tabac ont explosé depuis le début du confinement
information fournie par Le Figaro 03/04/2020 à 16:53

Avec la limitation des déplacements frontaliers, les fumeurs qui achetaient leur tabac en Belgique, au Luxembourg ou en Espagne par exemple, n’ont d’autre choix que de s’approvisionner dans le bureau de tabac du coin (Crédits photo : Wikimedia Commons - Fabien1309)

Avec la limitation des déplacements frontaliers, les fumeurs qui achetaient leur tabac en Belgique, au Luxembourg ou en Espagne par exemple, n’ont d’autre choix que de s’approvisionner dans le bureau de tabac du coin (Crédits photo : Wikimedia Commons - Fabien1309)

Avec la restriction des déplacements aux frontières, la Fédération des buralistes a constaté une hausse de 30% des ventes de tabac sur le territoire national.

Effet collatéral du confinement : les ventes de tabac sur le territoire ont explosé de plus de 30%, selon la Fédération des buralistes. Comment expliquer ce boom de la consommation de cigarettes ?

Non, les Français ne fument pas davantage en ces temps d'épidémie et de confinement. Mais avec la limitation des déplacements frontaliers, les fumeurs qui achetaient leur tabac en Belgique, au Luxembourg ou en Espagne par exemple, n'ont d'autre choix que de s'approvisionner dans le bureau de tabac du coin. « On récupère ce fameux marché parallèle que nous dénonçons depuis des années », explique au Figaro Philippe Coy, président de la fédération des buralistes. « Ce sont nos clients d'antan qui reviennent, ceux qui ont progressivement déserté les bureaux de tabac hexagonaux à mesure que la pression fiscale s'accentuait sur le paquet de cigarette. »

Cette estimation de 30% des ventes se base sur un sondage effectué par l'organisation auprès de ses adhérents et doit encore être confirmée par les chiffres publiés par Logista, l'opérateur qui livre les bureaux de tabac. Elle semble néanmoins coïncider avec la part estimée du marché noir de cigarettes. En 2016, selon une étude du cabinet KPMG, le marché parallèle du tabac représentait 27,1% de la consommation totale en France.

Des ouvertures inégales

Chez certains buralistes, les ventes de tabac ont littéralement explosé - « jusqu'à 200% » selon Philippe Coy. En particulier dans les régions frontalières : départements du Nord, de l'Est, les Pyrénées-Atlantiques et orientales, près de la frontière espagnole. Des zones exposées en temps normal à « une évasion de clients », de par leur proximité avec un pays à la fiscalité sur le tabac plus faible que celle de la France.

Malgré une demande qui s'est globalement accrue, d'autres ont préféré baisser le rideau. C'est le cas de nombreux buralistes en Île-de-France. « On estime entre 50 et 60% le taux de fermetures des bureaux de tabac », précise Bernard Gasq, le président de la fédération des buralistes de la région francilienne. « Dans la ville de Melun par exemple, sur neuf points de vente, seulement deux sont ouverts. Ou encore à Maisons-Alfort, sur treize buralistes, seulement trois le sont », précise-t-il.

La raison principale : « la peur de tomber malade ». « On est en première ligne, comme les caissières. Les collègues ne sont pas équipés », explique Bernard Gasq. Un kit de protection (masques, gants, gel hydroalcoolique, lingettes) devrait être livré aux membres du réseau des buralistes dans le courant de la semaine prochaine, selon la FNB. « En Île-de-France, 40% du réseau de bureaux de tabac est tenu par des Asiatiques. Des appels leur arrivent de Chine leur disant de rester à la maison. Résultat, ces buralistes ont presque tous fermé », précise Bernard Gasq. « En revanche, ceux qui restent ouverts ont multiplié par presque quinze leurs volumes de vente de tabac. Il faut dire que les consommateurs, limités dans leurs déplacements, commandent quatre ou cinq cartouches d'un coup. On n'avait pas vu ça depuis 10 ans ! », ajoute-t-il. Au total, sur le territoire national, « 85% du réseau de bureaux de tabac est ouvert, ce qui représente 19.000 points de contact », précise Philippe Coy.

Désorganisation de la distribution, mais pas de pénurie

Face à cet accroissement inédit de la demande de cigarettes, les buralistes ouverts peinent à s'approvisionner en temps et en heure. Un peu comme pour les pâtes, certaines marques de cigarettes sont absentes quelques jours. « Le marché français de la distribution de tabac est complètement désorganisé », résume Philippe Coy. « Les buralistes manquent de visibilité et sont confrontés à des difficultés de trésorerie.» Mais la filière assure qu'il n'y a pas de pénurie de tabac et qu'il n'y en aura pas. « S'il y a des trous, ce n'est pas qu'il n'y a pas de produits. C'est à cause des dysfonctionnements de livraison. La logistique est sous tension. Mais il n'y a pas de problème d'approvisionnement : on est toujours livré d'Italie, des Pays-Bas, d'Espagne ou de Pologne », insiste Philippe Coy.

Alors que les villes se sont vidées pour remplir les campagnes, en zone rurale ou périphérique, le bureau de tabac, considéré par le gouvernement comme un commerce «essentiel», ne chôme pas. « Beaucoup de Français découvrent tout ce qu'offre un bureau de tabac », se réjouit Philippe Coy. Des prestations qui dépassent depuis plusieurs années le simple triptyque « loto-presse-tabac ». Aujourd'hui, le buraliste est aussi un relais de primeurs alors que de nombreux marchés sont fermés. Il offre aussi des services postaux, bancaires, avec le compte Nickel. Depuis l'été dernier, on peut aussi y déclarer ses impôts. Toute une palette de services qui, après le confinement, seront mieux ancrés dans l'esprit des consommateurs et donc dans leurs réflexes, espère la Fédération des buralistes. D'autant que les frontières finiront par rouvrir, et le marché noir de vente de cigarettes, repartir avec.

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer