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Le crowdfunding en France : un secteur en quête de rebond en 2025
information fournie par Mingzi 20/02/2025 à 08:30

Crowdfunding en 2025: un secteur en quête d'un rebond ( Crédits photo: Fotolia)

Crowdfunding en 2025: un secteur en quête d'un rebond ( Crédits photo: Fotolia)

Le crowdfunding en France affiche des résultats contrastés pour la deuxième année consécutive. Selon le Baromètre du crowdfunding 2024, réalisé par Forvis Mazars et France FinTech, l'année a été marquée par un recul de 17,1 % des fonds collectés. Si la crise de l'immobilier et les incertitudes macroéconomiques ont pesé lourd, des signaux de reprise se profilent pour 2025.

Un secteur en ralentissement pour la deuxième année consécutive

Depuis son émergence il y a une dizaine d'années, le crowdfunding a permis de collecter plus de 10,8 milliards d'euros en France, marquant une progression considérable entre 2015 et 2023. Cependant, 1,7 milliard d'euros seulement ont été collectés en 2024, soit une baisse de 17,1 % par rapport à l'année précédente. Il s'agit de la deuxième année consécutive de recul, alors même que le secteur affichait autrefois des taux de croissance à deux chiffres.

Cette baisse s'explique en grande partie par la crise immobilière, qui a particulièrement touché le financement participatif en prêt. Celui-ci, traditionnellement porté par les opérations de promotion et de rénovation immobilières, a vu son volume chuter (294,3 millions d'euros en prêts rémunérés et 1,05 milliard d'euros en obligations).

Parallèlement, le segment de l'investissement en capital n'a pas connu le rebond espéré, se maintenant sous la barre des 202 millions d'euros collectés. Les investisseurs font preuve de prudence en raison du manque de visibilité sur l'évolution de l'économie et du contexte institutionnel incertain, alors que les start-up et les projets innovants peinent à convaincre dans un environnement globalement plus volatil.

Tous les segments du crowdfunding ne sont pas affectés de la même manière. Le financement participatif en don reste le seul à enregistrer une croissance stable, avec plus de 160.000 projets financés et 3,7 millions de financeurs. Il est largement porté par des initiatives culturelles et solidaires.

Des risques accrus, en particulier dans l'immobilier et les PME

Le financement participatif en prêt et en investissement présente des risques significatifs, accentués en 2024 par la crise immobilière et la hausse des défaillances d'entreprises.

Le secteur immobilier, qui représentait une part importante du crowdfunding en prêt, est en difficulté. Le taux de retards de remboursement de plus de 6 mois dans ce secteur a atteint 15 à 20 % en 2024, contre environ 10 % en 2023. De plus, 6 à 8 % des projets en retard ont fini en procédure collective, engendrant des pertes pour les investisseurs.

Le taux de défaut définitif des PME financées via le crowdfunding a augmenté, passant de 2 à 4 % en 2023 à 4 à 6 % en 2024. Cette tendance souligne l'impact du ralentissement économique sur ces entreprises, souvent vulnérables aux crises.

Face à ces risques, les plateformes resserrent leurs critères de sélection. En 2024, seulement 10 % des projets de financement obligataire soumis ont été mis en ligne, contre près de 15 % les années précédentes. Les montants levés sont également en baisse, avec une moyenne de 620.000 euros par projet contre près d'un million en 2023.

Si ces chiffres témoignent d'un environnement plus risqué, ils montrent aussi une maturité croissante du secteur, qui se dote de nouveaux mécanismes pour mieux protéger les investisseurs, notamment via des garanties renforcées (hypothèques de premier rang, fiducie, diversification des sous-jacents).

Un secteur qui se professionnalise

Avec l'agrément PSFP (Prestataire de Services de Financement Participatif) mis en place à l'échelle européenne, le secteur a connu une professionnalisation progressive. Ce cadre réglementaire a permis de sécuriser les investisseurs, en imposant des exigences plus strictes aux plateformes en termes de sélection des projets, de transparence financière et de gestion des risques. En 2024, 14 nouvelles plateformes ont obtenu cet agrément, renforçant ainsi la confiance des investisseurs institutionnels.

La collecte directe via les plateformes représente encore 64 % des fonds levés, mais les investisseurs institutionnels (fonds d'investissement, banques, conseillers en gestion de patrimoine) jouent un rôle croissant. En 2024, ces canaux ont représenté 36 % du montant total collecté, contre seulement 20 % il y a quelques années. Cela a permis de stabiliser les volumes de financement, notamment dans les périodes de moindre engagement des particuliers

Quels enjeux pour 2025 ?

Malgré un bilan mitigé en 2024, plusieurs indicateurs laissent entrevoir un rebond pour 2025. Les derniers mois de l'année ont amorcé une dynamique positive, avec 901 millions d'euros collectés au second semestre, contre 830 millions au premier semestre. Cette évolution, bien que modeste, témoigne d'une progressive reconquête de la confiance des investisseurs.

Si l'année 2024 marque un tournant difficile, en raison notamment du resserrement des critères de sélection et de la prudence accrue des plateformes, la consolidation en cours (moins de projets, mais mieux sélectionnés), la diversification des secteurs financés et l'innovation technologique (tokénisation) pourraient permettre au crowdfunding de retrouver son dynamisme dans les prochains mois.

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