Comme au début de la crise sanitaire, plusieurs associations réclament un blocage des loyers. Bercy n’y serait pas opposé, selon elles.
On se croirait revenir deux ans en arrière. Comme au début de la crise sanitaire, plusieurs associations réclament au gouvernement un gel des loyers pour faire face, cette fois, à l’envolée de l’ inflation . « Nous voulons qu’il dure 12 mois à compter du 1er juillet 2022, tant pour le parc privé que social », précise Jean-Yves Mano, président de la CLCV. Mais contrairement à il y a deux ans, la mesure serait obligataire et pas incitative.
Chaque année, un propriétaire-bailleur peut augmenter, si c’est prévu dans son contrat de location, le loyer du même taux que l’indice de référence des loyers (IRL). Or, celui-ci a grimpé de 2,48% au premier trimestre 2022 par rapport aux trois premiers mois de 2021, selon l’Insee . Du jamais vu depuis fin 2008! La dernière fois que l’IRL avait dépassé la barre des 2%, c’était il y a 10 ans. « Si le gouvernement n’intervient pas, les loyers risquent d’augmenter jusqu’à 5% d’ici la fin de l’année , affirme Jean-Yves Mano. Les locataires, qui doivent arbitrer entre remplir leur frigo et payer leur loyer et leurs factures, ne pourront pas faire face à de telles augmentations .»
Qu’en pense justement le gouvernement? À en croire la CLCV qui a été reçue, avec d’autres associations, à Bercy la semaine dernière, l’exécutif ne serait pas contre un gel des loyers. « Nous avons eu une oreille plus qu’attentive du ministre Bruno Le Maire qui nous a écoutés avec une ouverture d’esprit intéressante , confie Jean-Yves Mano. Il nous a dit qu’il préfère geler les loyers qu’augmenter les APL ». Si les loyers suivent l’inflation avec l’IRL, les APL s’appuient sur le même indicateur. Dans le cas où ces aides au logement grimperaient jusqu’à 5%, cela génère un surcoût pour l’État qui pourrait atteindre 1 milliard d’euros! De quoi plomber les finances publiques.
Le gel des loyers tiendrait donc la corde. C’est l’autre différence par rapport à la crise actuelle, le gouvernement y était opposé il y a deux ans. « Suspendre les loyers des particuliers aurait mis en difficulté certains propriétaires », avait reconnu au Figaro Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du logement, à l’époque . Ce possible changement de stratégie du gouvernement provoque la colère des propriétaires. « Dès qu’il s’agit d’attaquer la propriété privée, l’imagination est au pouvoir et beaucoup lèvent le doigt », réagit Christophe Demerson, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI).
Un gel plutôt qu’un chèque?
L’UNPI rappelle que la liste des mauvaises nouvelles pour les bailleurs est également coûteuse, entre « la hausse de la taxe foncière et celle du coût des travaux de rénovation énergétique ». Sans compter que ces loyers servent de complément de revenus ou de retraite aux petits propriétaires. « Les propriétaires bénéficient d’avantages fiscaux et doivent participer à l’effort de solidarité . C’est ça où ils feront face à de plus en plus d’impayés », rétorque le président de la CLCV qui oublie que l’immobilier est l’un des placements les plus imposés.
Bref, deux ans après le début de la crise sanitaire, le débat sur le gel des loyers fait à nouveau rage. Jusque-là, pour protéger le pouvoir d’achat des Français, le gouvernement avait surtout sorti le carnet de chèques (indemnité inflation, chèque alimentaire, remise à la pompe, chèque énergie...). Va-t-il geler les loyers et priver des millions de propriétaires de revenus complémentaires? « Ce serait une première à ma connaissance» , affirme Jean-Marc Torrollion, président de la Fédération nationale immobilier. En bloquant l’IRL, ne nous habituons pas à des loyers ultra-encadrés ».
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