L'APCR (autorité de contrôle prudentiel et de résolution) l'appelait de ses vœux, Generali puis Allianz l'ont fait ! Et c'est maintenant l'assureur Suravenir qui annonce vouloir lui aussi prendre des mesures pour limiter les versements sur ses fonds en euros. La mutation de l'assurance-vie semble donc bien s'opérer. Si toutefois les épargnants acceptent de renoncer à la sécurité des fonds obligataires pour diriger leurs investissements vers des placements plus risqués. La réalité des taux d'intérêt négatifs oblige quoi qu'il en soit à une réaction d'ampleur. Explications.

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Les fonds en euros minés par les taux négatifs
C'est une décision qui a dû plaire en haut lieu, là où l'on s'évertue depuis des années à essayer de convaincre les épargnants de financer l'économie. Car c'est bien là tout l'enjeu de ce changement de position des assureurs Generali, Allianz et maintenant Suravenir : inciter les millions de souscripteurs d'assurance-vie à placer leur épargne vers des fonds productifs et non vers les fonds obligataires en euros qui ne rapportent rien à personne. Ce qui oblige aujourd'hui les assureurs à changer de stratégie ne résulte pas d'un désir impérieux de booster l'économie française, mais de sauver leur propre modèle économique face aux taux d'intérêt négatifs, notamment les fameux TEC 10 (taux d'emprunt d'État à 10 ans) qui sont aujourd'hui à -0,25 %. Et la situation ne risque pas de s'arranger. Ce qui fait dire à Bernard Le Bras, président du directoire de Suravenir au site Capital que si cette situation des taux longs négatifs devait durer, alors « les fonds en euros vont en effet très vite appartenir au passé ». Il a donc décidé, comme Generali et Allianz de « durcir les contraintes d'investissement en unités de compte pour accéder à nos fonds en euros ».
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Rediriger l'épargne vers des produits vertueux
Des décisions qui inquiètent les épargnants les plus rétifs au risque (une majorité) et qui ont conduit nombre d'entre eux à investir encore plus dans les fonds en euros comme l'a constaté Sylvain Coriat de chez Allianz : « Depuis cet été, il y a des flux considérables de capitaux qui veulent s'orienter vers des fonds euros en raison de la sûreté du capital et de leur liquidité ». C'est pourquoi depuis le 1er octobre, ceux souhaitant placer plus de 1 million d'euros chez Allianz doivent investir la moitié de cette somme au moins sur des supports en unités de compte (UC). « Nous faisons partie de ceux qui pensent que le fonds euro est un vestige du passé révolu où les taux d'intérêt étaient positifs et qu'il faut lui substituer un produit qui soit durablement attractif dans le contexte financier actuel » renchérit M. Coriat. La solution selon Allianz serait peut-être d'introduire des dispositifs comme la participation aux bénéfices différée ou encore des bonus de fidélité afin notamment de dissuader « les comportements opportunistes » et générer « plus de fidélité » poursuit Sylvain Coriat.
Les chiffres
Plus des trois quarts des 1700 milliards d'euros qui sont investis dans les assurances-vie le sont aujourd'hui dans des fonds en euros. Par ailleurs, il y a aujourd'hui 17 000 milliards de dollars de dette à taux d'intérêt négatifs dans le monde.
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