RÉTRO IMMO - Dans son édition du 1er avril 1892, Le Figaro revient longuement sur l’arrestation de l’anarchiste Ravachol. Il venait tout juste de ravager deux immeubles parisiens à l’explosif causant de nombreux blessés.
En cette année 1892, la France et les Parisiens en particulier craignaient déjà un mal en -isme mais il ne s’agissait alors pas d’islamisme mais d’anarchisme. Après deux attentats à l’explosif ayant causé plusieurs blessés ainsi que de gros dégâts sur le boulevard Saint-Germain et la rue de Clichy, l’auteur des faits, François Koënigstein dit «Ravachol» est finalement arrêté.
Le compte-rendu et les analyses sur ces événements parus il y a 123 ans dans Le Figaro ne manquent pas de points communs avec les événements que nous connaissons actuellement. «L’horreur qu’ont inspirée les crimes des dynamiteurs, la joie que les Parisiens ont ressentie mercredi, en apprenant l’arrestation de Ravachol, démontrent - et nous le constatons avec plaisir- que la France n’est pas mûre heureusement pour l’anarchisme», écrit ainsi le journaliste de l’époque. Plus loin, il souligne: «L’idée de détruire pour détruire, de sacrifier des innocents à des abstractions très mal définies, nous apparaît ce qu’elle est en réalité, une monstruosité.»
La police scientifique prélève des lames de parquet
A la manière du traitement actuel de l’information en continu, le quotidien multiplie les angles autour de cette affaire sur quasiment une pleine page. Pendant qu’un reporter détaille la nuit de Ravachol à la prison de la Conciergerie, un autre revient sur le vol de dynamite à Soisy-sous-Etiolles qui avait permis d’approvisionner Ravachol tandis que sont aussi évoqués les perquisitions menées à son ancien domicile à Saint-Denis ou les suites de l’explosion à la rue de Clichy voire les réactions enregistrées en province et dans les milieux anarchistes.
Pour confondre le terroriste, la police scientifique espère faire parler le parquet de la chambre de Ravachol qui porte des marques de corrosion. «Toutes les lames de parquet qui en portent ont été enlevées, explique le journaliste. On a pris également plusieurs fragments de suie de la cheminée.» Quant au lieu du dernier attentat, un immeuble de la rue de Clichy, on apprend que «les travaux de déblaiement et d’étaiement exécutés sous la haute direction de MM. Bunel et Sauger, architectes de la Préfecture de police et de la Seine, par MM. Bertrand et Borderel sont complètement terminés».
Une ruineuse rénovation
«Les locataires ont commencé leur déménagement hier et le continueront aujourd’hui, ce travail ne peut être fait que très prudemment, vu l’état des planchers, qui ne se tiennent en l’air que par les quelques étais qu’on y posa dès le premier moment pour éviter un effondrement du côté de la rue de Berlin», précise encore l’un des articles qui souligne: «bien grosses vont être les réparations à faire, et les architectes et les entrepreneurs sont d’accord que cette réfection coûtera 120,000 fr. A cette somme énorme déjà, il faut ajouter le mobilier des locataires qu’on ne peut pas estimer à moins de 80,000 francs».
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