Pour sa réouverture le Pavillon de l'Arsenal présente une exposition baptisée «La beauté d'une ville». Lancée il y a quelques mois, elle démarre dans une polémique très actuelle.
Pour sa première exposition en tant que nouveau président du Pavillon de l'Arsenal, Patrick Bloche reconnaît que le sujet traité: «La beauté d'une ville, controverses esthétiques et transition écologique à Paris» est un thème «qui n'est pas neutre, c'est le moins qu'on puisse dire». Le hashtag #SaccageParis est en effet passé par là, lui qui agite depuis des semaines les réseaux sociaux pour dénoncer la laideur et la saleté qui envahissent les rues de la capitale. Si cette thématique ardemment soutenue par les représentants de l'équipe municipale arrive à point nommé, il faut bien lui reconnaître la qualité d'avoir fait plancher sur ce sujet quasi-philosophique un grand nombre de spécialistes de tous horizons et de remettre dans une perspective historique un thème qui est d'actualité depuis des siècles.
Au-delà de l'exposition qui se tient au 21, bd Morland (Paris 4e) jusqu'au 26 septembre, cette réflexion est abordée par pas de moins de 56 experts dans un ouvrage portant le même nom que l'exposition. L'objectif? «Tenter de définir l'esthétique parisienne à travers les siècles pour éclairer le présent et esquisser un avenir» , selon l'expression d'Alexandre Labasse, directeur du Pavillon de l'Arsenal. «Ces polémiques sont consubstantielles de l'histoire de Paris, estime Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d'Anne Hidalgo, chargé de l'architecture et de l'urbanisme. Elles sont inhérentes aux villes qui vivent.» Il en profite pour évoquer Voltaire «qui avait un regard sur Paris bien plus dur que ce qu'évoque #SaccageParis» ou encore les attaques subies par Haussmann en son temps.
La propreté, rocher de Sisyphe
Sans chercher à relancer la polémique sur l'instrumentalisation politique du mouvement de mécontentement concernant l'apparence de la capitale, il estime que derrière les controverses esthétiques, il y a «des débats fondamentalement politiques» et qu'il est possible de concilier des objectifs patrimoniaux et modernistes pour préparer la capitale aux défis de demain, écologiques notamment. Cela n'empêche pas l'élu de reconnaître des erreurs et des difficultés. La propreté? «Notre rocher de Sisyphe.» La stratégie de végétalisation des pieds d'arbre? «Cela n'a pas fonctionné dans un grand nombre de cas, il va y avoir une reprise en main et un approfondissement des initiatives qui ont bien fonctionné, notamment dans un cadre associatif.»
L'urbanisme «d'urgence» avec ses coronapistes et ses terrasses éphémères fait lui aussi débat, entre amateurs de cette adaptation à des circonstances exceptionnelles et détracteurs de ces nouvelles verrues urbaines. Pas de toute, il reste matière à polémique pour les mois et les années qui viennent. Et cette expo aura au moins le mérite d'élever le niveau de la controverse. Mieux vaut pourtant prévenir les allergiques à l'esthétique Hidalgo: le décor est planté dès l'entrée du Pavillon de l'Arsenal avec un grand rectangle central végétalisé, comme les aime la maire de Paris.
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