
(Crédits: Unsplash - Jay Wennington)
La politique de ce restaurateur, qui la justifie par des contraintes financières, a créé la polémique sur les réseaux sociaux. Pourtant, cette tendance semble gagner peu à peu d'autres établissements en Europe.
Huit euros. C'est le prix d'une assiette vide servie au frère d'un voyageur autrichien, commandée pour partager une entrée à deux. Dans une capture d'écran diffusée sur Facebook il y a quelques jours, Christophe Haselmayer publie sa note payée dans un restaurant autrichien, avec une ligne qui mentionne «Teller», soit «assiette» en allemand. «Trouvez l'erreur» , écrit-il dans la description de sa photo. Parmi les commentaires, certains internautes s'insurgent. «Qui peut se permettre de payer ?» , lance l'un d'eux. Un autre : «À sa place, j'aurai ramené l'assiette chez moi, il l'a achetée.»
Sur les réseaux sociaux, les débats s'enflamment. Pour répondre à la polémique, le gérant du restaurant Okto Dining, qui se situe sur les berges du lac de Wörthersee, dans le sud autrichien, a répondu au tabloïd britannique The Sun : «L'attention portée par les médias à ce tarif semble injustifiée, étant donné que notre menu indique clairement tous les coûts, y compris ceux de l'assiette vide.» Le restaurateur justifie même le prix de 8 euros par une succession de dépenses opérationnelles : «Quelqu'un doit apporter l'assiette supplémentaire, la débarrasser, la laver et la ranger. […] Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que, si vous demandez une assiette supplémentaire et peut-être aussi un verre d'eau, tout cela ne coûte rien. Ce n'est pas comme ça que ça marche financièrement.» Et le patron de poursuivre : « L'exploitation d'un restaurant nécessite un équilibre entre la génération de revenus et un service de qualité. Cet équilibre garantit la viabilité de notre entreprise, en couvrant les dépenses opérationnelles, les salaires du personnel, les services publics, les loyers et les investissements.»
Possible en France ?
Si ce cas est loin d'être généralisé en Autriche, il gagne peu à peu d'autres établissements en Europe. L'an dernier, la blogueuse Selvaggia Lucarelli s'était vue facturer une assiette vide à deux euros par un restaurant italien. Sa publication avait déjà suscité l'indignation, en étant visionnée 1,2 million de fois. En France, «ce n'est pas un phénomène que l'on remarque, assure à Ouest-France Frank Delvau, président de la branche Paris-Île-de-France de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), la principale organisation patronale de l'hôtellerie-restauration. Au contraire, la tendance en France est plutôt au doggy bag , au fait de fournir gratuitement un contenant pour limiter le gaspillage alimentaire .»
Les restaurants français pourraient-ils copier leurs voisins européens et ajouter une ligne sur la note ? Selon Frank Delvau, c'est peu probable. «En France, nous ne faisons pas payer la carafe, ni le pain, alors on ne va pas faire payer l'assiette. Dans le contexte économique actuel, je ne pense pas que [ce type de pratique] passerait» , estime-t-il auprès de nos confrères du quotidien régional. À l'inverse de «l'assiette vide» , certains établissements français n'hésitent pas à facturer les assiettes non terminées, afin de limiter le gaspillage alimentaire.
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