Désormais quand on se réfère au creux «historique» que traverse le secteur de la construction, il faut remonter aux années 50 pour retrouver d’aussi mauvais chiffres.
Eh non, il ne s’agit pas d’une vague néo-rétro qui après l’automobile (avec les retours de la Mini, la Fiat 500 ou la R5 ) aurait touché l’immobilier. Ce qui est actuellement à l’œuvre, c’est tout simplement un point historique de faiblesse des niveaux de construction. Et pour une fois, l’adjectif «historique» n’est pas galvaudé car il faut remonter à 70 ans pour retrouver des chiffres aussi faibles... En l’occurrence, 8 mises en chantier pour 1000 ménages, un niveau équivalent à celui des années 50, selon les chiffres dévoilés par le pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment (FFB). Une faiblesse qui fait dire à son président Grégory Monod que le fond a sans doute été touché, ce qui permet d’espérer pour cette année «le début d’un redressement» .
Un début en douceur puisque le syndicat professionnel s’attend pour les mises en chantier à une «érosion qui se poursuivra encore en 2025» . En attendant, malgré un recul des ventes de maisons individuelles de 13,3% sur l’année 2024 par rapport à 2023, l’activité a connu un rebond, «sans euphorie» selon Grégory Monod, de 17,3% au dernier trimestre par rapport aux trois mois précédents. Le pôle Habitat, qui rassemble constructeurs, promoteurs, aménageurs et rénovateurs, a aussi rapporté une baisse de 3,6% des ventes de logements collectifs (immeubles, appartements), avec une part stable vendue aux investisseurs institutionnels (bailleurs sociaux, banques, assurances, etc.).
Les défaillances d’entreprise ont doublé
Mais contrairement aux années 50 où la machine à construire peinait à se lancer, l’effondrement prolongé du marché continue à faire grossir le nombre de défaillances d’entreprise du secteur de la promotion immobilière. En un an, elles ont plus que doublé, pour s’établir à 677 entreprises ayant ouvert une procédure collective (redressement, liquidation, sauvegarde, insolvabilité) en 2024, contre 274 en 2023. Les effectifs de la filière de la construction de logements neufs ont quant à eux été réduits de 40% en deux ans, selon le pôle Habitat.
Pour sortir du marasme et permettre aux Français de répondre à leur besoin de logement, cette branche de la FFB demande à l’État de «prendre ses responsabilités vis-à-vis des collectivités locales» . En effet malgré des Plan locaux d’urbanisme qui devraient permettre de construire plus et des aides aux maires bâtisseurs, les élus locaux tirent généralement mieux leur épingle du jeu électoral en empêchant de nouvelles constructions par une inflation de réglementations et de chartes. Mais parmi les raisons d’espérer, les professionnels comptent sur l’amélioration de la situation du crédit et sur les premières mesures d’accompagnement par l’État.
L’élargissement du Prêt à taux zéro à tout le territoire, pour les appartements comme pour les maisons est vu d’un très bon œil. Quant à l’exonération de droits de donation dans la double limite de 100.000 euros par un même donateur à un même donataire et de 300 000 euros par donataire pour acheter un logement neuf ou ancien, elle pourrait susciter quelques ventes. Si le retour d’un dispositif d’incitation fiscal à l’investissement locatif n’est toujours pas à l’ordre du jour, les professionnels misent toujours sur un statut du bailleur privé pour tenter de faire revenir les particuliers investisseurs qui ont durablement déserté.
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