
Les interventions pour impayés ont baissé en 2020, mais il s'agit là d'une « baisse en trompe-l'œil » selon les associations. (illustration) (Pixabay / Free-Photos)
Face à la hausse régulière des prix de l'énergie, les associations tirent la sonnette d'alarme en France. Selon elles, les mesures prises récemment par le gouvernement et les aides disponibles pour les ménages les plus modestes ne sont pas suffisantes pour compenser la forte hausse des tarifs du gaz et de l'électricité.
L'envolée des prix de l'énergie en France est une « bombe à retardement » selon les associations d'aide aux plus démunis et les syndicats, qui craignent une explosion de la précarité énergétique. « Avec l'hiver qui approche, on est vraiment très inquiets , confie Marie-Françoise Thull, secrétaire nationale du Secours populaire. On n'a jamais aidé autant de personnes à payer leurs charges. »
Une baisse en « trompe-l'œil » des impayés
L'énergie est devenue, après l'alimentation, le deuxième poste d'aide du Secours catholique. De son côté, le numéro un de la CFDT Laurent Berger dit craindre la « paupérisation » et la « précarisation de centaines de milliers de familles » , que le syndicat considère comme un « problème majeur » .
En 2019, 11,9 % des ménages (3,5 millions) étaient en situation de précarité énergétique et 671 546 ménages ont subi l'intervention d'un fournisseur (suspensions, réduction de puissance) à la suite d'impayés (+17 % par rapport à 2018). En 2020, les interventions pour impayés ont baissé de 18 %.
Mais il s'agit d'une « baisse en trompe-l'œil » selon le Médiateur de l'énergie, liée à la crise du Covid-19 et au prolongement de trois mois de la trêve hivernale. Un simple sursis pour la fondation Abbé-Pierre, qui estime dans son dernier rapport annuel sur l'état du mal-logement en France que « le dégel des procédures risque d'être très dur. C'est une bombe à retardement » .
Un chèque énergie insuffisant
Selon le gouvernement, 5,8 millions de ménages modestes bénéficient du chèque énergie, d'un montant de 150 € en moyenne et versé en fonction du revenu fiscal. Un chèque exceptionnel de 100 € sera alloué en décembre pour faire face à l'augmentation actuelle des prix de l'énergie.
Le Premier ministre a en outre annoncé jeudi 30 septembre au soir sur TF1 un « bouclier tarifaire » bloquant les prix du gaz jusqu'en avril ainsi qu'une baisse de taxe limitant à 4 % la hausse de l'électricité en février prochain. « Une facture de chauffage, c'est en moyenne 1 500 € par an , note cependant François Boulot, du Secours catholique. Le chèque énergie en représente 10 %. Cela aide très marginalement. » Jean Castex a toutefois ouvert la porte à une revalorisation du chèque énergie.
Des aides trop complexes et disparates
D'autres aides peuvent être délivrées par les centres communaux d'action sociale, les caisses de retraite ou d'allocations familiales, ainsi que par le Fonds de solidarité logement (FSL) piloté par les départements. Des soutiens variables selon les territoires et complexes à obtenir.
En 2018, le nombre de ménages (près de 76 000) qui ont bénéficié du FSL a baissé de 16 % par rapport à 2017, selon l'Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE). Une baisse là encore en trompe-l'œil. Ses conditions d'accès sont en effet « complexes et peu lisibles » et avec de « grandes disparités selon les départements » , selon le Secours catholique. Il peut en effet aller de 5 à 333 € en fonction des situations.
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