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Paris en route vers les 25% de logements sociaux
information fournie par Le Figaro 11/12/2020 à 08:00

(Crédits photo : Pexels - Snapwire )

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Bon élève de la création de HLM, la capitale en compte désormais 23,6%. Visite de deux chantiers dans les 16e et 6e arrondissements qui vont continuer à faire augmenter cette proportion.

C'est l'activité favorite de Ian Brossat, adjoint communiste à la maire de Paris chargé du Logement: faire visiter des logements sociaux qui se créent dans les beaux quartiers. Et si possible avec un petit quelque chose en plus. Il y a déjà eu les HLM du 16e au-dessus d'une concession Porsche, ceux du 7e avec une superbe terrasse avec vue sur la tour Eiffel ou encore ceux du 8e dans une ancienne école avec un somptueux toit-terrasse.

Pour cette dernière visite, à l'occasion des 20 ans de la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain, qui avait imposé un quota de création de 20% de logements sociaux dans les villes de plus de 3500 habitants, quota passé entre-temps à 25%), l'élu comptait bien marquer le coup.

Ce fut chose faite avec deux programmes remarquables: l'un dans le 16e arrondissement de Paris, l'autre dans le 6e, deux quartiers où le déficit de logements sociaux reste important. Ces deux programmes sont constitués exclusivement de logements sociaux et très sociaux (dans le jargon des bailleurs sociaux, des logements PLAI et PLUS avec des loyers de l'ordre de 6 à 7 €/m²) et aucun logement intermédiaire (logement PLU avec des plafonds de ressources bien plus élevés et un loyer de l'ordre de 12 €/m²).

Le premier prend place sur un terrain vague de près de 800 m² laissé en friche pendant 30 ans avant que la mairie (de Bertrand Delanoë à l'époque) ne lance une procédure d'expropriation contre Rifaat el-Assad, l'oncle de Bachar, qui détenait cette parcelle. La deuxième, bien plus modeste, se situe sur un minuscule terrain de 138 m² qui était occupé auparavant par un commissariat de quartier. Les deux projets partagent aussi le fait d'avoir été approuvé à l'unanimité, «preuve que le sujet du logement social n'est plus toujours aussi clivant» , selon Ian Brossat.

Les HLM du 8e ont quintuplé en 20 ans

«En 2000, la capitale ne comptait que 13% de logements sociaux, aujourd'hui en comptabilisant ceux qui sont financés mais pas forcément achevés, nous en sommes à 23,6%» , se félicite l'élu. Il rappelle que cela représente 110.000 logements sociaux financés, ce qui place Paris parmi les bons élèves du logement social, bien placé pour atteindre l'objectif assigné: 25% en 2025. Et pour celui qui ne cesse de militer en faveur d'un «rééquilibrage» des HLM de la capitale, il retient qu'au-delà des bastions traditionnels que sont les portes de Paris et le Nord-Est de la capitale, le pourcentage de logements sociaux a été multiplié par 4 pendant cette période dans le 16e arrondissement et par 5 dans le 8e.

Si le sujet est devenu moins conflictuel qu'à une époque, notamment en rappelant que ces logements sociaux ont aussi vocation à héberger les travailleurs de la deuxième ligne, personnels soignants ou caissières, ces constructions ne sont pas une évidence pour tout le monde. Lors de la visite, Ian Brossat a d'ailleurs été interpellé par un riverain du 6e arrondissement lui rappelant qu'avec les budgets investis, on pourrait faire plus et mieux ailleurs, d'autant que les familles qui s'installeront sur place auront bien du mal avec les prix pratiqués dans le quartier. Ce à quoi l'élu communiste a rétorqué qu'il était important de ne pas créer de ghettos, qu'au besoin il était possible de prendre le métro pour faire ses courses ailleurs et qu'enfin ces HLM des beaux quartiers étaient en général ceux où l'on observait le plus faible taux de refus.

De la pierre massive taillée à Nanterre

Côté architectural, il faut bien admettre que ces logements sociaux sont désormais de belles constructions parfaitement intégrées dans leur environnement. «Nous devons participer à la déstigmatisation du logement social, martèle Jean-Christophe Quinton, l'architecte qui a conçu le programme de la rue Jean-Bart, dans le 6e arrondissement. I l faut que l'immeuble disparaisse dans la rue tout en lui donnant du caractère à l'échelle du bâtiment.» En lieu et place d'un petit commissariat en R+1, il a conçu un élégant bâtiment de 7 étages dont les vagues en façade permettent de relier les deux bâtiments de part et d'autre qui n'étaient pas alignés.

Et côté caractère, l'immeuble à structure béton dispose d'une seconde peau de pierre massive sur 20 centimètres d'épaisseur. Des pierres extraites non loin de la capitale et taillées dans cet atelier de Nanterre que Le Figaro immobilier avait visité il y a quelque temps. Et le tout bénéficie d'une belle luminosité avec de grandes fenêtres malgré l'exiguïté de la parcelle. L'immeuble devrait être livré pour septembre 2021. L'opération de dimension très réduite (8 logements dont 4 T3, 1 T2 et 2T1) gérée par le bailleur social RIVP a pu être réalisée car la Ville disposait déjà du terrain.

Il est sûr que sur un terrain de ce type, la cage d'escalier et celle d'ascenseur occupent une part non négligeable de l'immeuble. Le coût de construction reste significatif: 2,1 millions d'euros hors taxes. Dans un arrondissement comptant moins de 3% de logements sociaux et où les prix de l'immobilier sont prohibitifs, les élus s'accordent à reconnaître qu'il faut avancer à tous petits pas et profiter de toutes les opportunités.

Dans le 16e arrondissement, rue Jasmin, le programme est d'une autre ampleur. Sur une friche de 789 m², le bailleur RIVP a confié à la jeune agence M-U Architecture un ensemble de 34 logements (du T1 au T4) et une crèche de 400 m² pour un budget global de travaux de 5,9 millions d'euros hors taxes, soit moins de 1800 €/m², un coût évidemment inférieur à celui du programme du 6e arrondissement.

On retrouve étonnamment plusieurs points communs entre les deux projets: la volonté de se raccrocher aux autres immeubles du quartier se traduit ainsi par un décrochage d'un demi-niveau entre les deux bâtiments en L. L'une des rues où se situe l'ensemble descend de près de 2 mètres au point le plus bas. Ici aussi, la cage d'escalier bénéficie de la lumière naturelle. «Il s'agit d'inciter à faire un peu d'exercice plutôt que prendre l'ascenseur» , précise l'architecte Ludovic Malbet.

Par ailleurs, un grand travail a été effectué sur les ouvertures pour multiplier les vues lointaines côté rue et garder le maximum d'espace disponible côté cour, exposée au sud pour conserver la lumière et la vue sur la verdure. Enfin, pour éviter le côté trop compact et bien séparer la partie crèche de la partie logements, les deux bâtiments sont séparés par une «faille» un passage assez étroit où sera planté un arbre dans la partie la plus large, qui fera office de totem pour marquer l'entrée de la crèche. Quant aux toitures-terrasses (un R+1 au-dessus des locaux de la crèche, un R+5 côté rue Heine et R+7 côté rue Jasmin), elles seront toutes végétalisées. La livraison de l'ensemble est prévue pour mars 2022.

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