Image de carte postale de la ville, la rue du Pont des Marchands enjambant le canal de la Robine est en péril. La commune lance une opération hors normes pour sauver ce patrimoine.
À Narbonne (Aude), la notion de patrimoine en péril prend tout son sens. Parmi les sites emblématiques de la ville, la rue du Pont-des-Marchands figure en bonne place. Cet axe qui traverse le canal de la Robine est en effet l’un des seuls et des plus anciens ponts habités à subsister en France, avec ses origines remontant à l’époque romaine. Landerneau, dans le Finistère, dispose pour sa part du pont de Rohan datant du Moyen-Âge tandis que les exemples les plus connus sont à trouver en Italie comme le Rialto , à Venise, ou le Ponte Vecchio à Florence.
Mais dans le cas de Narbonne, le délabrement de certains bâtiments reposant sur le pont est un objet de préoccupation. Fin avril 2023, la rue traversant le cours d’eau avait ainsi été fermée à la circulation jusqu’à début décembre. Une opération qui ne s’est pas avérée suffisante et il va donc falloir recourir aux grands moyens comme la révélé L’Indépendant . La ville de Narbonne soutenue par les services de l’État compte ainsi faire l’acquisition de 7 immeubles (4 du côté pair de la rue, 3 du côté impair) situés sur la partie centrale du pont, en situation d’ «urgence absolue» , le reste de la rue étant classé en «urgence majeure». Les propriétaires ont été prévenus de ce projet fin août et la municipalité se déclare prête à aller jusqu’à l’expropriation, en cas de refus d’une vente de gré à gré sachant que l’objectif est de récupérer la main sur ces constructions d’ici juillet prochain.
Un programme estimé entre 20 et 25 millions d’euros
La ville, étant donné la dégradation du bâti, a déjà dû procéder au relogement de certains locataires et engager 1,2 million d’euros de travaux d’urgence pour une première sécurisation et la réouverture de l’accès du pont aux piétons. Ce n’est qu’un début, car selon les médias locaux, le coût du programme d’acquisition-requalification de cette rue du Pont-des-Marchands est actuellement estimé entre 20 et 25 millions d’euros. En dehors de la portion centrale, 19 autres immeubles seraient également concernés par cette opération.
Leurs propriétaires seront accompagnés techniquement et financièrement et devront ensuite réaliser ces travaux, «en raison des mitoyennetés et parfois même de l’imbrication de certains bâtis», comme l’a confié à l’ Indépendant le maire de Narbonne, Bertrand Malquier. Là aussi, les propriétaires qui ne pourraient pas régler la facture dont le chiffrage doit être effectué pour la fin 2025, pourraient être amenés à céder leur immeuble.
Dans cet ensemble de constructions très entremêlées, l’objectif est de préserver une «artère fémorale» de la ville en maintenant son attractivité touristique, son rôle économique et en récréant du logement. En effet, 30% des logements habitables sont actuellement vacants, au regard des 23 arrêtés de péril qui ont été pris sur les 27 parcelles de la rue depuis 2013. À terme, l’objectif avoué des pouvoirs publics est de conserver ces biens pour maîtriser une offre de logements et de locaux commerciaux dans un secteur stratégique. Au vu de l’importance de la mission, une Déclaration d’utilité publique doit s’ouvrir dès septembre pour permettre d’espérer décrocher d’importants financements de l’État, jusqu’à 70 voire 80% des montants afin de lancer au plus vite les acquisitions immobilières.
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