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L'épargne des Français atteint des sommets, mais les taux des produits phares, comme le Livret A et le LEP, s'apprêtent à baisser, redéfinissant leurs rendements.
En France, l' épargne des ménages atteint des sommets vertigineux, culminant à 6.186 milliards d'euros . Une somme colossale, presque équivalente au double de la dette publique du pays. Pourtant, derrière ce chiffre se profile une ombre : l'avenir des taux d'intérêt sur les produits d'épargne est en passe de s'assombrir.
Dès le 1ᵉʳ janvier, le taux du PEL (Plan Épargne Logement) amorcera sa descente, suivi de près par celui du Livret A, du LDDS (Livret de Développement Durable et Solidaire) et même du LEP (Livret d'Épargne Populaire), tous prévus pour être revus à la baisse dès le 1ᵉʳ février . Pour des millions de Français attachés à ces placements jugés sûrs, cette nouvelle marque un coup dur, reflétant une conjoncture où l'épargne, malgré son poids considérable, voit son rendement s'éroder .
Le Livret A face à la mécanique implacable de l'inflation
Après trois ans de stabilité, le taux du Livret A pourrait connaître une baisse notable, passant de 3 % à 2,5 % à compter du 1ᵉʳ février. Ce placement, chéri par plus de 55 millions de Français, voit sa rémunération impactée par le recul de l'inflation , élément central de la formule de calcul de son taux. Éric Lombard, alors directeur général de la Caisse des dépôts en octobre, avait déjà anticipé cette diminution, avant de devenir ministre de l'Économie en décembre dernier, ainsi que l'a rapporté BFMTV.
Le calcul, lui, obéit à une logique implacable : pour moitié, il reflète l'évolution des prix sur les six derniers mois , et pour l'autre, il s'appuie sur un taux d'échange interbancaire. Lorsque les chiffres définitifs de l'inflation de décembre seront publiés, le gouverneur de la Banque de France soumettra sa recommandation mi-janvier. Cette proposition pourra respecter la formule ou s'en écarter, laissant le dernier mot au ministre de l'Économie , chargé de trancher. Si Bercy valide cette baisse, elle s'appliquera dès le 1ᵉʳ février, redessinant les contours de l' épargne des Français dans un contexte économique en constante évolution.
Épargne et consommation : un équilibre délicat en jeu
Le taux du Livret d'épargne populaire (LEP), conçu pour les foyers modestes, pourrait bientôt être révisé à la baisse. « De 4 % à 3 % si on applique la formule » , prédit Philippe Crevel, spécialiste reconnu. Cette réduction, aussi une conséquence directe du ralentissement de l'inflation , s'inscrit dans une double stratégie gouvernementale : stimuler la consommation pour relancer l'économie et soutenir des secteurs en difficulté, notamment le bâtiment.
En effet, comme le rappelle l'expert, les fonds du Livret A – qui influence aussi le LEP – servent de socle aux prêts des bailleurs sociaux . « Plus le taux du Livret A est élevé, plus le taux des prêts est élevé. » , a-t-il partagé. En abaissant ce taux, le gouvernement espère alléger la pression sur les acteurs du logement social tout en incitant les Français à dépenser davantage .
Épargne sous pression : des comptes à terme moins séduisants
Les comptes à terme , jadis appréciés pour leurs rendements, subissent une nette érosion. Désormais plafonnés autour de 2,5 % brut, ils peinent à séduire, d'autant que l'écart entre les placements à court terme (1 à 2 ans) et à long terme (2 à 5 ans) s'est largement réduit. En 2025, la tendance ne devrait pas s'inverser : avec une inflation en voie de normalisation autour de 2 %, ces produits d'épargne continueront de voir leurs rendements diminuer. Ils reflètent un marché stabilisé , mais moins généreux pour les épargnants.
Pourtant, l'épargne des ménages reste solide, atteignant 18,2 % du revenu disponible brut au troisième trimestre 2024, bien au-delà des niveaux pré-Covid. Pour Éric Lombard, nouveau ministre de l'Économie, l'enjeu est clair : trouver le juste milieu entre une épargne toujours attractive et une consommation suffisante pour nourrir la croissance et les recettes fiscales . Comme le conclut Philippe Crevel, « l'objectif est qu'il y ait un peu plus de consommation et un peu moins d'épargne. » Une équation complexe, où chaque ajustement peut avoir des répercussions majeures .
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