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Les Français ont épargné plus de 85 milliards d'euros depuis mars, un record
information fournie par Le Figaro 04/09/2020 à 11:30

Clé pour la bonne marche du plan de relance, ce pactole inquiète l'exécutif, qui incite les Français à consommer plutôt qu'à mettre de côté.

C'est ce qu'on appelle une épargne massive. Dans une note publiée ce vendredi, la Banque de France explique que les ménages ont déposé sur leurs comptes bancaires 85,6 milliards d'euros entre mars et fin juillet. Numéraire inclus, cette somme dépasse même les 100 milliards d'euros.

Cette épargne financière cumulée (hors placements non bancaires) exceptionnelle dépasse largement ses moyennes habituelles : de mars à juillet inclus, chaque mois, les ménages français ont déposé plusieurs dizaines de milliards d'euros sur leurs comptes, avec un pic à 25,1 milliards d'euros en avril. Bien que le rythme ralentisse depuis, en juillet, 15,8 milliards d'euros ont été ajoutés, bien au-delà de la moyenne de janvier 2017 à février 2020, établie à 5,9 milliards d'euros « seulement ». Au premier trimestre, l'institution relevait déjà un « renforcement de l'effort d'épargne » chez les particuliers avec un « gonflement des dépôts à vue ».

Ces données de la Banque de France confirment une tendance déjà observable via les relevés de la Caisse des dépôts sur les livrets A et livrets de développement durable et solidaire. Entre janvier et juillet inclus, les consommateurs ont déposé 28,61 milliards d'euros sur ces produits, une tendance à l'épargne dynamisée par un pic massif de dépôts en avril, lors du confinement, à 7,39 milliards d'euros. C'est 12,3 milliards d'euros de plus que l'an dernier sur la même période.

Ces évolutions s'expliquent aisément : le contexte sanitaire et économique est particulièrement incertain, et si certains représentants du patronat se montrent plus optimistes, des craintes demeurent autour de l'envol du chômage et de l'explosion des plans sociaux dans les prochains mois. Calculé par l'Insee, l'indicateur synthétique illustrant la confiance des ménages restait, en août, en deçà de sa moyenne de long terme, à 94. Prudents, les particuliers préfèrent remplir leurs poches en prévision des mauvais jours plutôt que de dépenser leurs deniers.

«Il faut que les Français consomment»

Or, la constitution d'un pécule aussi important n'est pas une bonne nouvelle pour tout le monde. À plusieurs reprises, le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, s'est inquiété du niveau trop élevé de l'épargne. « Si l'on veut que [le plan de relance] marche, il faut aussi que les Français consomment », a-t-il lancé ce vendredi matin sur RMC. « Les Français sont inquiets pour l'avenir et mettent donc de côté une épargne de précaution. Mais ce que je tiens à leur dire, c'est que la meilleure façon de se protéger aujourd'hui [...] c'est de consommer dans l'économie française, de refaire démarrer notre économie », a insisté le ministre.

Souhaitant rassurer les ménages préoccupés par un possible alourdissement prochain de la fiscalité, le chef de Bercy a martelé qu'il n'y aurait « pas d'augmentation d'impôts » tant qu'il serait en poste. Même son de cloche du côté d'Élisabeth Borne, la ministre du Travail : « on est le pays qui a le plus préservé le pouvoir d'achat. Les Français ont épargné et on espère maintenant qu'ils vont consommer », a-t-elle déclaré quelques minutes après Bruno Le Maire.

Ce n'est pas la première fois que le représentant du gouvernement s'inquiète de la propension des ménages à mettre de côté. Mi-avril, il déclarait déjà que « ce n'est pas d'épargne dont nous avons besoin aujourd'hui pour notre économie, mais d'investissement ». « L'épargne de précaution qui est en train d'être construite aujourd'hui [...] ne va pas se débloquer du jour au lendemain. Il est probable que les consommateurs auront des comportements attentistes et qu'il faudra donc inciter la demande », analysait-il alors. Une observation qui semble se confirmer aujourd'hui. Et les déclarations se voulant rassurantes du gouvernement ne sont pas parvenues à inverser cette tendance.

Jean Castex n'a d'ailleurs pas dit autre chose, jeudi, lors de la présentation du plan de relance. Les entreprises doivent embaucher, les ménages dépenser plutôt que d'épargner, les collectivités locales investir et les partenaires sociaux trouver des accords au sein des firmes, afin que le plan fonctionne. Seul cet engagement global permettra de « démultiplier l'impact économique du plan » et d'en tirer le maximum pour le pays.

Ce même vendredi, le patron de la CFDT, Laurent Berger, a toutefois nuancé les chiffres de la Banque de France, appelant à « faire gaffe avec les analyses macroéconomiques » : « beaucoup de Français n'ont pas d'épargne » et certains ménages en difficulté avant la crise sanitaire se retrouvent plongés dans le désarroi. Le syndicaliste a plaidé pour une « relance en direction de ces ménages-là » afin de les soutenir dans l'épreuve.

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