Selon une étude récente, les Français acceptent de moins en moins bien la création de nouveaux logements sociaux, surtout près de chez eux.
Encore un paradoxe français. À une période où l’accès au logement est devenu plus compliqué que jamais pour une part croissante de la population, les crispations augmentent malgré tout autour du logement social. En l’espace de 20 ans, l’opposition à la création de nouvelles habitations de ce type a fortement progressé. Selon le dernier dossier thématique publié par l’institut Hexagone sur l’accès au logement en France mêlant données publiques et sondage, 29% des personnes interrogées par l’Ifop sont opposées à la création de nouveaux logements sociaux en France (contre 71% qui y sont favorables). Une minorité, certes, mais qui a beaucoup progressé sachant qu’en 2005 seuls 11% des Français s’opposaient aux logements sociaux. La situation est encore plus tendue lorsque ces logements sociaux doivent s’installer dans le quartier des personnes interrogées: elles sont alors 44% à ne pas en vouloir contre 25% en 2005.
«On sait que les Français restent attachés aux HLM, mais il y a une vraie évolution avec un triplement en moins de 20 ans de ceux qui s’y opposent , relève François Pierrard, créateur d’Hexagone. Dans le détail on remarque que le rejet est très fort chez les électeurs de droite et de manière assez homogène pour les sympathisants RN à 61% et LR à 57%. Ce rejet est net aussi chez les propriétaires, 50% et il atteint même 53% chez les 25-34 ans, ce qui pourrait attester en creux d’une droitisation des idées de cette jeunesse.» Autre signe de crispation: 37% des propriétaires se montrent réticents à l’idée éventuelle de louer à des personnes issues de minorités, notamment les minorités ethniques (28%).
Logements vacants et excédent de mortalité
Il semblerait que pour les opposants au logement social et même pour une grosse majorité des Français (78% des sondés), l’une des solutions majeures à la crise du logement serait la lutte contre les logements vacants . Pourtant, si les chiffres de l’Insee attestent bel et bien d’une augmentation inexorable de ces logements vacants, ils traduisent surtout l’obsolescence d’une partie du parc de logements. La majorité des logements vacants sont situés dans les secteurs les moins recherchés. Le prix moyen du m² est ainsi 20% plus élevé dans les 500 communes comptant le moins de logements vacants par rapport aux 500 communes où on en trouve le plus. «Au final, il n’y a que 8% de logements vacants en France, cela reste assez peu par rapport à des pays comme le Japon» , souligne François Pierrard.
Autre idée reçue battue en brèche dans ce dossier: la mortalité des baby-boomers n’améliorera en rien la situation du logement. En effet, si l’on s’attend effectivement à un excédent de mortalité dans les années qui viennent, il sera d’un impact tout à fait négligeable face aux mutations sociales et sociétales (décohabitations, séparations...). « Dans sa fourchette basse, l’Insee prévoit que la France comptera au moins 2 millions de foyers supplémentaires à l’horizon 2050 et il faudra bien les loger» , rappelle François Pierrard.
Il n’y aura donc pas de solution miracle à la crise actuelle d’accès au logement. Celle-ci est pourtant on ne peut plus réelle avec des prix du logement qui ont progressé de 30% en 10 ans, un taux de propriétaires qui stagne depuis peu alors que la France se situe déjà parmi les pays européens avec le plus faible taux de personnes possédant leur logement. Pour ne rien arranger, la construction est à l’arrêt et la population étudiante qui a doublé en 40 ans éprouve les plus grandes difficultés à se trouver un toit.
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