Le chauffeur, qui opérait pour Kapten, a été suspendu par la plateforme.
Il est environ trois heures du matin quand Julie, 28 ans, commande un VTC sur la plateforme Kapten. Julie* a bu quelques verres avec des amis en extérieur et souhaite se rendre à une soirée.
Alors qu'elle monte à bord du véhicule, la situation s'envenime. Ayant un verre vide et un peu de rhum dans son sac, Julie demande à son chauffeur si elle peut lui prendre un peu de soda, voyant une bouteille près de lui. Celui-ci accepte à condition que Julie lui prodigue un « massage » en échange. La jeune femme décide d'enregistrer la conversation qui s'ensuit, et qui a été révélée par France Inter. Le chauffeur insiste:
« - Quand les gens se masturbent, ils se masturbent où?»
- Vous demandez souvent ça aux clients?
- Pas du tout. Mais je vois que vous êtes chaude. Vous parlez en plus de rhum, donc je me dis qu'en argumentant, c'est possible...
- En quoi vous voyez que je suis chaude?
- Déjà, vous êtes en robe.. .»
La jeune femme s'est insurgée : elle qui faisait justement appel à un service de VTC pour se déplacer en sécurité le soir a immédiatement signalé le comportement de son chauffeur à la plateforme Kapten. Julie a été recontactée quelques heures plus tard. Kapten l'a assurée de sa pleine collaboration si elle souhaitait porter plainte - ce qu'elle a renoncé à faire. Sa course a été remboursée et elle a reçu quelques centaines de points de fidélité en guise de dédommagement.
« Une entreprise de VTC a un devoir de sécurité envers ses clients », explique au Figaro maître Lajoinie, avocat au barreau de Paris. La plateforme Kapten s'est appliquée à être réactive : « lorsqu'un message comporte des mots-clés type «agression» «harcèlement» ou autre, il est automatiquement remonté et traité en priorité par nos agents seniors du Service Client », explique-t-elle sur son site. L'accès à la plateforme du chauffeur mis en cause a été suspendu.
Mais rien ne l'empêche d'opérer pour d'autres plateformes de VTC, une pratique courante pour les chauffeurs qui souhaitent maximiser leur activité. Ces dernières années, les services de VTC ont été pris à partie à plusieurs reprises par des femmes qui ont critiqué les comportements déplacés, voire les agressions dont elles avaient été victimes. En novembre dernier, la militante féministe Anna Toumazoff les a collectés. Elle dit ainsi avoir reçu environ 150 témoignages d'abus de chauffeurs de VTC. La plateforme Uber était particulièrement visée, avec le hashtag «ubercestover» : les faits ont été «systématiquement» rapportés à Uber, affirme-t-elle. Elle avait même reçu « trois témoignages de viols ». À l’heure actuelle, il est juridiquement impossible pour les plateformes de se transmettre entre elles les noms de chauffeurs ayant pu poser problème.
*prénom modifié
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