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Des députés se mobilisent pour défendre l'appellation AOP «Camembert de Normandie»
information fournie par Le Figaro 23/05/2018 à 15:38

Douze députés ont écrit au ministre de l'Agriculture pour défendre le camembert traditionnel au lait cru, qu'ils considèrent menacé de disparition face au camembert élaboré à partir de lait pasteurisé.

La guerre des «camemberts» n'en finit pas. Alors que l'accord de principe sur une AOP (Appellation Origine Protégée), annoncé en février dernier par l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO), devait permettre de mettre fin au problème de la coexistence entre les appellations «Camembert de Normandie» et camembert «fabriqué en Normandie», les défenseurs de ce fromage au lait cru poursuivent leur mobilisation. Ils jugent en effet que l'utilisation du nom de la région pour des produits aux exigences de qualité moindres porte préjudice au caractère d'excellence associé au nom «Camembert» et à sa filière AOP.

Défendre le camembert traditionnel face au camembert pasteurisé

Douze députés de Normandie ont adressé une lettre à Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture et ancien député de la Manche, pour plaider la cause de ce fromage qu'ils estiment menacé par l'accord entre les producteurs de laits normands et les autres acteurs de la «filière camembert». D'après les termes de celui-ci, le camembert de Normandie d'AOP pourrait bientôt être élaboré à partir de lait pasteurisé et non plus uniquement de lait cru.

«L'accord annoncé par l'institut national d'origine et de qualité (INAO) risque de faire disparaître totalement des grandes surfaces le camembert traditionnel, écrivent les élus du Calvados, de l'Eure, de la Seine-Maritime et de la Manche. Nous souhaitons vivement que vous vous opposiez à cet accord et à son application en 2021, afin d'assurer la pérennité du camembert traditionnel qui, en aucun cas, ne peut être assimilé au camembert pasteurisé».

Dimanche, Stéphane Travert avait défendu la mise en place d'une «marque distinctive» au sein de la filière. «Je veux que l'on puisse avoir sur les étiquettes une marque distinctive qui permette pour les consommateurs de différencier un camembert au lait cru moulé à la louche, un camembert de Normandie au lait cru moulé à la louche, ou un camembert avec du lait thermisé», a-t-il déclaré sur France Inter.

«On a essayé de faire quelque chose pour s'attaquer à l'abandon d'un fromage de qualité exceptionnelle», a indiqué Alain Tourret, député LaREM du Calvados, au Figaro . «Il faut montrer qu'il est hors de question d'abandonner un élément de l'identité de la Normandie. On ne peut pas ne pas se battre là-dessus». Face aux propositions du ministre, il explique vouloir «aller plus loin encore» et s'assurer que la distinction entre les types de produits selon leur méthode de fabrication soit très clairement lisible sur l'étiquette.

«En France, pays des fromages, on défend bien mal nos produits»

Les élus normands ne sont pas les seuls à s'être mobilisés. La semaine dernière, plusieurs grands chefs avaient signé une tribune publiée dans Libération, pour dénoncer cet accord. Une pétition «Non à la pasteurisation du camembert de Normandie d'appellation d'origine!» lancée simultanément sur le site change.org, a déjà récolté plus de 26.000 signatures.

«En France, pays des fromages, on défend bien mal nos produits, même dans le cadre des AOP», précise Véronique Richez-Lerouge, présidente de l'association Fromage des terroirs et auteur de Main basse sur les fromages AOP , à l'initiative de la tribune. D'après elle, alors que les appellations géographiques protégées sont censées défendre un cahier des charges précis, l'accord mis en place en février va plutôt dans la direction opposée et permettrait à terme l'apparition d'une «AOP moins disant» dans les rayons des supermarchés.

«Si on ne s'en tient pas un cahier des charges, en acceptant des distinctions de qualité au sein de l'AOP, c'est catastrophique. Comment voulez-vous que le consommateur s'y retrouve?», poursuit la présidente de Fromages de Terroirs, qui craint l'apparition «d'AOP à deux ou trois vitesses». Outre le fait que ce «symbole national» pourrait perdre en qualité, il s'agit de protéger le terroir et sa renommée internationale tout autant que le consommateur face aux industriels. Dans cette perspective, l'association avait déposé une plainte auprès du Procureur de Paris en avril pour dénoncer l'utilisation par les industriels de la formule «Fabriqué en Normandie» en dehors de l'AOP et des critères de son cahier des charges. Aujourd'hui, le camembert industriel représente près de 60.000 tonnes contre à peine plus de 5.000 pour le camembert traditionnel.

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