Les performances des groupements fonciers viticoles (GFV) sont inégales. Pourtant, les particuliers s'inscrivent sur des listes d'attente pour investir sur ces placements bien réels, ancrés dans la terre et précieux pour transmettre un patrimoine.
L'engouement pour les GFV ne se dément pas. En 2008, déjà, échaudés par la Bourse, les épargnants s'étaient tournés, nombreux, vers ces sociétés civiles qui réunissent des particuliers pour acheter des vignobles loués à un vigneron. Mais la rentabilité modeste du placement (entre 1 et 3 %), d'autant plus faible que le domaine est prestigieux, freinait les ardeurs. Or, désormais, le rendement des groupements fonciers viticoles se compare plutôt avantageusement à celui de l'assurance-vie. Avec, en prime, l'espoir de réaliser des plus-values.
Ceux qui ont investi dans le passé ont parfois été comblés, comme ce particulier qui, un peu plus de vingt ans après les avoir acquises, a revendu l'an dernier ses parts d'un GFV (propriétaire d'un grand cru de Gevrey-Chambertin) 6,5 fois leur prix d'achat initial. D'autres souscripteurs ont, eux, triplé leur capital entre 2002 et 2016 grâce à leur GFV sur un premier cru de Nuits-Saint-Georges.
«Mais, a contrario, sur une appellation plus modeste de Bourgogne, le prix des parts n'a progressé que de 4 à 6 % par an ces dernières années», nuance André Manière, fondateur des GFV Saint Vincent, société spécialisée dans la conception et l'animation de ces groupements. «Et certaines vignes plus modestes ont pu voir leur valeur diminuer légèrement.»
Les investisseurs conservent leurs parts longtemps
Entrer dans des GFV déjà constitués sur des appellations réputées suppose de patienter sur une liste d'attente. Car les investisseurs conservent longtemps leurs parts et les transmettent à leurs proches: elles sont exonérées de droits de succession sur les trois quarts de leur valeur. Un avantage fiscal plus précieux encore à leurs yeux que celui accordé pour l'ISF (les parts de GFV y échappent sur 75 % de leur valeur jusqu'à 101.897 €, et à 50 % au-delà).
«Mais, aujourd'hui, de nouveaux GFV sont constitués, notamment parce que certains vignerons veulent transmettre leur exploitation à leurs proches, qui n'ont pas les moyens de racheter des terres devenues très chères. D'où l'idée de les céder à un GFV qui les louera à la nouvelle génération», explique Christine Chiozza-Vauterin, responsable de l'offre immobilière Banque Privée 1818.
Des prix souvent surévalués
Ces nouvelles offres émanent surtout de «petits» GFV qui réunissent quelques dizaines d'investisseurs seulement, et où les grandes décisions se trouvent entre les mains des associés. Les grandes structures sont moins présentes. «Le placement demeure très recherché, mais il est compliqué d'en lancer dans un marché très compétitif et tendu sur le plan des acquisitions de vignobles ainsi que par un environnement qui a complexifié la distribution à un large public», souligne Anthony Fradet, directeur du développement chez Amundi Immobilier.
Pour les grands GFV, en effet, «la transcription de la réglementation européenne impose que la gestion soit confiée à une société agréée par l'Autorité des marchés financiers», rappelle Patrick Ribouton, directeur des produits de diversification de La Française REM, un établissement qui gère 28 GFV.
Quelques détails doivent en tout cas retenir l'attention des souscripteurs, comme la durée du bail qui liera le vigneron et le GFV. «Les baux à 18 ans sont trop protecteurs pour les exploitants. Le bail doit impérativement être signé pour 25 ans», insiste André Manière.
Mais le principal souci, pour certains gestionnaires, réside «dans les prix souvent surévalués du foncier aujourd'hui», estime Patrick Ribouton. Un avis que tous ne partagent pas. «Certaines choses sont si rares qu'elles n'ont pas de prix, souligne André Manière. Il y a vingt ans déjà, on avait l'impression de payer trop cher. Et, aujourd'hui, certaines appellations ont pris du retard par rapport à d'autres plus prestigieuses, ce qui offre des opportunités d'investissement.»
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