Le film Tanguy d'Etienne Chatiliez date de 2001, mais le phénomène n'a jamais été aussi actuel. Les enfants qui vivent chez leurs parents jusqu'à un âge avancé sont de plus en plus nombreux. En France, ce serait 4,5 millions de jeunes majeurs qui sont concernés. Un constat qui s'explique par un monde de l'emploi toujours plus précaire et des loyers en hausse, notamment en Ile-de-France.

Deplus en plus de "Tanguy" en France
Tanguy en chiffres
Une étude réalisée en 2015 par la Fondation Abbé Pierre (FAP) révèle que 4,5 millions de personnes majeures sont logées chez leurs parents, grands-parents ou proches. Parmi eux, 1,3 millions ont plus de 25 ans. S’ils sont majoritairement étudiants (44%), ils sont 32% à avoir un emploi (dont la moitié en CDI) et 18% à être au chômage. Le phénomène n'a plus grand chose à voir avec le film qui dépeignait un Tanguy profiteur. En effet, comme le souligne la Fondation, il s'agit-là plutôt de gens qui "éprouvent des difficultés d'insertion sociale et professionnelle". Un jugement partagé par Laurence Rioux, chef de la division Etudes sociales de l'INSEE : "ils ont des ressources limitées qui ne leur permettent pas de partir ou économisent pour préparer leur autonomie résidentielle".De plus, ceux qui ont réussi à quitter le domicile familial et à trouver un logement n'ont pas l'assurance que ce sera définitif. En effet, une étude de l'Institut indique que 8% des "Tanguy" étaient préalablement partis de chez leurs parents.
Enfin, nombreux sont les jeunes adultes qui, bien que disposant de leur propre logement, ne disposent pas d'une totale autonomie financière. 29% d'entre eux reçoivent de l'aide de leurs parents pour payer leur loyer.
Précarité de l'emploi
"Bas salaires, temps partiels subis, précarité des contrats de travail..." empêchent ces jeunes adultes de voir leur dossier accepté dans le parc locatif privé qui demande des garanties toujours plus strictes, souligne la FAP. Ce ne sont en effet pas que les chômeurs qui subissent le phénomène. Parmi ceux qui travaillent, la moitié est en CDI, 6% en CDI à temps partiel et 25% en CDD, contrat court, saisonnier ou vacataires. Enfin, 13,5% sont en apprentissage, en stage rémunéré ou en emploi-aidé et 5,5% en interim.Mais même en situation d'emploi, beaucoup peinent à trouver un logement. Dans le parc "social", les listes d'attente sont interminables et le parc privé exige souvent un salaire 3 ou 4 fois supérieur au prix du loyer, ce qui est inenvisageable pour une grande majorité de personnes. D'après l'Enquête nationale logement (ENL) 2013 de l'INSEE, près de 3,3 millions de majeurs hébergés n'auraient pas les moyens financiers d'accéder à un logement indépendant.
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