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Comment la grande distribution s'organise pour protéger son personnel dans les magasins
information fournie par Le Figaro 19/03/2020 à 15:42

(Crédits photo : Wikimedia Commons - Marianne Casamance )

(Crédits photo : Wikimedia Commons - Marianne Casamance )

Inquiets pour leur sécurité sanitaire, des caissiers et personnels de magasin ont fait remonter leurs craintes à leurs employeurs. La fédération s'organise face à l'épidémie.

On les croise chaque jour, en faisant ses courses, et on oublie parfois à quel point leur rôle est central durant l'épidémie et le confinement qu'elle a entraîné. Ces derniers temps, ils portent parfois des masques et des gants : les personnels des magasins et grandes enseignes, comme les caissiers, ont reçu des encouragements et remerciements du gouvernement, ce jeudi. « Vous, salariés, hôtes de caisse, chefs de rayon [...] êtes en première ligne devant des consommateurs inquiets et parfois désorientés », ont écrit dans une lettre les ministres Bruno Le Maire et Didier Guillaume, ainsi que la secrétaire d'État Agnès Pannier-Runacher. Les trois représentants saluent l'engagement des employés, et les assurent de leur « reconnaissance ». Un geste accueilli avec satisfaction par les entreprises du secteur, comme Picard, Monoprix ou Auchan.

Car, dans la crise, ces salariés se retrouvent confrontés à l'obligation de se rendre sur leur lieu de travail, au milieu du confinement général, afin d'assurer le bon fonctionnement de la chaîne d'approvisionnement des magasins. Des inquiétudes sanitaires ont rapidement émergé pour ces travailleurs au contact au quotidien d'un public parfois tendu et irrespectueux des gestes barrières. « J'ai peur de tomber malade. Pas pour moi, mais pour ma famille », expliquait ainsi une employée d'un Lidl parisien au Figaro. La filière s'est donc organisée, sous la supervision du gouvernement, pour permettre à ces personnes de travailler dans les meilleures conditions possible.

La consigne élémentaire reste la même pour tout le monde : le respect des gestes barrières - se laver les mains régulièrement, garder une distance de sécurité, tousser dans sa manche - permet déjà de limiter considérablement les risques. Mais ces impératifs, indispensables pour limiter la contamination, peuvent se révéler insuffisants pour apaiser les craintes des travailleurs. Dans ce cas, les entreprises s'organisent alors d'elles-mêmes et peuvent aller beaucoup plus loin : ce week-end, un « guide des bonnes pratiques » a ainsi été dévoilé par la fédération de la grande distribution. Son auteur, Emilie Tafournel, directrice qualité de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), se félicite des nombreuses règles supplémentaires que les groupes du secteur se sont imposées face à l'épidémie. Celles-ci se sont rapidement révélées nécessaires, explique-t-elle au Figaro : « Dès le début de la crise, les salariés ont fait remonter leurs inquiétudes. Au-delà du simple respect des gestes barrières, il fallait donc aller plus loin pour les rassurer ».

Vitrine en plexiglas, casquettes à visière... « Chaque enseigne s'adapte »

Ainsi, « les enseignes sont en train de déployer des vitres en plexiglas » pour protéger les caissières, des affiches rappelant les gestes barrières ont été partagées et seront épinglées partout dans les magasins. En parallèle, « certains groupes veulent également commander des bobs et casquettes à visière pour leurs employés » : s'ils ne sont pas considérés indispensables face à l'épidémie, ils permettront d'apaiser les craintes des employés. « Chaque enseigne s'adapte et consulte ses salariés pour déterminer comment poursuivre le travail dans les meilleures conditions », explique la représentante, qui martèle que « la priorité reste la protection des salariés ». Une sécurité qui n'est pas toujours facile à assurer face à des clients tendus, inquiets et qui peuvent rejeter l'obligation de garder un mètre de distance avec les autres individus.

C'est ainsi le cas pour les adhérents au Mouvement E. Leclerc : le groupe a « partagé à l'ensemble de ses adhérents les consignes d'hygiène recommandées par le gouvernement. Dans ce cadre, les consignes d'hygiène ont été rappelées aux collaborateurs et sont affichées » dans les locaux. En outre, des « barrières physiques » doivent être posées aux caisses ainsi qu'aux postes d'accueil, les outils de travail doivent être fréquemment nettoyés et les salles de repos ne doivent pas être le théâtre de rassemblements trop importants. Le groupe assure poursuivre des « échanges réguliers » avec les représentants des personnels pour répondre à leurs interrogations et récolter leurs suggestions.

Dans ce cadre, l'État n'a qu'un rôle de chef d'orchestre et de médiateur, rappelant l'importance des gestes barrières et du dialogue social dans les entreprises pour déterminer les changements à apporter au cas par cas contre l'épidémie. Les ministres ont également pour rôle de rassurer les travailleurs, ce qu'ont fait jeudi Bruno Le Maire et ses deux collègues pour les employés de la grande distribution. Derrière, il incombe au secteur privé de déterminer en interne les mesures à prendre et d'assurer leur bonne mise en place. Et ce, quoi qu'il en coûte, assure la FCD : « Ce n'est pas une question de budget, si on veut continuer à nourrir les Français, il faut investir maintenant, sans quoi il n'y aura plus de magasin et plus de personnes pour y travailler », balaye Emilie Tafournel.

Bercy souligne des « tensions dans les supermarchés et commerces en matière de salariés »

Mais ces déploiements de mesures dans chaque secteur prennent du temps, dans un contexte où les tensions restent importantes. Ce mercredi, le patron de la CFDT, Laurent Berger, a ainsi apporté sa pierre au débat, en dénonçant « des entreprises [qui] font pression sur les salariés pour être à leur poste, certains magasins Leclerc par exemple, qui ne jouent pas le jeu ». «Les propos de Monsieur Berger font état de situations trop imprécises pour pouvoir y répondre.
Ce ne sont évidemment pas les recommandations faites à nos adhérents, qui s'organisent au mieux pour continuer à assurer une mission essentielle : que les Français puissent continuer à faire leurs courses et à se nourrir dans de bonnes conditions» , répond le groupe.

Pour l'heure, si des « cas isolés » de salariés trop inquiets pour venir travailler ont été relevés dans le secteur, la grande distribution se veut rassurante et déclare ne pas avoir constaté de gêne majeure dans le bon fonctionnement de la filière. Un constat partagé par la Direction générale du travail, qui assure que l'exercice du droit de retrait reste pour l'instant limité. De son côté, l'État se montre toutefois prudent : mercredi soir, Bruno Le Maire a réitéré qu'il n'y avait pas de risque de pénurie alimentaire, mais que les services de l'État commençaient à relever une «tension dans les supermarchés et commerces en matière de salariés». Autrement dit, la question logistique, et la présence d'employés dans les locaux des magasins comme du côté des transporteurs, pour permettre le bon fonctionnement des entreprises, fait l'objet d'une attention renforcée, plus que la disponibilité des produits.

Par ces améliorations, la filière espère donc calmer les craintes de ses salariés, sans lesquels l'ensemble du système risquerait de flancher. Les autorités jouent également un rôle, d'abord médiatique, en les remerciant, mais aussi logistique, en poussant les entreprises à poursuivre le dialogue social pour définir les meilleures conditions de travail possible, et sanitaire, en rappelant l'importance primordiale des gestes barrières. Pour le gouvernement, ce combat est plus important qu'il n'y paraît : si une filière commence à s'écrouler, le risque d'un effet domino mettant l'économie et l'approvisionnement des Français à l'arrêt est pris au sérieux. Il s'agit donc d'assurer sa bonne marche, « quoi qu'il en coûte ».

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