Derrière la simplicité de ses lignes, cet ensemble de 14 logements cache plusieurs innovations pour doper ses performances environnementales mais aussi le confort de vie de ses occupants.
Avec ses nombreux immeubles réhabilités ou reconstruits et les chantiers à venir encore, la rue Myrha, dans le quartier parisien de la Goutte d’or, est en pleine restructuration. Certes, elle laisse encore la sensation d’être face à un «showroom du logement social», tant se succèdent sur les façades les plaques aux noms des principaux bailleurs sociaux de la capitale. Mais il faut reconnaître que les petites parcelles de ce quartier sont souvent des lieux d’expérimentation architecturale. La preuve avec le petit immeuble situé au n°39 qui sera bientôt occupé et qui compte 14 logements (du T1 au T3) ainsi qu’un commerce.
Créé par l’Atelier Fuso, jeune cabinet d’architectes, pour le compte du bailleur social RIVP, le projet a séduit ses commanditaires par une approche centrée sur le bas carbone sans oublier de penser à l’habitabilité des logements et à leur aptitude à durer dans le temps. L’immeuble est ainsi le seul pour l’instant à opter pour une structure 100% bois , y compris les cages d’escalier et même d’ascenseur. L’usage du béton se cantonne à la structure du sous-sol et rez-de-chaussée ainsi que des planchers hauts et bas du rez-de-chaussée (ainsi que les marches de l’escalier préfabriqué). Le choix du bois répond à plusieurs objectifs: évidemment, un bon bilan carbone mais aussi un chantier «sec» plus facile et avec moins de nuisance dans une rue étroite d’accès et un poids réduit, bien utile dans un quartier avec des sous-sols fragilisés par de nombreuses carrières.
Reflets du vin blanc de Montmartre
« Cette solution intégralement en bois a largement été rendue possible par l’intervention du bureau d’études Laurent Mouly Ingénieur qui a déjà travaillé sur l’immeuble voisin en béton de chanvre » , explique l’associé de Fuso, Daniel Garcia. Autre point fort du projet: la récupération sous toutes ses formes. « Il y a d’abord l’utilisation de briques de réemploi pour la façade sur rue , précise l’architecte, ainsi que la récupération de la chaleur résiduelle des eaux grises pour préchauffer l’eau chaude ou encore le dispositif de lame d’air intégrée dans la façade permettant de réinsuffler dans les logements une chaleur qui aurait tendance à sortir de l’enveloppe du bâtiment.»
Cette « façade active et tempérée » , c’est l’une des signatures de ce projet. Côté pile, visible depuis la rue, une façade en briques de réemploi provenant de Belgique avec de larges ouvertures et des menuiseries et garde-corps couleur jaune pâle, hommage à la Goutte d’or, dont le nom proviendrait (parmi diverses explications) du vin blanc produit par les anciennes vignes de Montmartre. En y regardant de plus près, on distingue quelques passages d’air rendus possibles par l’absence ponctuelle de joint entre les briques afin de laisser passer un peu d’air qui est réinsufflé dans les logements après s’être réchauffé, ce qui évite un courant d’air froid. Et côté face, à l’intérieur des logements, les architectes ont su faire de l’épaisseur de la façade un atout.
Avec un budget contenu (2,1 millions d’euros pour 600 m² de logements et 80 m² de commerce), l’ensemble propose un mur à vivre. Une structure en bois cache le système d’aération ainsi qu’un piège acoustique pour limiter les nuisances sonores de l’extérieur et un radiateur en partie basse. Et pour être pleinement fonctionnelle, elle permet de s’asseoir confortablement à la fenêtre. Ajoutez à cela des rangements intégrés et des volets intérieurs en bois. « C’était un équipement courant dans les palais et nous voulions, en clin d’œil, en équiper des logements sociaux » , souligne Daniel Garcia.
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