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Ce maire loue des résidences secondaires pour les sous-louer aux locaux
information fournie par Le Figaro 29/03/2023 à 08:38

(Crédits photo : Wikimedia Commons - Tsaag Valren )

(Crédits photo : Wikimedia Commons - Tsaag Valren )

Pour lutter contre la pénurie de logements, le maire de l'île de Batz (29) tente de convaincre des propriétaires de résidences secondaires de louer leur bien à la mairie afin d'attirer de nouvelles familles.

À l'île de Batz, dans Le Finistère (29), les volets restent clos une bonne partie de l'année dans la plupart des habitations. L'explication est simple, peu d'habitants sont autochtones et les résidences secondaires poussent comme des champignons, comme le relate France Info . Sur les 751 logements que comptait l'île en 2019, 485 sont des résidences secondaires (soit 64,5% des habitations) contre 251 résidences principales et 16 logements vacants, selon les statistiques de l'Insee .

« Près des deux tiers des logements appartiennent aux continentaux et un tiers seulement aux Iliens », résume Nicolas Seité, président de l'association Les Dragons de l'île de Batz qui propose des visites de l'île. Ce que confirme au Figaro le maire de l'île , Eric Grall: « c'est une tendance lourde depuis pas mal d'années. Environ 9 ventes sur 10 se réalisent au profit de résidences secondaires . C'est normal, vu l'augmentation des prix, les personnes qui veulent vivre en résidence permanente n'en ont pas les moyens. Les salaires des Iliens ne sont pas compatibles avec les prix d'achat qui tournent autour de 5000 euros le mètre carré . Il n'y a pas de cadre sur l'île ni moyen ni supérieur ».

Ce petit morceau de terre qui s'étend sur 3,5 kilomètres seulement attire notamment les retraités grâce à sa qualité de vie. « La vue sur mer rend fou les nouveaux arrivants. Ils sont prêts à mettre des sommes folles pour acquérir une maison en bord de mer », ajoute Nicolas Seité. « Les maisons ici ne sont jamais mises en vente en agence. Elles sont vendues comme ça, sans affichage, via le bouche-à-oreille », alerte-t-il. Les acquéreurs achètent même parfois sans visiter, à partir d'une simple photo, selon le maire. Le guide, natif de l'île de Batz, affirme que les Iliens se voient contraints de louer des biens aux «étrangers» qui ont acheté des logements sur l'île. Certains ne parviennent même plus à se loger. De plus, même si les locations saisonnières de type Airbnb se pratiquent dans moins de 10 maisons à ce jour, elles vont croissant.

Une location pour 6 euros le mètre carré

Pour faire face à cette pénurie de logements pour les locaux, le maire de l'île de Batz a trouvé une solution inédite. L'élu Horizons tente de persuader les propriétaires de résidences secondaires de louer à la mairie leur bien à l'année, au prix du marché. Puis il sous-loue ce bien à des familles qui s'installent sur l'île, à un tarif social, de l'ordre de 6,50 euros le mètre carré, soit 455 € pour un 70 m² par exemple. Un moyen « d'amener de nouvelles familles avec enfants sur l'île », affirme-t-il alors que Batz a failli perdre l'une des deux classes de l'unique école élémentaire par manque d'élèves. Aujourd'hui, l'île compte 18 élèves mais à partir de 15, l'école est menacée de fermeture. « J'ai fait l'agent immobilier en contactant une famille qui attend son troisième enfant et qui a déjà vécu sur l'île autrefois. Elle souhaite revenir ici et en l'espace de deux semaines, je lui ai trouvé une résidence secondaire à louer et un contrat de travail, pour l'un en restauration et pour l'autre dans le social », s'enthousiasme le maire.

Nul besoin de dénicher une trentaine de logements à louer aux yeux de la mairie. Une petite dizaine suffirait pour maintenir l'école ouverte et pour loger les travailleurs, « une solution importante pour l'économie locale », selon le maire. « Nous-mêmes en arrivant sur l'île, nous avons connu ces difficultés de logement . Nous ne pouvions qu'être sensibles à la proposition faite par la mairie », témoignent anonymement les propriétaires d'un 98 m² situé au bout de l'île avec une imprenable vue sur mer. Après avoir vécu à Batz il y a une vingtaine d'années, ils sont repartis pour raisons professionnelles et ont décidé de louer leur maison à la semaine via l'office de tourisme. « Quand je les ai approchés, ils ont compris la nécessité de trouver une solution pour les familles », se réjouit le maire. Ces particuliers espèrent que cette démarche « pourra susciter l'intérêt d'autres loueurs ». Pour le moment, seul ce couple a accepté l'offre de la mairie mais la municipalité est en pourparlers avec deux autres propriétaires.

Aucun risque d'impayés

Mais quel avantage pour les propriétaires de résidences secondaires qui ne pourront donc plus occuper leur maison de vacances? « La mairie est locataire du bien. Les propriétaires n'ont donc aucun risque d'impayés. En cas de problème lors de la restitution du logement, l'assurance de la mairie couvre la remise en état du bien », assure Eric Grall. Pour la commune, l'effort financier est conséquent et le loyer payé par la mairie est plus élevé que la somme réglée par la famille qui s'installe sur l'île. « Avec la nouvelle loi de finance votée pour 2023, l'État a accepté d'étendre le nombre de communes classées en zones tendues . Je pense que la Bretagne va rentrer dans ce classement et ainsi, nous aurons la possibilité d'augmenter la taxe d'habitation sur les résidences secondaires, autour de 10 à 20% ce qui aidera à financer des locations pour les jeunes actifs », espère l'édile.

Pour le moment, priorité est donnée aux familles avec enfants mais dès que les deux classes seront pérennisées, la mairie tentera de trouver des solutions pour les jeunes couples sans enfant. « Ce que nous voulons, c'est dire à des jeunes familles que c'est possible de vivre cette expérience insulaire à l'île de Batz à des prix raisonnables . Nous ne pouvons pas condamner les communes comme les nôtres à devenir des réserves pour les résidences secondaires », conclut le maire. Il prévoit aussi de construire 8 nouveaux HLM sur un terrain que la mairie a acquis récemment et travaille sur un projet d'accession à la propriété pour les jeunes, via un bail réel solidaire , qui dissocie le foncier du bâti. Les acheteurs sont propriétaires des murs mais louent le terrain à un prix défiant toute concurrence. Un dispositif suffisant pour loger les locaux? Affaire à suivre.

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