
Le camping : une solution face à la pénurie de logements ? - iStock.com - stanzi11
La crise du logement en France, un problème complexe et persistant
La Fondation Abbé Pierre - désormais rebaptisée Fondation pour le Logement des Défavorisés - alerte sur l’insuffisance, la précarité et la dégradation du parc de logements français depuis plusieurs décennies. Son premier rapport annuel sur l'état du mal-logement en France a été publié en 1995. Le 30e du nom vient d’être rendu public. Il indique que 350 000 personnes vivaient, en France, en 2024, sans domicile fixe. Que plus de 2,7 millions de ménages étaient en attente d'un logement social (un chiffre record !). Que plus de 19 000 ménages ont été expulsés.... Et que seuls 259 000 logements ont été mis en chantier en 2024, dont 82 000 logements sociaux, soit les pires chiffres enregistrés depuis 20 ans.
Du court séjour touristique, au camping résidentiel
Avec ses près de 7 600 parcs aménagés, le secteur du camping français est le plus fourni d’Europe. Conçus originellement pour abriter, sous une tente, des courts séjours touristiques, les campings ont peu a peu évolué au fil des décennies, pour devenir ce qu’il est convenu d’appeler dorénavant des « hôtels de plein air ». Ces établissements aux structures de plus en plus luxueuses, proposent des mobil-homes, des « habitations légères de loisirs » (HLL, souvent des chalets) ou des tentes aménagées. Ce virage a permis, à partir des années 80, de faire émerger le concept du « camping résidentiel », une formule qui autorise des séjours prolongés, sous réserve du respect des conditions suivantes : Ces hébergements permettent des durées d’occupation saisonnières ou temporaires, mais non permanentes. Ils ne peuvent donc pas être considérés comme des résidences principales ; Les installations doivent respecter les règles locales d'urbanisme, notamment en matière d'aménagement et d'intégration paysagère ; Les mobil-homes et HLL doivent rester démontables et transportables pour respecter leur statut légal ; Chaque camping doit disposer d’un règlement intérieur encadrant les droits et devoirs des résidents.
Une solution tentante pour pallier au « mal logement » ?
Beaucoup plus économiques (surtout lorsqu’il s’agit de campings municipaux) que les parcs locatifs traditionnels ; immédiatement disponibles sans contraintes administratives ; offrant un minimum de confort (notamment, l'accès à l'eau, l'électricité et des sanitaires), les campings représentent bien sûr une option de transition face au mal-logement. Certaines municipalités autorisent d’ailleurs l’installation de résidents en situation d’urgence, ou dans le cadre de projets sociaux. Ces décisions d’occupation à moyen ou long terme sont prises en dépit de la réglementation décrite précédemment. Elles font pour l’heure figure d’exception, et nécessitent une demande auprès des autorités locales et le respect des règles d'urbanisme. Gardons cependant en tête que le camping ne peut être une solution pérenne, car : Il ne permet pas de s'inscrire dans le droit commun du logement (résidence principale, aides au logement, domiciliation) ; Il ne garantit pas les droits fondamentaux du locataire (sécurité, stabilité, salubrité, protection juridique) ; Il reste une solution de court ou moyen terme, utile en transition ou en urgence, mais hors du champ du logement social au sens strict.
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