Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

Il a attendu 22 ans pour que sa maison inondée soit enfin démolie
information fournie par Le Figaro 10/02/2024 à 07:00

(Crédits photo : Unsplash - Gene Gallin  )

(Crédits photo : Unsplash - Gene Gallin )

Le propriétaire a reçu un avis d'expropriation en 2007 mais la maison touchée par la crue de 2002, ne sera démolie que cette année. Et ce n'est qu'alors qu'il touchera une indemnisation.

Alain vient d'apprendre que sa maison située au bord de la route de Montpellier va enfin être démolie . Vous avez bien lu, enfin. Il est rare que les propriétaires désirent la destruction du bien qui leur est cher. Ce souhait étonnant est lié au fait que sa maison, propriété familiale depuis 1856, a été inondée après la crue de 2002, jusqu'au plafond du premier niveau. La mère d'Alain, propriétaire de la société civile immobilière (SCI), a reçu un avis d'expropriation en 2007, soit 5 ans après la crue, mais la démolition n'a alors pas été enclenchée. Il aura fallu attendre 22 ans pour que celle-ci soit validée par l'État. L'argent de l'expropriation va être versé sur le compte bancaire de son avocate. Il aura ensuite un mois pour déménager et le premier coup de pioche pourra être donné.

Côté finances, la mère d'Alain n'était pas d'accord avec le montant proposé en 2007. Sept ans plus tard, elle reçoit un deuxième avis mais elle n'est toujours pas d'accord. La famille estime que la maison vaut 1 million d'euros quand l'État en propose 560.000. En 2022, un troisième avis est envoyé et reçoit l'aval d'Alain. Le montant proposé n'a pas été précisé cette fois. « Dans ces affaires d'expropriation, les délais sont souvent très longs et ici, clairement, le délai raisonnable n'est pas respecté », analyse Maître Alexia Combe, l'avocate d'Alain.

Après cette attente interminable, Alain, qui gère la SCI depuis le décès de sa mère, sort de ses gonds lorsqu'il entend le gouvernement promettre aux sinistrés du Pas-de-Calais dont les maisons ont été inondées que les biens très endommagés vont être rachetés rapidement par l'État . « Très bien, je suis pour le principe de raser tout de suite. Mais je veux juste témoigner que, pour moi, ça aura pris... 22 ans! », s'emporte-t-il.

Pas de mise en location possible à l'étage

Et pendant tout ce temps, Alain continue de payer la taxe foncière. La justice a estimé qu'il devait recevoir 8000 euros pour l'indemniser de ce préjudice mais cela n'a pas suffi à couvrir les frais. De plus, Alain ne pouvait pas installer des locataires, vu l'état du logement. « Nous avons bien sûr cessé de louer le rez-de-chaussée, mais ma mère, qui avait le même âge que les locataires de l'étage, n'a pas voulu les déloger. Elle a fait un peu de sentiment, mais ces personnes habitaient ici depuis toujours », confie-t-il à Midi Libre .

L'une des locataires est décédée en 2015 et l'autre est partie en Ehpad en 2022, après avoir vécu 38 ans dans cette maison. Alain ne recevait donc plus de revenus locatifs depuis ces deux départs. Les travaux d'amélioration ont d'ailleurs été suspendus durant cette période. De plus, « le préjudice moral de voir son bien toujours debout, mais en train de se dégrader et l'impossibilité pour les habitants expropriés de tourner la page, n'est jamais comptabilisé », comme le souligne l'avocate.

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer