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«Février sans supermarché», un mois pour sensibiliser aux circuits courts et soutenir les agriculteurs
information fournie par Le Figaro 30/01/2021 à 06:00

FIGARO DEMAIN - L'initiative qui démarre lundi et dont c'est la cinquième édition vise à modifier les habitudes des consommateurs en surfant sur leur engouement pour les produits locaux.

Pour la cinquième année consécutive, ce lundi démarrera l'opération « Un mois sans supermarché ». Cette initiative, lancée en 2017 par la journaliste suisse Leïla Rölli, fondatrice du site En Vert et Contre Tout, s'est inspirée de l'enquête participative « 100 jours sans supermarché » réalisée par notre consœur Mathilde Golla, alors journaliste au Figaro *.

Loin de s'apparenter à un boycott de la grande distribution, l'opération vise à sensibiliser aux alternatives: petits commerces de proximité, circuits courts, fermes et marchés. Et comme il n'est pas toujours simple de trouver seul les possibilités offertes près de chez soi, Leïla Rölli a commencé par lancer un groupe Facebook près de chez elle. L'idée étant que chacun des membres échange ses conseils, tuyaux et bonnes adresses. Depuis cinq ans, 80 groupes Facebook régionaux se sont créés petit à petit sur ce modèle et leur nombre ne cesse de croître, dans sept pays, francophones comme la Suisse, la France, la Belgique, le Luxembourg ou le Québec, mais aussi l'Espagne ou la Tunisie, touchant au total 50 000 membres.

Les circuits courts en passe d'atteindre 20% des ventes

L'opération surfe sur une tendance qui s'est déjà accélérée en 2020. Pendant le premier confinement, les Français ont plébiscité les circuits courts, au point que leur poids, évalué par l'Insee à 10% des ventes en 2010, serait en passe de franchir le cap des 20%, estime-t-on à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra). Les petits producteurs locaux, les achats à la ferme ou entretenir son propre potager ont fait l'objet du même engouement. Certains ont (re) découvert le plaisir des produits frais et de la cuisine maison, même si cela demande un peu de temps, que ce soit en ville ou à la campagne. Il n'est d'ailleurs pas anodin que le gouvernement ait annoncé mettre 30 millions d'euros sur la table, dans le cadre de son plan de relance, pour développer l'agriculture urbaine (13 millions de plus qu'auparavant) et les jardins partagés (17 millions).

La tendance de fond est là, comme l'ont constaté les sites de ventes en ligne de produits bio ou locaux, sortis grands gagnants de la crise sanitaire. Chez Aurore Market, qui vend exclusivement du bio à prix réduit sur adhésion (60 euros par mois), le nombre de commandes a doublé en 2020 comparé à l'année passée. À la Ruche qui dit oui, Laurent Marcoz, responsable d'une ruche du 9ème arrondissement de Paris, estime lui aussi que la fréquentation a doublé pendant le premier confinement, un chiffre comparable à celui des autres ruches qui ont pu alors ouvrir, la réception des produits se faisant dans un local de quartier. «Mais surtout, les producteurs qui ont réussi à réorganiser immédiatement leur logistique ont pour certains quadruplé leurs ventes, ce qui leur a donné une vraie bouffée d'oxygène. Ce qui est impressionnant, c'est la capacité de réaction et d'adaptation qu'a démontrée ce système de circuit court», constate ce dernier .

L'idée de cette opération est que chacun fasse ce qui est à sa portée près de chez soi, de façon à provoquer un effet de masse. Ne serait-ce que commencer par aller chercher son pain tous les jours à la boulangerie, ce qui ne coule pas de source pour tous les consommateurs de pain. Car en filigrane, c'est toute la filière agricole qui est en jeu. Alors que nombre d'exploitations sont au bord de la faillite, plutôt que vendre leur lait à perte, nombre d'agriculteurs se mettent à la vente directe. Ils se mutualisent et certaines collectivités locales ne manquent pas de mettre en place des places de marché pour les soutenir, comme Chambéry, Saint-Étienne ou tant d'autres. Le ministère de l'agriculture vient, pour sa part, en partenariat avec les chambres d'agriculture, de mettre en place voici deux semaines une plateforme nationale permettant de localiser les produits fermiers près de chez soi.

Une facture réduite de 10 à 12%

D'aucuns ne manqueront pas de faire remarquer qu'il est compliqué de se passer complètement des grandes surfaces et que multiplier le nombre de points de vente pour faire ses courses prend du temps. Leïla Rölli, pour sa part, se targue de gagner du temps en passant toutes ses commandes en ligne sur le même site. Le Comptoir local, La Ruche qui dit oui, Aurore Market ou La Fourche, pour ne citer que ceux-là, offrent en effet cette possibilité, même si tous n'ont pas une gamme assez large pour répondre à l'intégralité des besoins d'un foyer.

Quant aux détracteurs qui rétorqueront que tout le monde n'a pas les moyens de faire ses courses en dehors des supermarchés et hard discounters, Mathilde Golla, marraine de cette édition 2021, avait mis en évidence, lors de son enquête, que s'approvisionner en circuits courts permettait de réduire la facture de 10 à 12% en moyenne. Aurore Market met en avant, de son côté, une proposition d'adhésion gratuite sur critères sociaux. Le nombre de membres en ayant bénéficié est passé de 1300 à 2400 entre 2019 et 2020 (sur un total de 30 000 adhérents).

*L'expérience a donné lieu à un livre, « 100 jours sans supermarché, Le premier guide des circuits courts », publié en 2018 aux éditions Flammarion.

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