Cet ensemble de 26 logements répartis en deux immeubles construits à Lille en 2021 n’a jamais été habitable après diverses défaillances. Il sera finalement reconstruit à l’identique.
Alors que la crise du logement est toujours sévère et qu’il est plus difficile que jamais de construire, cette affaire survenue à Lille apparaît comme un immense gâchis. Depuis près de trois ans, un ensemble de deux bâtiments neufs totalisant 26 logements sur la rue Saint-Bernard, en bordure de Wazemmes est laissé à l’abandon et se dégrade doucement. Et pour cause, ce projet commandé par le bailleur social Partenord Habitat pour un investissement de près de 3,6 millions d’euros n’a jamais reçu le moindre locataire depuis sa livraison partielle fin janvier 2021. Il faut dire que les diagnostics de sécurité menés sur place ont conclu que l’immeuble était inhabitable.
Comment a-t-on pu en arriver là? C’est le quotidien La Voix du Nord qui détaille la descente aux enfers de ce chantier qui peut rappeler les galères que traversent actuellement certains acheteurs particuliers dans le neuf . Le bailleur social achète ainsi ce programme en VEFA (vente en l’état futur d’achèvement) et enchaîne les retards de livraison et les actes de vandalisme sur le chantier tandis que le promoteur responsable des travaux connaît des difficultés financières. Un seul des deux bâtiments sera véritablement livré, le promoteur se révélant incapable de répondre aux demandes de son client pour finir le chantier.
Faillites successives
La justice ordonne alors la livraison de ce second bâtiment que le bailleur social avait refusé, lui demandant de finir lui-même les travaux. «Nous avons voulu nous retourner contre le promoteur ou son assurance», confie un responsable de Partenord habitat à la Voix du Nord. Mais là encore cela se révèle impossible, les deux entités faisant faillite successivement. D’où cette solution ubuesque: tout démolir pour reconstruire à l’identique. Le bailleur social n’a en effet pas souhaité revenir sur le terrain judiciaire sachant qu’il estime les délais de procédure à 5 voire 6 ans sans aucune certitude sur le résultat.
Si les bâtiments devraient reprendre le même aspect, leur statut évoluera passant de logement social classique à l’origine à logement intermédiaire avec des loyers et des plafonds de ressources des locataires plus élevés. Ironie de l’histoire, le projet s’inscrira dans le cadre du Pacte Lille Bas Carbone, prônant notamment la réutilisation des matériaux. Ici, ce sera d’autant plus facile que malgré quelques dégradations superficielles, tout est neuf...
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